Terre de feu

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Adama était un vieille homme tranquille. Il était né et avait grandi dans la Cité Ardente. Il n'avait jamais connu autre chose que la terre de ses ancêtres. Pour tout dire, il n'avait jamais dépassé le confins des Grandes Terres Arides. D'aussi loin qu'il se souvienne il avait toujours été commerçant, voyageant entre sa ville et les plaines sableuses pour négocier du jus de baies du désert avec les Aridiens, le peuple des dunes. Le jus de baies du désert était une denrée extrêmement apprécié par son peuple rien que pour son grand pouvoir hydratant. Le barbu était donc un brave homme, il avait vécut, avait aimé, il rêvait à travers ses parchemins et ses cartes, aspirant à la grande évasion sans jamais y prendre part. Voilà pourquoi il avait toujours été passionné par toutes les choses qui sortaient un peu du commun. Sa femme avait l'habitude de l'appeler "le marchandeur de babioles" et ça le faisait sourire, c'était un peu la vérité.

Du coup, quand il avait vu cette gamine au beau milieu du désert il avait de suite su que quelque chose clochait. Cependant, elle était un peu comme toutes ses babioles : une petite chose perdue. L'homme n'avait pas pu se résoudre à passer son chemin, même si au fond de lui même il savait que ça allait lui amener des ennuis. La gamine était sûrement arrivé par le biais d'un portail non officiel et elle serait très vite repéré par les instances supérieures, ce genre de magie ça ne passe pas inaperçu. Pour tout dire, elle avait même dû être repéré à la seconde même où elle avait passé ce fichu portail.  Adama n'était pas du genre curieux, la petite n'avait rien dis, il n'avait donc pas posé de question. D'ailleurs il lui semblait que cette jeune fille ne comprenait elle même pas grand chose à sa situation. S'il n'avait pas non plus questionné la petite brune c'était aussi parce qu'elle lui avait rappelé un bien mauvais souvenir.

Au vu de la réaction de la population dans la Cité Ardente, elle avait dû évoqué ce même souvenir à beaucoup de gens. Tous se souvenaient de cette brune au regard de glace qui avait mis leurs maisons et leurs pays à feu et à sang des années plus tôt. On oubliait difficilement ce genre de choses. Les mères racontaient l'histoire de cette femme dont le nom avait été banni à jamais à leurs enfants pour qu'ils n'oublient pas la douleur et les blessures du passé. La comparaison physique était la seule chose qui pouvait rapprocher Cassandra de cette femme car elle n'avait démontré rien d'autre que de l'incompréhension jusqu'à maintenant.

Amada, lui, n'avait pas été surpris lorsque les gardes de la Cité étaient venu les chercher. Il ne s'était pas débattu et il n'avait pas crié, à l'inverse de sa jeune compagne qui avait résisté comme un beau diable. Ils avaient été traînés à travers les rues de la ville sous les yeux des passants qui avaient détournés le regard, offusqués, en apercevant l'adolescente. Le vieille homme savait qu'il serait interrogé pour avoir introduis une inconnue et une possible menace dans la capitale. Il était prêt, après tout, il n'avait rien à se reprocher.  Le doute et la crainte se peignait sur le visage de la brune plus ils avançaient vers la tour centrale. Rares étaient les personnes qui étaient accueillis en ces lieux. En somme, les différentes royautés, les figures importantes de la société ou dans ce cas précis : les prisonniers. Ils n'auraient pas l'honneur de passer par la grande porte, mais au moins, le barbu pourrait se vanter d'avoir un jour foulé le sol d'une telle bâtisse.

La famille royale de son peuple vivait au sommet de cette tour, surplombant la ville et le désert tout entier. Le Roi était suffisamment vieux pour être le père de Adama. Il avait une fille, farouche guerrière âgée d'une vingtaines d'années qui avait plus d'une fois prouvée qu'elle serait une reine digne de ce nom lorsque le moment serait venu. La princesse était proche du peuple, contrairement à son père qui avait dû passer la majeure partie de sa vie enfermé dans sa tour. Adama n'était cependant pas homme de jugement, du coup il observa avec une certaine admiration les fondations même de la tour. Elle semblait encore plus impressionnante lorsqu'on était en son sein. La découverte fut de courte durée cependant car le vieil homme se retrouva bien vite escorté dans une cellule voisine à celle de la petite.

Cassandra n'avait pas cessé de faire savoir sa désapprobation face à la situation et Adama n'avait pas encore dis un seul mot, il s'assit tranquillement dans sa cellule. Lorsqu'elle fini par se calmer, une heure plus tard, le barbu se rapprocha des barreaux.

"T'inquiète po gamine, ils veulent juste nous poser deux trois questions" Fit-il calmement. "Je te l'ai dis, les inconnus ils aiment po ça ici, surtout quand ils débarquent comme toi"

"Ils pourraient au moins faire preuve de civisme, je ne suis pas un danger !" Cassie n'était pas le genre de personne à l'âme rebelle, cependant, elle n'aimait pas tout ce qui traitait à l'injustice. A vrai dire, elle détestait plus encore que Adama puisse avoir le moindres problèmes à cause d'elle.

"Pour tout t'dire gamine, ils ont jamais rencontrés quelqu'un comme toi"

"Quelqu'un comme moi ?" La brune fronça des sourcils.

"Une personne du vieux monde" Le vieil homme aurait tellement aimé avoir pris sa pipe avec lui, elle lui manquait déjà. "Aucuns enfants du vieux monde n'a traversé les barrières d'puis plusieurs générations déjà...t'es la première"

La première ? Cassandra aurait eut tant de questions à poser au barbu mais des bruits de pas se firent entendre. Elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant que les gardes ne viennent chercher Adama. La demoiselle se mordit la lèvre inférieure : pourvu que le vieille homme ne se retrouve pas dans une mauvaise situation par sa faute...Dans la pénombre de sa cellule, l'adolescente se mit à douter pendant quelques instants de pouvoir se sortir de cette mauvaise passe et de retrouver son frère.

Ties of bloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant