Désolé...

Chapitre 2 Le premier jour

Et voilà, le grand jour est arrivé. Après des mois d'attente, je vais enfin pouvoir débuter ma formation d'Assistant de Direction qui constitue une étape clé dans ma reconversion professionnelle. C'est donc parti pour 7 mois d'aller-retour quotidien entre Saint-Etienne et Vénissieux (soit 119 km/jour et 45 min lorsque la route est dégagée). L'idée de faire ce trajet est la seule crainte que je ressente à cet instant concernant ma formation. Pour arriver à 9 h 15 je pars donc à 7 h 45 pour pallier à tout bouchon sur la route et arriver en avance. Après un trajet de près de 55 minutes, arrivé sur le parking du centre de formation, je patiente un peu dans ma voiture puis me dirige vers l'accueil. Je me présente, et la personne chargée de m'orienter me dit de m'asseoir en attendant que ma formatrice vienne me chercher.

Après 10 minutes passées aux côtés d'un homme d'une quarantaine d'années, Marc, un monsieur d'une cinquantaine d'années, Jacques, vient nous chercher tous les deux, nous demande de le suivre à l'étage et de nous installer dans une salle en attendant qu'il revienne. J'en profite pour faire connaissance avec Marc, et, pensant qu'il va faire la même formation que moi, je lui demande ce qu'il faisait avant d'arriver ici. Il m'explique qu'il est plombier depuis près de 20 ans, qu'il vient d'Annecy et qu'il est ici pour devenir formateur. Ne comprenant pas totalement pourquoi nous nous retrouvons dans la même salle, je suppose que c'est peut-être uniquement la partie administrative et la signature de documents qui justifient ma présence à cet endroit.

Jacques nous rejoint alors et nous demande de sortir nos CV respectif. Ayant déjà transmis mon cv au moins 4 ou 5 fois pour la constitution de mon dossier, je lui explique que je n'ai pas de cv et que de plus je ne vois pas à quoi cela pourrait lui servir. Il me répond que cela est nécessaire pour étudier ma candidature. Très surpris par cette réponse, j'explique que j'ai déjà passé tous les tests et entretiens nécessaires et que je suis ici aujourd'hui pour débuter ma formation d'Assistant de Direction. Il s'excuse et m'explique que je ne suis pas au bon endroit car lui est en charge du recrutement d'un formateur en plomberie. Il en profite pour me dire en rigolant qu'il me trouvait un peu jeune pour être formateur. Je redescends donc à l'accueil et réexplique ma situation à la personne que j'avais vu lors de mon entrée. J'avoue m'être posé pas mal de questions sur le sérieux du centre de formation à ce moment-là, surtout quand la chargée d'accueil m'a demandée de patienter quelques instants avant de rejoindre le bâtiment ou devait se dérouler ma formation car elle souhaitait profiter de mon trajet pour que j'apporte un colis. Finalement, après avoir attendu quelques minutes, elle me dit que ce n'est pas utile car elle ne le retrouve pas et m'indique l'endroit où je dois rejoindre ma formatrice. Arrivé dans son bureau, Mme Bayrgan m'explique qu'actuellement, la session précédente passant son titre, elle n'est pas disponible et qu'elle est remplacée pendant 15 jours par Mme Davlaud.

Je rencontre donc cette dernière qui m'accueille seule dans une salle afin de m'expliquer le futur déroulement de mon cursus et aussi de se présenter. Mme Davlaud parle beaucoup, beaucoup, beaucoup. Chaque phrase qu'elle prononce est accompagnée d'une illustration basée sur sa propre expérience personnelle et donne lieu à une parenthèse :

« j'ai été Assistante de Direction pendant 15 ans, ah je me souviens, en parlant de 15 ans, ça me rappelle ma jeunesse, à cette époque ce n'était pas comme aujourd'hui... » et blablabla et blablabla....

Si elle avait dû me donner un euro à chaque parenthèse qu'elle ouvrait, j'aurais pu m'acheter le parfum d'un grand couturier en sortant de cette entrevue. Après les informations de base sur son nom, son parcours et sa vision de la vie en général, elle m'apprend que je n'ai rien à faire ici. En effet, selon elle, il est prouvé scientifiquement que le poste d'Assistant de Direction n'est pas fait pour les hommes. Une étude récente a prouvé que nous sommes incapables de faire deux choses en même temps. Un peu surpris par cet accueil très chaleureux qui me met tout de suite à l'aise, je continue à écouter son monologue en opinant du chef ponctuellement pour montrer que je m'intéresse à ce qu'elle dit et que je suis le fil de son discours. Je parviens tout de même, entre 2 micro-siestes, à capter des informations qui me permettent de cerner un peu plus le personnage. Proche de la retraite, cette féministe invétérée doit ouvrir une bouteille de champagne à chaque fois qu'une femme obtient la direction d'un ministère. Formatrice vacataire, elle effectue des remplacements dans toute la France. Cela lui plait car elle voyage beaucoup et rencontre du monde. La sensation de liberté et de changement que cette situation lui procure est un attrait supplémentaire. Je m'interroge sur sa vie personnelle qui doit être compliquée compte tenu de ses déplacements incessants, mais comprend que le fait d'être seule depuis des décennies, suite au départ de ses deux enfants du cocon familial, facilite grandement les choses et explique peut-être ce choix de vie. Malgré ses déclarations, je n'éprouve aucune rancœur pour cette dame qui fera par la suite quand même tout son possible pour me transmettre ce qu'elle sait. Je suis plutôt amusé par cette situation. Je prends même son discours pour une motivation supplémentaire et mets son nom sur la liste des personnes qui seront surprises si je réussis cette formation.

Après un monologue d'une durée d'1 h 30, qui s'achève en m'expliquant que mes camarades de classe ont débuté des recherches pour réaliser une enquête métier auprès de professionnels, et que je devrais donc me greffer à un binôme déjà établi, nous traversons le couloir pour rejoindre notre salle de cours. Nous entrons donc, et, s'adressant à mes camarades, me présente en disant :

« voilà, c'est le monsieur qui devait nous rejoindre ». D'un rapide coup d'œil, je découvre le visage des personnes qui ont bien voulu lever le nez de leur ordinateur ou tourner leur tête, et avec qui je vais passer les 7 prochains mois de ma vie. Je suis heureux de voir le melting-pot présent dans le groupe. Cela me rappelle mes années collèges et me met plus à l'aise.

Après un simple bonjour, et moins d'une minute de présence dans la salle de cours, nous quittons celle-ci, pour rejoindre au 1er étage, le bureau de la personne chargée de régler les dernières formalités administratives. Je me demande pourquoi nous n'avons pas réalisé cette démarche avant d'aller dans la salle de classe une bonne fois pour toute mais je n'en fait pas part à Mme Davlaud, de peur qu'elle ne se mette à épiloguer une énième fois. En redescendant, elle me fait patienter dans le couloir où nous nous arrêtons, car elle doit aller chercher un document dans son bureau. Je patiente donc seul devant la machine à café en attendant son retour. C'est alors qu'une jeune femme m'interpelle en me demandant comment je vais et si je n'ai pas trop d'appréhension pour ma formation. N'ayant pas reconnu son visage, je suis un peu interloqué par ses questions et me demande pourquoi elle me parle. En discutant un peu plus, j'apprends qu'elle est dans ma classe et qu'elle fait la même formation que moi, tout s'explique. Doté d'un accent qui fleure bon le soleil et le chant des cigales, LA MARSEILLAISE est d'une nature très sociable et cela se remarque immédiatement. Elle est très chaleureuse et sait mettre les gens à l'aise. Titulaire d'un Master en droit, elle pourrait se vanter d'être la plus diplômée du groupe et se comporter comme tel. Elle n'en fait cependant rien et est très simple et accessible.

De retour dans la salle de classe, qui dispose d'une quinzaine d'ordinateurs, disposés sur 3 rangées, les uns en face des autres, Je m'assieds à la première place libre et sors mes affaires. Une trousse, un bloc note et des feuilles blanches...me revoilà sur les bancs de l'école avec tout l'attirail du vrai petit écolier. Je souris tout seul dans ma tête en pensant à tous ceux que je connais qui seraient très amusés s'ils me voyaient là. Je repense en une fraction de seconde à mes amis, à ma famille, à ma scolarité, à mes anciens professeurs, à tous ceux que j'ai croisés pendant ma vie professionnelle...à tout le monde. Mme Davlaud me présente au binôme (avec qui je vais devoir collaborer pour l'enquête métier) juste avant que nous allions manger. Je profite de ce repas pour faire connaissance avec ces deux personnes et découvre qu'elles sont très sympathiques. Je m'aperçois qu'au cours des 3 semaines écoulées, elles ont uniquement travaillé sur la bureautique avec les logiciels Word et Excel. Je n'ai de ce fait pas beaucoup de retard à rattraper. Nous travaillons en autonomie et les personnes les plus douées aident celles qui le sont moins. Pour l'instant, l'ambiance est très bonne et joviale. Même si au départ, le fait d'être seul sans formatrice constamment présente est un peu compliqué à gérer, je reste cependant motivé et fait tous les efforts nécessaires pour réaliser le travail demandé.