Chapitre 6.

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Vendredi 12 février

Vers 10h le matin, nous étions à une heure de bus de Genève, direction Luxembourg. La visite prévue de 10h à 12h avait été annulée à cause d'une grève des employés, les professeurs nous avaient accordé un temps libre. Après une courte nuit et un café bien trop amer ce matin là, j'avais besoin de douceur et de réconfort, je profitais de ce changement de dernière minute pour jeter mon dévolu sur les donuts d'une boulangerie de la ville. Des larmes de bonheur auraient pu couler de mes joues tellement ils étaient bons.

Quand je repris ma promenade, j'entendais un peu plus loin le son d'une guitare acoustique qui résonnait dans la rue. C'était entrainant, l'air m'attira et je me retrouvai au milieu d'un cercle de monde qui écoutait le musicien.

Ce gars, avec l'accent anglais de sa voix qui paraissait naturel et son âge me fit songer que c'était surement lui aussi un lycéen. Ce rouquin ne faisait pas ça pour mendier mais juste pour dégager du talent, un nouvel air dans les oreilles des gens qui l'écoutaient. Les notes s'alignaient les unes avec les autres, c'était vraiment beau à écouter avec la voix du guitariste.

C'est seulement une fois la musique finie que je remarquais qu'Harry écoutait aussi depuis un moment.

Les quelques spectateurs applaudirent et se dissipèrent l'instant d'après. Il ne restait que mon... enfin, que Harry.. qui serra la main du garçon et échangea deux, trois mots d'un rapide mouvement avec lui. J'avais très envie de le rejoindre pour avoir son avis.

Quand il remarqua que j'avançais vers lui, il me sourit, la tension de la veille était retombée et la timidité c'était envolée.

H : « Ah Louis! »

L : « Ça va comment? »

H : « Niquel et toi? »

L : « Pareil. C'était pas mal le son qui est passé »

H : « J'adore aussi » il se frottait la nuque, nerveusement..
« Tu manges vers qu'elle heure avant le bus ? »

L : « Il est 11h30, on peut se faire un McDo ? » ma réponse semblait le réjouir.

H : « Parfait! »

A l'aide du GPS sur le portable de Harry, nous arrivâmes à l'un des fast-food et rentrions nous mettre au chaud en 10 minutes. Il y avait peu de monde, l'ambiance était plutôt tranquille. Et surtout, personne aux bornes de commande.

Nous prenions chacun notre commande l'un à coté de l'autre. En zyeutant sur son écran, je vis qu'il hésitait entre des burgers.

L : « J'ai pris Bacon, t'as qu'à prendre poulet de on goûtera chacun sur l'autre »

H : « Bien vu » ria-t-il

Il finalisa sa commande et nous partîmes rejoindre le comptoir pour payer et récupérer nos plateaux. J'avais eu le temps de repérer une table à coté d'un radiateur, je tenais à mon petit confort. Une fois installés, nous nous jetions sur nos sandwich dont l'odeur nous tiraillait l'appétit depuis le début.

En sortant du McDo il y avait pas mal de lycéens, certains échos semblaient parler d'une grève générale dans toute la ville. À la remarque d'un gars qui passait je fis attention aux bruits de vuvuzella et à un brouhaha au loin. Je tendis l'oreille pour en savoir un peu plus.

"D'ici 5 minutes ils seront là"
"Ya 1500 cons qui hurlent"

Nos regards avec Harry se croisèrent et nous n'avions qu'une idée en tête : y participer. Quelles que soient les raisons de cette grève ou le but de cette manifestation, nous nous jetâmes dans le bain de foule et de lycéens tout excités une fois arrivés jusqu'à eux. Ils criaient et hurlaient de partout. Je n'avais fais qu'une seule manifestation dans ma vie, à Doncaster, là où je vivais, mais rien avoir avec celle-ci.

Après une préparation du joint périlleuse dans l'agitation des manifestants, Harry alluma enfin ce qui ressemblait à un cadavre et pris dans l'élan, nos pieds se mirent à rebondir pour sauter dans tout les sens, clamant des choses dont nous n'avions aucune idée. Le bras de Harry vint m'entourer les épaules et le mien sa taille pour nous déchaîner comme jamais auparavant. Je n'osais même pas imaginer le nombre de personnes en tout. La traînée dense qui suivait dernière nous s'étalait à plus d'un kilomètre. Certains brandissaient des drapeaux, d'autres des pancartes, et en tête de cortège une banderole de la largeur de la route. Pour réclamer à Harry un peu de joints je tendais les lèvres tout en sautant en avant avec le mouvement de foule. Il glissa le pilon entre mes doigts en riant. Rien de mieux que ça pour digérer. J'avais imaginé ce voyage de plein de manières différentes mais cette surprise là fut la meilleure. Je m'étais rapidement rapproché d'Harry alors que je ne savais rien lui avant... Sa présence était un bol d'air frais dont je ne me passais plus et même l'infime de ses gestes faisait réagir une partie de mon corps.. Je ne savais pourquoi mes pensées allaient tant vers lui ces derniers jours...

Get lost and travel. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant