Chapitre 1

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Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi quelqu'un a décidé de donner un nom en particulier à une action ou un objet? Moi, je me suis déjà posé la question. Surtout pour un mot en particulier : tuer. J'en suis venu à la conclusion que c'était parce que ça sonne doux à nos oreilles, mais aussi car l'entente de ces quatre lettres nous procure un bien fou, comme lorsque l'on effectue cette action. J'ai découvert la sensation que ça nous procurait il y a quelques mois, c'était totalement accidentel, mais j'ai adoré ça.

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3 novembre 2015, 22h54

Je me promène dans les rues sombres de Seattle, c'était désert. Quoique quand nous sommes mardi soir et que les Mariners jouent, c'est tout à fait normal, même si l'on se situe dans la plus grande ville de l'état.

J'aime le fait de marcher seul, contrairement à la majorité de la population. Je ne suis pas un garçon de groupe, je suis plutôt du genre solitaire. S'il y une fête où l'on trouve de l'alcool et un tas de truc pas très légaux, vous allez me trouvez au parc, profitant du fait que la majorité du quartier soit allé se bourrer la gueule de vodka, de drogue. Bref, tout ce que les ados normaux de 17 ans veulent, moi, je m'en passe.

Je passe devant une ruelle sombre et qui dégage une odeur assez nauséabonde quand j'entends des sanglots. Curieux comme je suis, je ne peux m'empêcher d'aller y jeter un coup d'œil pour en savoir plus. J'avance doucement, pour être sûr de ne pas trébucher. Je ne sors pas mon téléphone cellulaire, étant donné que je ne veux pas attirer l'attention de la personne peinée. Malheureusement pour moi, je m'accroche les pieds dans un tas de déchets qui traînaient sur le sol.

- Qui est là, demande l'étranger en essayant de cacher le fait qu'il pleure.

- Je suis désolé, dis-je en m'avançant pour pouvoir distinguer son visage, je ne voulais pas vous effrayer.

Je fais quelque pas et m'arrête pour pouvoir mieux examiner les traits de sa figure. Il doit avoir environ 25 ans et disons qu'il ne doit pas être le président d'une grande compagnie. Il a plus l'allure d'un motard avec sa barbe, ses dents manquantes et ses bras tatoués.

- Tu es là pour l'argent, c'est ça, dit-il en me sortant de mes pensées.

- Non, pas du tout, je n'ai aucune idée de quel argent tu parles.

- Bien sûr, tu me prends pour qui, dit-il en devenant de plus en plus agressif.

- Calme-toi, pouvons-nous discuter tranquillement sans s'entretuer?

- Non, dit l'homme en se jetant sur moi.

Je n'ai même pas le temps de faire un mouvement que je suis plaqué sur le mur. Je sens quelque chose de froid sur ma gorge. Une lame. Je fais un mouvement et je suis mort.

- Garde ton calme, nous ne sommes pas obligé d'en arriver là, dis-je d'une voix tremblotante.

- Si je te tue maintenant, ça leur fera peur et ils ne viendront plus jamais me déranger, chuchote-t-il pour lui-même.

- Mais de qui parles-tu?

- Ah, mais ferme ta bouche, cria-t-il en mettant plus de pression sur la lame collée à mon cou.

Il ne stoppe pas la force qu'il exerce sur son arme blanche. C'est lorsque je sens une déchirure au niveau de la peau de mon cou que je perds mon sang froid. J'utilise toute la force que j'ai pour réussir à me décoller du mur de brique. Nous roulons sur le sol. Je parviens à être au-dessus de lui. Il essaye de m'enfoncer le métal dans la poitrine, mais j'empoigne son poignet avant que son canif ne m'atteigne. N'ayant plus aucun contrôle, le seul réflexe que j'ai est de lui enfoncer la lame de métal dans le thorax. Son chandail autrefois blanc est maintenant rouge. Il y a du sang partout. Je reste immobile, fasciné par le spectacle qui s'offre à moi. Le pauvre homme est en train de vivre ses dernières secondes. Il me regarde, espérant que je fasse quelque chose pour le sauver, mais je suis trop obnubilé par ce que je vois. Trop pris par mon admiration, je ne remarque pas qu'il essaie de m'attraper le bras, mais la mort l'emporte avant qu'il ne parvienne à faire quoique ce soit. Je vois sa poitrine monter et descendre pour une dernière fois. Je retire le couteau de son emplacement. Je dois le garder, il m'a aidé à réaliser mon premier chef d'œuvre. Je me lève et laisse le corps tel qu'il est. Je m'apprête à partir lorsque je reviens sur mes pas, fouille dans les poches du mort et prend son permis de conduire. Steve Anderson. Eh bien, heureux de t'avoir connu Steve.

Je sors de la ruelle. La rue n'est pas plus peuplée que lorsque j'y suis entré. Je fais le chemin jusqu'à chez moi. Je rentre dans mon appartement, enlève mes souliers et me couche dans mon lit sans me changer. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Je veux retrouver ce sentiment de bien-être. Je regarde la lame qui trône sur ma table de chevet, je n'aurais jamais pensé, en me levant ce matin, que j'aurais accompli un tel acte. Plus je pense à ce qu'il s'est passé dans cette ruelle, plus je me dit que si l'homme de tout à l'heure serait encore vivant, il me remercierait, parce que je l'ai sorti de cette misère sans qu'il n'ait quelque chose à faire. Donc, je ne l'ai pas tué, je l'ai aidé. C'est ça que je veux faire dans la vie, je veux aider les gens, mais à ma façon.

Painkiller | l.h.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant