La rencontre

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Ce mercredi 12 janvier, un jeune garçon m'a assassiné sur un chemin parsemé de pierres rouge comme le sang, noires comme la peste. Samedi, à 16:30, j'irais rejoindre quelques membres de ma famille dans un cimetière ayant vue sur la mer et des pins au-dessus de notre tombe familiale. Je rejoindrais ces gravillons dorés et ces fleurs colorées, ainsi que les centaines de personnes ayant voulu, tout comme moi, résisté à cette infamie. Il m'est donc obligatoire de faire part de la façon dont la vie m'a été enlevée.
La veille, dans un village aménagé entièrement de pierre, sur un chemin goudronné près de la clinique moderne qui évoquait un certain contraste avec cette commune médiévale, je rencontrasse, à ce qui me paraissait être un démon, un enfant au visage terrifiant, grisé par la monotonie et où l'on ne percevait aucune âme, ni même celle d'un misérable. Ce petit paraissait avoir vécu les plus grands évènements de l'histoire mais gardait tout autant une forme physique fragilisée : squelettique, ayant une taille équivalente à un enfant de quatre ans, les joues creusées accentuées par ces cheveux gras non-entretenus depuis une éternité, collés à son visage amaigri. Ses yeux noirs aux reflets rouges reflétaient les flammes de l'Enfer. Son torse nu, n'ayant jamais vu la lumière du jour, apportait un sentiment de crainte à toutes personnes qui croisaient son regard. Ses jambes tremblantes étaient recouvertes d'un fin pantalon usé par le temps.
Je le dévisageais, et le vit se retourner lentement vers moi. D'un regard, le monde avait disparu. L'agonie et la mort régnaient alors sur l'univers. La vie était enlevée à tout être vivant. D'un murmure raisonnant dans les ténèbres, ce qui semblait être un diable enfantin s'exclama :
- La mort n'est-elle pas meilleure quand elle est déclenchée ?
Son regard était perdu dans l'immortalité.
- Que dis-tu ? Lui répondis-je.
Il s'approcha avec une démarche spirituelle. Il n'avait pas l'âme d'un enfant. Il n'était pas un enfant. D'une voix rauque, il répliqua :
- La vie est courte tout comme la douloureuse mort qui vous attends.
Son comportement était particulièrement inquiétant.
- Que veux-tu dire ? D'où viens-tu ?
Les yeux dans le vide, plein de haine il répondit à mon interrogation.
- Je viens d'un lieu où les chats gisent, clairsemés d'un sang noir, aux portes d'une ville dans laquelle les hommes sont cadavériques, les femmes édentées, où le délire est roi, et les enfants marchant, tout comme moi, dans les chemins pénibles de la mort.
J'entamais alors la conversation en attendant la venue de ses parents.
- Quel âge as-tu ?
- J'ai vu soixante-cinq générations avant vous. Elles finissaient toutes frappés en plein ventre après mon passage.
Voyant alors l'arrivée de ses parents de plus en plus tardive, je le questionnai au sujet de ses tuteurs.
- Où sont tes parents ?
- Mon père, Lucifer, craint par tout mortels, m'a envoyé sur Terre pour contribuer avec ma mère, à la chevelure rougeoyante comme le feu, à amener misère et mort.
Je pris donc l'initiative d'appeler des secours. Je sortis mon téléphone quand j'entendis un cri horrible, semblable à un chat enragé. Je sentis donc une montée de température dans mon corps affaibli, insurmontable, voyant des monstres près de moi, bras grands ouverts, essayant de m'attraper. Il n'était plus question de résistance. J'eu des nausées et ces choses étranges que j'avais vus quelques minutes auparavant sur cet enfant infecté. Le mot « résister » avait alors disparu à jamais de ma mémoire. La peste était venue à moi. J'étais perdu.

Quand la peste me souritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant