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"Une vieille légende raconte que lorsque les cigales se mettent à pleurer, cela peut être signe soit d'un grand bonheur, soit d'une tragédie. "

Regardant au loin, dans le ciel si bleu de l'été, j'écoutai les sons qui m'entouraient. Tout mon corps était couché sur l'herbe verte, à contempler le paysage en cette chaude après-midi.
« - Bella! Arrête de flâner et viens nous aider ! »
Je me redressai et vis non loin de moi Sue, mon amie depuis la plus tendre enfance, et Izzy, une camarade de classe.
Nous avions décidé, avec plusieurs autres amis, de faire une petite fête puis d'aller camper a la lisière d'une forêt, et de se raconter quelques histoires d'horreur.
Je me levai, et allai les aider à monter les tentes, manœuvre désastreuse qui nous prit pas moins d'une heure, avant que nous nous déclarions forfait, et nous asseyions toutes les trois dans l'herbe fraîche.
« - Pfff, on aura jamais fini si ça continue comme ça! Les gens arrivent dans deux heures, et on a monté qu'une seule tente sur quatre! s'exclama Izzy. »
« - Tranquille, on va y arriver, il nous faudrait juste un peu de renfort, dit Sue en sortant son téléphone portable. »
Elle composa un numéro, qui décrocha au bout de quelques secondes.
« - Oui allo? Oui salut c'est Sue... Oui... Tu pourrais venir un peu plus tot? On arrive pas à monter les tentes... Oui ramène les autres aussi, à tout à l'heure!... Oui, moi aussi je t'aime. »
Elle raccrocha avec un grand sourire sur les lèvres.
« - Ouuuh, Madame demande à son Prince Charmant de venir à sa rescousse? C'est trop mignon! s'exclama Izzy avec joie. »
Je ne pus m'empêcher d'avoir un pincement au cœur en regardant Sue. Elle était vraiment magnifique, normal donc qu'elle ait un petit ami. Ses longs cheveux blonds retombaient en cascades sur ses épaules et s'arrêtaient à la hauteur de ses hanches. Ses grands yeux bleus comme l'azur vous scrutaient au plus profond de votre âme, et personne ne semblait pouvoir résister à son fascinant visage, si hypnotisant. Elle avait une silhouette parfaite, une taille extrêmement bien marquée, un magnifique port de tête, et surtout, une poitrine joliment dessinée à en tomber à la renverse.
« - Eh, Bella, pourquoi tu rougis? Tu penses encore à un gars, c'est ça? me dit Izzy, moqueuse. »
Je détournai rapidement la tête, gênée de m'être attardée si longtemps sur la poitrine de mon amie.
Devant ma réaction, les filles se mirent toutes les deux à rire, et je me joignis à elles pour couvrir ma gêne.
Quelques minutes plus tard, les garçons arrivèrent, et nous recommençâmes à monter les tentes, péniblement, en effet ils étaient tout aussi inaptes que nous a les construire, et nous n'arrivâmes pas à garder notre sérieux plus que quelques minutes, avant que cela tourne en séance de bataille d'eau.
Je pris pour cible Jason, un garçon qui était dans la même classe que la mienne, avec qui je m'entendais bien. Nous étions d'ailleurs assis à quelques tables l'un de l'autre et nous faisions souvent des compétitions et paris stupides, tels que celui qui engloutirait le plus vite 30 marshmallow, ou encore qui gagnerait au bras de fer. En bref, nous étions toujours en compétition pour tout.
J'étais en train de lui lancer de l'eau dessus lorsqu'il décida de s'écarter, ce fut donc un autre garçon qui se prit toute l'eau dessus.
« - Putain, tu m'as bousillé mon téléphone! Tu sais combien ça coûte un phone comme ça?! me cria-t-il en se levant. »
« - Excuse-moi, je l'ai vraiment pas fait exprès... dis-je timidement. »
Il partit, un air furieux gravé sur son visage.
« - Oh Bella, t'en fais pas, c'est juste Matt, un gars de la classe parallèle, je me demande bien ce qu'il fait la, je savais même pas qu'il avait des amis ici. »
Je regardai vers la direction ou ce garçon était parti. Il était agenouillé, une serviette à la main, en train d'essuyer son téléphone. Je l'observai plus en détails.
Sa peau légèrement mate contrastait avec l'objet qu'il tenait dans sa main. Ses yeux, plus inquiets qu'en colère, semblaient couver du regard ce qu'il regardait.
Son regard croisa le mien, et je tentai un petit sourire qui lui présentait mes excuses. Il détourna le regard après avoir levé les yeux au ciel.
Avec un petit soupir, je décidai de me rapprocher du petit groupe.
Sue, la taille enlacée par son petit ami, donnait les instructions pour la fin des préparatifs.
Je l'écoutai d'une oreille distraite tout en regardant le garçon de tout à l'heure, qui semblait fasciné par elle. Encore un. J'eus de nouveau un léger pincement au cœur. C'était toujours elle qui excitait la convoitise des autres, jamais moi. Je détournai le regard.
Une fois les instructions terminées, tout le monde alla s'affairer pour les derniers préparatifs, tandis que, aucune tâche ne m'ayant été assignée, je retournai me coucher dans l'herbe pour y regarder le ciel qui rougissait peu à peu. Je fermai les yeux pour profiter de la chaleur de cette soirée estivale. Le soleil couchant tapait sur ma peau blanche, et j'avais quelques espoirs de la voir bronzer un peu. Un espoir faible, car je restais été comme hiver aussi blanche que la neige.
« - Bella, on t'a déjà dit d'arrêter de flâner! Sinon on te vire! me railla Sue au loin. »
J'émis un petit soupir tandis que je me levais. Je n'avais absolument pas envie de faire quoi que ce soit, je voulais rester contempler ce ciel si beau.
Je rejoignis à contre cœur le petit groupe.
« - Bon, vu que t'as rien fichu jusqu'à maintenant, tu te chargeras d'aller chercher du bois dans la forêt avec Matt! s'écria Izzy, apparemment contente de pouvoir refiler le sale boulot à quelqu'un d'autre. »
Je soupirai. Génial. J'allais devoir me coltiner l'autre qui allait encore me reprocher d'avoir cassé son téléphone.
« - Je peux y aller seul, je n'ai pas besoin d'elle, elle va juste me ralentir. »
« - Tssss, c'est pas bien de critiquer, allez y plus vite que ça sinon vous ne dormez pas dans les tentes mais dehors! »
Avec un autre soupir, je pris mon sac et me dirigeai vers la forêt, décidée à en finir au plus vite avec cette tâche.
J'entendis alors la voix de Jason:
« - C'est bon j'y vais avec elle. Toi reste là si t'as pas les couilles d'y aller avec une fille, sale puceau. »
Je me retournai et écarquillai les yeux devant la violence de ses propos. Il ne se mettait jamais en colère normalement.
Jason me prit avec force par le bras et me tira en direction de la forêt. Ses doigts sur ma peau me faisaient mal, il serrait beaucoup trop fort.
« - Jason, tu peux me lâcher tu sais, je vais pas m'enfuir. »
Il retira sa main et détourna le regard.
Nous avançâmes encore un moment avant de trouver un endroit où nous pourrions prendre ce qu'il nous fallait.
Je commençai à me baisser pour récolter du bois, et manquai de trébucher sur un morceau de tronc.
« - C'est vrai que Matt avait raison, t'es totalement inutile, me dit Jason en me tirant la langue. »
Je m'approchai de lui et lui donnai un coup sur l'épaule. Il fit semblant d'avoir mal, puis se mit à rire.
« - Et en plus tu sais même pas frapper, qu'est ce que je vais faire de toi? »
Je voulus lui redonner un coup, mais il s'écarta et je tombai sur le sol.
Je partis dans un fou rire, et fut bientôt rejointe par Jason, qui dut s'asseoir par terre tellement des spasmes le secouaient. Nous nous mîmes dos à dos, afin de calmer nos derniers tremblements.
Quand nous nous fûmes apaisés, nous restâmes un moment dans cette position, sentant la chaleur de l'autre nous irradier.
« - Bon... On devrait quand même rejoindre les autres non? dis-je en me levant. »
Il se releva également et nous nous mîmes en quête de bois pour faire le feu.
Sur le chemin du retour, nous parlâmes de tout et de rien, nous chamaillant tantôt à propos de nos acteurs favoris, tantôt de la meilleure boisson alcoolisée à apporter en soirée.
Quand nous arrivâmes auprès des autres, je vis tout de suite leur regard moqueur se poser sur nous deux. Je décidai de les ignorer et allai poser le bois au centre d'un cercle que nous avions tracé avec des pierres.
Personne ne fit aucune remarque sur notre longue absence, mais leurs yeux disaient tout a leur place. Je surpris le regard de Matt, interrogateur, et je levai les yeux au ciel, signe que je n'avais aucune envie de parler de ça, et qu'il n'avait qu'à se faire sa propre opinion lui même. Je fus surprise de voir son regard se teinter de tristesse. Avec un énième soupir, je décidai de rejoindre le petit groupe, et le sourire carnassier d'Izzy m'annonçait qu'elle aurait des questions à me poser. Je soupirai à nouveau.

Lorsque les cigales pleurentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant