C'est dans une simple cabane de bois
Qui borde la rivière
Qu'un ermitte, dit-on, s'est installé.
Les rumeurs vont bon train, ma foi
Sur ce fameux mystère
Qui hâte les plus terrorisés.
Au pied d'un jeune bouleau
Un bon bougre à la barbe blanche
Des haillons négligés sur son dos
Peut-être un temps ranches.
Mais dans sa main, ni pelle ni hache
Seulement une plume et un calepin
Un Ermitte rustique, que je sache
N'écris tout simplement point.
Je me rendis donc, à travers les orties
Jusqu'à l'entrée de sa belle chaumière
La peur au ventre, j'avance sans bruit
Avant de toquer sur la porte de hêtre
La porte s'ouvrit dans un grincement
Et le mystique Ermitte m'accueilli
Il me dévisagea avec étonnement
Puis il me parla en ces mots vieillis
"Que me vaut donc l'honneur de votre visite ?
Jamais personne ne s'est aventuré si loin
Et depuis des années qu'ici j'habite
Tu es mon premier contact humain
N'ait pas peur, je ne suis donc pas méchant
Seule la passion effrénée des mots
M'a conduit dans ces bois, en dehors du temps
Afin de profiter d'un tant soit peu de repos
Viens donc avec moi partager mon repas
Tu m'as l'air ma foi fort sympathique
Je t'offre le gîte, reste tant que tu voudras
Tu ne trouveras jamais plus rustique "
Je lui demandais d'une voix étonnée
Quelles raisons l'avaient conduit ici
Son visage illuminé
Senblaient avoir attendu ces mots ci
"Vois-tu, je suis un poète depuis des temps vieux
Mais l'inspiration me faisait défaut
Alors j'ai parcouru mont et vaux
Pour m'installer en ces lieux
Allez, va mon enfant il est temps
Tu es vraiment très amical
Mais ne raconte pas ces moments
Gardons le mythe de l'ermitte du petit val"
