Sous la Lueur de la Lune le Soir

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L'air porte l'odeur du feu.

L'air a toujours porté l'odeur du feu.

Surtout depuis l'incendie qui m'a prit mon frère, ma sœur et mes deux parents.

Le paysage défile à toute vitesse sur l'autoroute.

Paris ne va pas me manquer. Ni pour ses rues, ni pour les personnes qui y vivent.

J'y faisait des allers et retours toutes les semaines depuis un mois. Maintenant c'est fini.

J'emménage enfin.

Malgré tout, ma vie ne va pas changer radicalement. Juste un nouveau lieu de vie.

Pas de personnes à qui s'attacher.

Je suis allé chercher mes dernières affaires. Ma "famille"adoptive a cherché à me redonner le sourire pendant 7 ans, en vain évidemment.

Je n'ai plus souris depuis.

Je mets la clé dans la serrure et entre chez moi. Je range les derniers vêtements dans mon placard. Je surfe un peu sur Internet jusqu'à la tombée de la nuit. L'étouffante chaleur de l'été me frappe dès l'ouverture de l'entrée.

Dès le mois dernier, j'ai commencé à visiter la ville. Je ne suis guère allé loin. Mon lieu préféré est un parc avec quelques bancs.

En prenant son chemin, je ne peux m'empêcher de comparer les structures au bord du trottoir aux barrières bien plus utiles de mon enfance.

Ces premières sont des boules de béton, ancrées dans le sol, ne servant qu'à faire trébucher les personnes têtes en l'air. Je relève la tête, arrivé à destination.

Une fille d'à peu près mon âge saute de l'une de ces balles.

Mais sa chute est trop douce, la jeune femme flotte presque. Elle est d'autant plus étrange qu'elle porte une robe blanche et a de longs cheveux si clairs et si légers qu'ils paraissent n'être que nuages.

Elle se tourne vers moi, surprise, puis s'approche.

Bonjour, hasarde-t-elle.

-Bon... jour...

Un sourire illumine son visage.

《Tu es nouveau, c'est ça ?dit-elle enjouée.

J'hoche la tête.

Tu dois avoir à peu près 19 ans. Et il me semble que tu vas à la Fac de littérature. En fait, je t'observe depuis quelques jours.

-Tout est exact, malgré le dernier détail que je n'avais pas remarqué.

En effet, je suis étudiant en lettres à l'école située à quelques kilomètres de là.

《C'est normal, je ne fais jamais au-cun-bruit, réplique-t-elle d'un ton fier, mais c'est parce que tu ne pouvais pas me voir avant. Parce que tu avais des personnes autour de toi. Maintenant que tu n'as plus personne, je ne sais pas pourquoi mais tu as la capacité de me voir. Mais tu m'avais attiré l'œil depuis bieeeeen longtemps.》

Je garde un visage impassible, mais à l'intérieur c'est le bordel.

Et ce qu'elle ajoute n'arrange rien :

Un petit détail pour t'aider : je suis morte.

Ce "petit détail" fait exploser les mécanismes de réflexion dans ma tête.

Q-quoi? lâché-je, abasourdi. Mais euh...

Elle me coupe, un œil fermé, avec un doigt sur ma bouche.

OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant