Chapitre 2

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L'école, pourquoi faut-il vraiment que quelqu'un ai pensé à inventer ce lieu où des adultes passent leurs journées entières à nous bourrer le cerveau de choses inutiles? Je finis bientôt le lycée, mais je ne sais toujours pas en quoi aller étudier à l'université. Est-ce que ça existe les cours de tuerie avec comme cours supplémentaires décapitation et maniement d'arme? Le jour où ces choix de cours seront inventés sera le plus beau jour de ma vie.

- Monsieur Hemmings? dit ma professeure d'histoire en me sortant de mes pensées.

- Oui, désolé madame, je réfléchissais.

- Je vois bien ça, pouvez-vous me dire en quelle année a été assassiné John F. Kennedy?

- Euh, je dirais en 1842, dis-je, peu convaincu de ma réponse.

- Kathleen, fait mon enseignante en s'adressant à la personne que je déteste le plus sur cette terre, pourrais-tu nous donner la bonne réponse s'il te plaît?

- Bien sûr madame, John Fitzgerald Kennedy est décédé d'une balle dans la tête le 22 novembre 1963 alors qu'il effectuait une visite pré-électorale à Dallas, dit-elle en se retournant vers moi avec un sourire moqueur aux lèvres.

Si ça serait possible d'avoir des pistolets à la place des yeux, cette fille serait enterrée six pieds sous terre depuis 5 ans. À notre arrivée dans cette école, elle s'est donné comme objectif de me faire suer le plus possible. Que ce soit par les rumeurs qu'elle a lancée à mon propos, ou les bestioles qu'elle cachait dans mon casier pendant les pauses.

- Vous devriez prendre exemple sur votre camarade Lucas, me dit la vieille chipie qui me sert d'enseignante.

- Ça c'est si je ne l'ai pas supprimée avant, marmonnais-je dans ma barbe.

- Pardon, qu'avez-vous dit? Je n'ai pas compris.

- Je disais que j'écouterai ses conseils avec plaisir, dis-je avec un sourire faux accroché au visage.

- N'oubliez pas que je peux vous faire renvoyer de notre lycée très facilement. D'ailleurs, je ne sais pas ce qui vous retient ici. Lorsque je regarde vos notes, je me dis que ce n'est sûrement pas à cause de celles-ci.

À vrai dire, moi non plus je ne sais pas ce qui me retient dans cette école, mes notes sont merdiques, je n'ai aucun ami et je ne fais partie d'aucune équipe sportive. Le lycée complet me prend pour le gars étrange qui écoute de la musique trop forte et qui porte des vêtements trop noirs. En vérité, je suis un jeune adulte timide qui aime mieux écouter du Green Day et du ACDC en portant des chemises à carreaux et des Doc Martens plutôt que de passer mon temps à manquer de respect envers les femmes en ne regardant que leur corps, sans me préoccuper de leurs sentiments et à déjà les imaginer dans mon lit.

Les femmes sont humaines, peu importe leur apparence physique. La seule façon de juger une femme et de la détester est sa façon de penser. C'est pourquoi j'ai le goût de mettre fin aux jours de Kathleen, cette fille est belle certes, mais elle est vantarde, hautaine et elle prend ceux qui ne portent pas des vêtements de marque pour des bons à rien.

La cloche sonne, me sortant de mes pensées. Je range mes livres d'histoire dans mon sac et, contrairement aux autres élèves, je n'attends personne à la sortie et me contente d'aller chercher le sac contenant le lunch que j'ai confectionné ce matin. Après être passé par mon casier, je me rends à l'extérieur où j'ai plus de chance d'être tranquille que si je reste seul à une table dans la cafétéria. J'essaye de ne pas faire attention aux regards que me lancent ceux qui sont venu dehors pour éviter la cacophonie de la cafétéria. Contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, les chuchotements que j'entends lorsque je passe dans les couloirs et les regards qui se posent sur moi constamment m'affectent, je les ignore le plus que je peux, mais parfois ils sont si blessants que je frôle la perte de contrôle. Si je perds la maîtrise de moi-même, des personnes pourraient ne pas revenir pour le souper à la maison ce soir. En ce moment, je rêve de pouvoir transformer leurs regards méprisants en regards apeurés, je rêve d'enfoncer une lame dans leur torse et de la tourner, juste pour voir la souffrance dans leurs yeux et les entendre me supplier de mettre fin à leurs jours alors que c'est eux qui tente de me pousser à en finir avec les miens.

- Tu n'as pas pensé à rester chez toi, ça aurait pu éviter la pollution visuelle que tu crées, dit un garçon ayant du temps et de la salive à perdre.

- Va manger dans les toilettes, elle est là ta place, dit un autre.

Après toutes ces années à être bombardé de commentaires désobligeants à mon égard, j'ai appris à les ignorer, c'est un peu comme si, avec le temps, une carapace s'était formé autour de moi. Plus ils lancent des insultes, plus ma coquille se solidifie.

Je finis de manger ce qu'il y avait dans mon sac et me demande ce que je peux faire. Pourquoi ne pas sécher les cours et me promener dans la ville? Après tout, en faisant ça, je ne dérange personne. Je me lève et me dirige vers la sortie de la cour d'école. Les surveillants étant tous en période de dîner, je m'éclipse sans aucune difficulté.

Quelques minutes plus tard, je me promène dans les rues de Seattle, observant les différents commerces qui ne sont pas très achalandés en ce mercredi après-midi. Seuls les petits cafés sont plus agités étant donné que la plupart des travailleurs du centre-ville sont sur leur heure de lunch.

Je décide de rentrer dans un petit bistro qui a l'air bien chaleureux. Je m'avance vers le comptoir où se trouve une adolescente au sourire chaleureux.

- Bonjour, me dit-elle, que puis-je vous servir?

- Je vais vous prendre un café s'il vous plaît.

- D'accord, qu'est-ce que je mets dedans.

- Rien, je le prends noir.

- Très bien, allez-vous asseoir, quelqu'un va aller le porter à votre table.

- Merci, bonne fin de journée.

Je me dirige vers une table qui est à l'écart des autres. Je pianote sur mon téléphone en attendant ma commande. Quelques minutes plus tard, une jeune fille à l'air maussade m'apporte mon café. Elle le dépose devant moi et, alors qu'elle s'apprête à partir, je lui retiens le poignet.

- Mais qu'est-ce qui te prends, lâche-moi, dit-elle.

- Assieds-toi.

- Non, tu es fou, je suis en train de travailler et, en plus, je ne te connais même pas.

- Allez, le restaurant est vide, c'est soit ça ou tu vas laver les toilettes, tu as le choix.

- Bon, d'accord, dit-elle en s'assoyant sur la chaise en face de moi.

Elle me regarde d'un air interrogateur, elle se demande surement pourquoi je l'ai pratiquement forcée à s'asseoir.

- Qu'est-ce qui ne va pas?

- Pardon? Mais je vais très bien, dit-elle.

- Je vois dans ton visage que tu as pleuré et que, dès que je t'aurai laissée tranquille, tu retourneras verser des larmes dans les toilettes.

- J'ai rompu avec mon petit copain la semaine dernière et je ne m'en suis toujours pas remis.

- Est-ce que tu l'aimais?

- Oui, bien sûr que je l'aimais. J'étais convaincue que c'était l'homme de ma vie.

- Dans ce cas, pourquoi avez-vous rompu?

- Il m'a trompé.

- Oh, je vois.

- Je ne sais plus quoi faire, je ne dors même plus la nuit, l'image de lui avec l'autre fille ne fait que hanter mes pensées.

- Eh bien, Lindsay, dis-je en regardant le badge accroché à son chandail, si tu es libre après ton travail, on pourrait aller marcher ensemble et discuter.

- Pour quoi faire?

- Pour apprendre à se connaître.

Elle me regarde pendant une trentaine de secondes.

- D'accord, après tout, ça n'a jamais tué personne de faire des nouvelles rencontres.

- Non, bien sûr que non.

Painkiller | l.h.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant