Maison des Campbell, lundi 17 août, 7h10.
« My lover's got humour
She's the giggle at a funeral
Knows everybody's disapproval
I should've worshipped her sooner
If the heavens ever did speak
She's the last true mouthpiece
Every Sunday's getting more bleak
A fresh poison each week... »
La musique envahit ma chambre.
- Beth ! Lève toi !
- Oui, j'arrive !
La même routine que chaque jour. Je me lève en vitesse, file à la douche, enfile un jean, et mon gros pull. Je dévale les escaliers, embrasse le sommet du crâne de Jake, mon petit frère, passe ma main contre le dos de Luke, mon grand frère, saisis mon téléphone et mes écouteurs, et grimpe dans la voiture, attendant maman.
Quand j'étais bien plus petite, j'adorais aller à l'école. Maman partait à l'aube, et papa me faisait des tresses, et il m'emmenait à l'école. Après... Après, tout a changé. Il y a eu l'accident.
Lycée, lundi 17 août, 8h05.
- Beth ? Hého ! On est arrivées !
- Oh ... ? Merci. 'Ce soir !
- Passe une bonne journée, la puce.
- Toi aussi Luke !
J'ajuste les manches de mon pull, et descends de la voiture. Je me mêle à cette foule de gens qui se retrouvent à peine et déjà colportent mille et une rumeurs sur de pauvres innocents. L'adolescent est un être d'une rare cruauté.
De Inconnu, à 8h11.
Hey, honey !
Hein ? C'était quoi ce message là ? On dirait un violeur, ou une mauvaise fiction pour ados pré-pubères.
De Inconnu, à 8h14.
Tu me manques depuis hier soir...
A Inconnu, à 8h15.
Je ne suis pas celle que vous croyez.
Quelle conne ! « Je ne suis pas celle que vous croyez. » ! On n'a jamais vu plus ringard ! Même le mot ringard était d'une ringardise effarante. Comme je m'enfonce...
De Inconnu, à 8h15.
Tu es bien Beth ? Je sais bien que tu l'es.
Si tu sais qui je suis pourquoi tu poses la question, connard ?
A Inconnu, à 8h15.
Qui êtes-vous ?
De Inconnu, à 8h16.
Visiblement, quelqu'un que tu ne connais pas. xd
A Inconnu, à 8h16.
Je ne trouve pas ça très drôle. Au revoir.
De Inconnu, à 8h16.
Beth ! Attends ! Arrête de te renfermer sur toi-même comme ça !
A Inconnu, à 8h17.
Je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez.
- Mademoiselle Campbell ? A vous de lire votre texte. Et les autres prenez-en de la graine.
La voix de mon prof de littérature retentit. Il me considère comme la meilleure élève de la classe, il a le don de m'exaspérer, comme si j'avais besoin que les autres me pointent du doigt pour être la « petite protégée » du prof. Je lève les yeux au ciel et commence à lire. Ma tête me fait souffrir depuis quelques temps.
« Vous dîtes que nous sommes une génération qui se dégrade. Vous dîtes que nous n'avons que peu d'avenir. Vous le dîtes tous. Vous, les grands. Vous, la génération plus raisonnable. Mais... Nous ne faisons que récupérer ce que nous avons. Nous n'avons inventé ni l'alcool, ni les pétards, ni le sexe, ni la haine, ni la victimisation.
Nous n'avons pas inventé la religion, ni les problèmes que cela entraîne. Nous n'avons pas inventé Internet. Nous n'avons inventé ni Facaebook, ni Twitter, Ni Ask. Nous ne naissons ni racistes, ni nazis, ni agoraphobes. Nous naissons juste dans votre monde. Vous nous avez appris à être tout cela.
C'est à cause de vous que nous sommes ce que nous sommes. Nous rendrons les prochaines générations meilleures. Nous ferons ce que vous n'avez pas fait.
Vous connaissez cette sensation, quand on a l'impression de faire tout de travers ? Quand vous avez l'impression que tout le monde comprend vos erreurs mais pas vous ? Cette solitude que ... »
Infirmerie, lundi 17 août, 11h25.
- Beth ? Ca va ?
- Hein ? Où je suis là ?
- A l'infirmerie. Tu t'es évanouie en cours ! Qu'as-tu mangé ce matin ?
- Pas grand chose... J'ai juste pris un verre de lait, mentis-je.
- Comment ?! Mais ce n'est pas suffisant !
- Je sais bien... Je n'avais pas très faim ce matin...
- Tu es toute mince ! Tu devrais plus te nourrir !
Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Toute mince ?
- Oui, je vous promets de faire un effort Madame Gotham.
- Bien. Oh, la cloche. Eh bien, tu peux aller manger !
- Merci !
Je me lève non sans quelques difficultés, attrape mon sac et me dirige vers la cafétéria.
- Hm..., fait une voix derrière moi.
Je me retourne. Un garçon me regarde. Il me dit quelque chose... Je ne sais pas s'il est gêné ou s'il n'a même pas envie de m'adresser la parole. Il est grand, beau, brun. Ouh.
- Euh... C'est à moi que tu parles ? je demande doucement.
- Oui... Oui, tu es bien Elizabeth ?
- Beth, le repris-je automatiquement.
- Pardon, Beth, dit-il. Monsieur Ezra m'a demandé de te donner ça.
Il me tend un papier plié en deux.
- Tu serais pas un pote de Luke, par hasard ?
- Si. Moi, c'est Matt Jones.
- Enchantée. Au revoir, dis-je en m'en allant rapidement.
Merde, j'aurai pas du être si brusque avec lui.
Cafétéria, lundi 17 août, 12h38.
C'est la première fois depuis la seconde que je remets les pieds à la cafétéria, c'est tellement bizarre ! Je prends un plateau, que je remplis - au hasard. Je m'assois seule à une table. Je saisis mon téléphone, pour me donner l'air de faire quelque chose. J'en profite pour regarder si j'ai des messages du mystérieux inconnu.
De Inconnu, à 8h18.
Sinon, quand tu discutes un peu ça donne quoi ?
Mais... Qui ça peut être ? Et puis, merde ! Je n'ai personne d'autre à qui parler, et cet inconnu se lassera bien assez tôt de moi. C'est certain.
A Inconnu, à 12h41.
Et bien... Je ne sais pas. Si tu me disais ton nom ?
De Inconnu, à 12h42.
Si tu m'appelais ... Tom ?
A Inconnu, à 12h43.
J'aurais préféré ton vrai nom !
De « Tom », à 12h43.
On a pas toujours ce qu'on veut dans la vie, Beth ! Et si tu me disais pourquoi tu es tout le temps seule ?
A « Tom », à 12h44.
Comment tu sais ça ?
De « Tom », à 12h45.
On ne t'a jamais dit que c'est malpoli de répondre à une question par une autre ?
A « Tom », à 12h46.
Pardon.
De « Tom », à 12h46.
Réponds-moi donc !
A « Tom », à 12h47.
Je n'ai pas d'amis. Je suppose que les gens ne me trouvent pas suffisamment intéressante.
De « Tom », à 12h47.
Oh... Je vois. Mais leur as-tu déjà laissé l'occasion de te connaître ?
A « Tom », à 12h53.
A quoi ça sert ? Pour qu'ils me donnent leur amitié et la reprennent à tous moments. C'est ça ? On a pas le temps de voir ce qu'on a construit, de voir grandir les gens qu'on aime ? Il faudrait tout prévoir, tout préparer ? Dire à ses proches qu'on peut mourir demain, que rien n'arrive sans raisons et qu'on doit garder espoir quoi qu'il arrive ? Parce que l'espoir c'est nul. C'est ce truc, ce petit truc qui fait que tu continues à te lever le matin, à aller en cours, même quand tes parents sont morts, même quand rien ne va plus. On peut se remettre d'un truc pareil ? Est-ce que tu crois que j'ai envie de me remettre de tout ça ? Il faudrait que je continue à voir le monde comme d'habitude, à être heureuse ?
Je n'ai pas d'amis parce que je suis la fille bizarre qui a raté un mois de cours, et qui est revenu en pleurs. Après ça, personne ne voulait plus m'approcher.
J'ai cours.
De « Tom », à 12h53.
Tu as un ami maintenant.
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Salut ! Alors, juste un petit mot ! Cette histoire est déjà en ligne, mais j'ai décidé de la corriger, de changer des détails plus ou moins importants. J'essaierais de publier plus ou moins rapidement !
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Plein d'amour, ❤️.