New York

Préface

New York 2011, retour en image, 5 ans après.

Pourquoi les commémorations sont-elles
toujours aussi importantes ?

Le Maire s'exprime, remercie les Avengers et maintient que leur aide fut décisive.

Aujourd'hui, 23 mai 2016, jour de Mémoire, est-ce que tout a été reconstruit ?

5 ans.

C'est tout ce que mes yeux fatigués parviennent à retenir. Tant les images se succèdent sur le petit écran du vieux bar islandais. L'information est omniprésente, dans le journal face à moi, sur cette télé, dans le kiosque du coin de la rue, sur toutes les bouches depuis la veille. C'est une explosion de bruits et de souvenirs qui tend mes muscles, brûle mes pupilles et crie dans mes oreilles.

5 ans.

Une demi-décennie. Ça me fait comme un creux au fond de l'estomac, comme une désolante sensation de vide permanent. Parce que, pendant ces cinq années je n'ai pas réussis la seule chose qui m'obligeait à me lever le matin et à endurer le reste de la journée. Alors, c'est comme une litanie au fond de ma tête depuis aujourd'hui, 5 ans, 5 ans, 5 ans. Elles sont passées si vite, et pourtant, je ne pourrais pas en dire grand-chose. En revanche, je me souviens de ce 23 mai 2011 comme si c'était hier, comme si je me réveillais de cet hôpital de fortune avec le gout acre du sang au fond de la gorge. Jour pour jour. Comme un point A et un point B, relié par un segment immuable.

Mes yeux se lève à nouveau vers l'écran et ma mâchoire se serre instinctivement. Retour en image ? Pourquoi voudrais-je revoir cela ? Comme si chacun d'entre nous avait envie de se replonger dans ces longues heures interminables... C'est presque une torture lorsqu'une vidéo amateur se diffuse dans un carré à droite de la présentatrice. Je vois les bâtiments s'écrouler, le verre se briser sur le bitume et les voitures voler de gauche à droite. Au loin, un des Avengers s'élance dans le ciel, il s'agit de l'homme archer. Il est attaqué par une dizaine de ces extraterrestres et on finit par ne plus le voir. Je ressens soudainement mes palpitations cardiaques s'accélérer tandis que d'autres images viennent s'ajouter. Sur l'écran et dans ma tête. J'entends à peine lorsque le chant des commémorations se diffuse dans le bar. Je ne vois presque pas ces dizaines d'enfants au pied des anciennes ruines, devant le sanctuaire de rappel à chanter et à prier. Ce n'est que lorsque je vois s'afficher sur l'écran les multiples dérivés de 'New York est-il maintenant reconstruit ?' qu'un ricanement sans joie s'échappe d'entre mes lippes.

New York a bel et bien reconstruit tous les dégâts matériels occasionnés par les attaques mais, quand est-il de nous ? Quand est-il de tous ceux qui sont si seuls qu'ils auraient mieux fait d'y laisser leur vie ?

Sommes-nous reconstruits ?                                                                                                                          
Mentalement, psychologiquement je veux dire.

La réponse est amère au fond de ma gorge.

« Non. Jamais. » Je murmure.