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Ça fait deux ans que je suis caissière et c'est la première fois qu'un client le dit bonjour en m'appelant par mon prénom. C'est tellement rare de croisière des gens agréables.
En général, ils me regardent à peine,me considèrent comme indigne de leur politesse, quand ils ne me tombent pas dessus parce que je ne vais pas assez vite. Ceux qui d'un regard me font comprendre que je suis juste une caissière, ceux qui, sous prétexte que le client est roi, se croient tout permis, y comprit les remarques déplacées et sexistes. Ceux qui continuent à parler dans leur téléphone portable comme si je n'étais qu'une machine, attendant que le prix s'affiche sur le cadran de la caisse et la quittant sans un regard pour moi.
Mais j'ai appris à me défendre. Certaines collègues encaissent en silence, moi, je réponds, les gens ne se rendent pas compte. Ils n'ont qu'à prendre ma place. Ils ne tiendraient pas deux jours, dans le brouhaha, les courants d'air, à manipuler des articles lourds qu'il faut faire glisser jusque devant le scanner, en se tuant le dos, et en supportant le bruit répétitif du bip sonore. Et je ne parle pas de ce connard de Cholet qui nous prend pour du bétail.
Je lui ferais payer un jour. Et il le regrettera.
Quand Éden sera grand, quand il n'aura plus besoin de moi, je ne me laisserai plus faire. Et je serais enfin libre. J'en profiterais pour me venger de tous les salauds de la terre qui en font baver aux femmes, en pensant qu'elles leur sont soumises et corvéables à merci. Ils sont qui pour penser ça ?
Mais ce type aujourd'hui avait quelque chose dans le regard qui lui donnait l'air sincère et gentil. Je devrais pourtant me méfier. Je me suis fait avoir plus d'une fois. Bizarrement, j'ai senti qu'il était différent.
Déjà, il est vieux ! Pas comme les jeunes coqs qui, sous prétexte d'être dans la fleur de l'âge et un peu mignons, pensent qu'ils vont pouvoir sauter sur tout ce qui bouge.
Et puis, il état paumé comme s'il venait d'être débarqué d'une autre planète, avec son sachet de pôles mal étiqueté.
J'aimerais parfois y partir, justement, sur une autre planète. Une qui serait vierge de toutes les horreurs humaines, qui nous mènent droit au mur et font souffrir les trois quarts de l'humanité...

Parfois, dans la vie, on a le sentiment de croiser des gens du même univers que nous... Des extras-humains, différents des autres, qui vivent sur la même longueur d'onde, ok dans la même illusion.
C'était mon impression aujourd'hui...
Et ça fait du bien.

UNE SEMAINE PLUS TARD...

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 16, 2016 ⏰

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