Chapitre 4

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J'avais fait mon apparition à l'agence particulièrement tôt dans la matinée et profitai de ce moment pour rejoindre Maria dans un des espaces de détente du bâtiment.

En effet l'entreprise misait sur le bien-être de ses salariés, ainsi elle arborait un espace de travail très ouvert et centré sur le partage avec des salles de réunion accueillantes, des espaces informels pour dialoguer avec ses collaborateurs, mais également de charmantes petites cafétérias et des espaces de détente avec la présence de babyfoots ou de consoles de jeux. Ce building avait été conçu dans le but de créer une ambiance domestique. La présence de nombreux végétaux dans les différents openspaces apportaient également de la fraicheur. Il n'était pas surprenant que Morison se dote de bureaux complètement fous et ultra- modernes, après 100 ans d'existence, un siège basé à New York et quelques 400 bureaux dans plus de 111 pays, Morison était l'un des acteurs majeurs de notre siècle en termes de marketing et de publicité et le troisième plus important réseau d'agences de communication mondiale.

Paisiblement installées dans un de ces divers salons à l'esthétique abracadabrante, Maria et moi avions beaucoup conversé. Je la retrouverais ce soir dans un bar aux prix abordables, nommé le Pianos. L'ambiance y était apparemment sympathique et les cocktails délectables. Je rencontrerais par la même occasion ce fameux Alex dont elle m'avait tant parlé.

Maria ne manqua pas de me faire part des derniers potins et après quelques plaisanteries, nous nous séparâmes pour rejoindre chacune nos postes respectifs.

La matinée fut particulièrement agréable. George m'avait dirigé vers la salle informatique où se trouvait une dizaine d'employés chargés de s'occuper du packaging, j'avais ainsi eu la chance de me perfectionner en leur compagnie. De plus, ils s'étaient montrés particulièrement accueillants et j'avais même sympathisé avec Yuko, une subalterne japonaises des bureaux de Tokyo en déplacement à New York. Elle m'avait expliqué en s'esclaffant que son prénom signifiait « gracieuse » dans sa langue natale et que c'était totalement absurde puisque cela ne lui correspondait pas du tout.

Cette première partie de journée s'était achevée dans la bonne humeur et accompagnée de Yuko et Max un confrère, je rejoignis Maria dans une des nombreuses cafétéria du bâtiment, le dîner se déroula dans la tranquillité animé par des rires perpétuels.

Ce fut à contrecoeur que je regagnai finalement le cinquième étage, en direction du bureau de George, laissant derrière moi mes nouvelles connaissances. L'idée de revoir celle qui me supervisait si scrupuleusement me donnait la nausée. Je soupirai profondément lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et me dirigeai vers son bureau.

-Mia vous tombez bien! Jetez un coup d'oeil à ma To-Do. J'ai beaucoup de projets dans la pipe. Il y a un grand nombre de tâches auxquelles vous pourrez vous acquitter. Ensuite on mutualisera.

Le monde professionnel avait bien des particularités, dont celui d'être un fantastique outil de création d'expressions totalement ridicules et exaspérantes qui avaient la particularité de se répandre comme une trainée de poudre. Le fait est que, parler ce jargon de bureau était désormais presque une qualité bien qu'il ne soit pas souvent utilisé à bon escient notamment à cause des anglicismes fréquents. Mais la vie professionnelle était telle qu'elle parvenait à nous en imposer son utilisation grotesque. Les nouvelles recrues se sentaient souvent à l'écart, lorsqu'il leur était impossible de déchiffrer le sens de ces expressions saugrenues. C'est ce que j'avais vécu lors de mes précédents stages à Paris et je pouvais remercier le moteur de recherche internet de m'avoir toutefois sauvé la mise.

J'étais prête à mettre ma main au feu pour affirmer que George tentait de me déstabiliser, en employant ces termes stupides.

-Pas de problème, je regarde tout de suite votre liste de choses à faire. Où se trouve-t-elle? Cela me ferait réellement plaisir de m'être tout en commun avec vous, lançai-je d'un ton faussement enjoué.

New York New YorkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant