Envers et contre nous

Chapitre 1 - Quand M. Cour-de-cassation me fait rencontrer Mlle aux-yeux-verts

Hippolyte

- Bon mec, qu'est-ce que tu fais ?! On avait dit 13 heures!

- Excuse, frère. J'ai eu un petit problème avec ma copine, et...

- Moi aussi je peux facilement me retrouver au lit avec Rachel, mais ce n'est pas une raison pour me faire poireauter comme ça! Alors tu as intérêt à te ramener dans les dix minutes qui suivent ! La conférence va commencer. Je te retrouve dans l'amphi.

Je raccrochai sans même laisser le temps à Romain de protester. Il n'avait qu'à "s'occuper" de sa copine hier et non ce matin !

Bon, c'est vrai que je peux me montrer méchant avec lui, d'autant plus que ma propre petite-amie ne me rend pas la vie facile... Mais ce n'est pas pour ça que je vais la faire passer avant mes études - contrairement à mon ami.

Ami... Je me force à désigner Romain sous cette appellation, même si en vrai, je préfère parler de lui en tant que "pote". On s'est rencontré l'année dernière, le premier jour de notre rentrée à l'université Paris-Descartes. Nous ne nous connaissions pas, et la fac était un milieu inconnu pour nous en tant que L1. Alors nous avons passé toute l'année ensemble, et formé un petit de groupe avec des gens rencontrés en droit par ci, par là. Exception faite à Annie, la petite-amie de Romain. Ils se sont rencontrés l'année dernière également, sauf qu'elle étudie la psychologie et non le droit comme nous. Enfin, ça colle entre eux depuis six mois, il faut croire que ça a du bon d'être avec une future psy.

Maintenant que nous sommes en L2, je me rends bien compte que ce petit groupe que j'essaye de considérer comme mes amis ne le sont pas réellement. La preuve, je préfère cent fois discuter avec mes amis du lycée - et tout spécialement Matthias Renan, mon meilleur ami depuis les couches - et organiser des soirées avec eux, qu'avec mes potes de la fac. En fait, ils me servent de bouche-trous en attendant de retrouver ma vraie bande de copains. Nous qui avions pour habitude de trainer dans Paris à la sortie du lycée, à aller boire quelques coups alors que la loi nous l'interdisait (minorité oblige, mais qui la respecte, franchement ?).

Songer au lycée me rappelle que c'est en seconde que j'ai rencontré Rachel. Elle m'a tout de suite plu, avec ses longs cheveux blonds, son sourire éblouissant et ses tenues affriolantes. Pauvre de moi, je sortais tout juste du collège et n'importe quelle fille pouvait me faire cet effet. Je suis sorti avec deux filles (deux mois, pas plus pas moins pour chacune) avant de me mettre en couple avec Rachel. Et aujourd'hui, cela va bientôt faire trois ans que nous sommes ensemble. Mon Dieu, je n'en vois pas le bout!

Dès le début de notre relation, Rachel me collait en permanence, à m'enlacer et à m'embrasser devant TOUT le monde. Je pensais qu'une fois que nous aurions couché ensemble, elle se serait calmée... Je m'étais bien trompé. En fait, être "séparés" depuis un an à cause des études supérieures me fait un bien fou. Même si nous nous appelons et envoyons des textos assez souvent, nous ne nous voyons plus que le week-end - et encore, si nous n'avons pas trop de boulot. Rachel est partie faire un DUT Technique de commercialisation à Cergy-Pontoise (elle n'a pas été acceptée à celui de Paris), et est désormais en deuxième année. Ce qui signifie qu'elle devra préparer des concours d'écoles de commerce toute l'année et, ainsi, elle sera très occupée. Elle a tellement de travail qu'elle a dû prendre un appartement là-bas pour la semaine, afin d'éviter de se taper plus d'une heure de transport matin et soir pour rentrer chez elle. Bref, tout ça pour dire que cette distance physique me fait du bien. Mais je sais qu'à elle, cela ne lui convient pas. La preuve, sitôt qu'elle rentre sur Paris le vendredi soir, la première chose qu'elle fait, c'est de passer chez moi "à l'improviste" pour m'embrasser et bien faire savoir qu'elle est rentrée et que, par conséquent, je vais devoir m'occuper d'elle le week-end.