I

9 1 0
                                    




Trois semaines qu'il est parti. Je suis dans ma chambre, assise sur mon lit, portant l'un des joggings qu'il mettait pour aller au sport. Je fixe le mur, la tête vide. Les premiers jours de sa disparition, je lui trouvais des excuses du genre : il a sûrement dû partir régler un affaire, sans avoir le temps de me faire signe, où partir aider un membre de sa famille. Cela m'aidait à garder la face au travail et pour mon entourage. Je souriais, étais conviviale avec les autres. Je ne voulais pas montrer mon inquiétude. J'ai essayé de contacté Leila et Mehdi, ses frère et soeur, mais ils n'avaient pas de nouvelles de Karim. Plus les jours passaient, plus la pression montait.

Après une semaine, Leila vint me voir et me demanda de signaler sa disparition à la police. Elle et sa mère étaient mortes d'inquiétude. Elles avaient voulu lui laisser un peu de temps avant de lancer l'alerte. Même si Karim n'était pas du genre à partir sans rien dire, cela pouvait arriver à tout le monde d'avoir besoin de s'isoler, de réfléchir. Bref, le soir même nous sommes parties au commissariat le plus proche afin de faire les démarches nécessaires. Après nous avoir inondé de questions, le policier nous expliqua qu'il ferait quelques recherche, mais qu'il fallait s'attendre à ce qu'elles n'aboutissent à rien. Il pensait que Karim avait simplement voulu changer de vie, sans prévenir personne. C'était un peu dur de le croire pour Leila et moi. Karim était quelqu'un d'attaché à sa famille, ses valeurs et son travail. Leila me ramena à la maison et rentra chez elle, me disant qu'elle me contacterait tout bientôt, depuis plus de nouvelles.

Je travaillais dans une agence de voyage. Je suis une petite brune aux yeux verts, assez charmante sans me venter. J'ai dû prendre cet air pétillant de mes origines italienne. Mon physique m'a toujours facilité la vie. La clientèle aime être renseignée par quelqu'un d'aimable et agréable à regarder. Plus les jours passaient, moins j'arrivais à être en phase avec mon job. Deux semaines après le départ de Karim, mon masques tomba petit à petit. J'étais de moins en moins souriante, ne m'impliquais pas assez dans mon travail et ne mangeait presque plus. Ma patronne, avec qui je m'entendais très bien me força à prendre un arrêt maladie pour me remettre d'aplomb. Je ne pouvais plus continuer comme ça. Elle me renvoya gentiment chez moi et prévint ma soeur que j'étais sur une mauvaise pente. Livia et ma patronne se croisaient souvent quand Livia venait préparer son itinéraire vacances avec moi. Ma soeur passa le week-end chez moi, essayant de comprendre pourquoi Karim n'était plus là. Pourquoi je ne l'avais même pas mise au courant de ce qui m'arrivait, alors que nous sommes si proche. Le week-end se transforma en semaine. J'adorais ma soeur, mais ne la supportait plus. J'avais besoin d'être seule. De résoudre mon problème seule, du moins c'est ce que je pensais.

Troisième semaine. Grosse dispute avec Livia, elle était exaspérée de me voir dans un tel état. Elle comprenait ma tristesse mais était frustrée de ne pas arriver à me faire réagir. Elle décida après que les choses se soient apaisées, de me laisser seule quelques jours, à la condition que je reste en contact avec elle le plus souvent possible. J'acceptai et elle rentra chez elle. Après son départ, je partis à la salle de bain. Je sortis un petit sachet de la pharmacie que j'avais planqué là, à l'arrivée de Livia pour qu'elle ne le trouve pas. Ensuite, je partis m'assoir sur les toilettes. Voilà, je ne pouvais plus fuir, il fallait que je le fasse ce foutu teste de grossesse. Je suivis les instructions avec précaution. Puis, j'ai posé le teste sur le lavabo et partis prendre une douche. Je crois que je n'ai jamais pris de douche aussi longue dans ma vie. J'avais tellement peur du résultat que j'ai trainé un maximum avant d'aller voir. Trente minute plus tard, je pris mon linge et l'enroula autour de ma taille, puis je pris le teste de grossesse. Il était positif. Karim n'était pas parti sans rien me laisser.

Enfin voilà comme je me suis retrouver ici, à fixer le mur, l'air vide, depuis deux jours. Sans savoir quoi faire, pleine de doutes et d'incertitudes, garder le bébé ? Être mère célibataire ? reprendre ma vie en main ? Et bien sur retrouver Karim ? La route va être longue...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 23, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

PARTIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant