Troublée

Twelve

~Fairmont Olympic Hotel, Seattle-12 décembre-9h09~

PDV de Liam

Le souffle du vent contre la fenêtre. Un piaillement d'oiseaux. Une odeur sucrée de fleurs et de fruits. Des doigts fins qui farfouillaient lentement dans mes cheveux.

Voilà ce qui me réveilla ce matin-là, dans l'ambiance paisible de la chambre d'hôtel. Tranquillement, j'entrouvris les yeux,  et une autre vague d'images et de sensations me parvint. 

Un visage féminin dont je reconnaissais chaque trait. Un léger gloussement. La chaleur d'un souffle approchant mon oreille. Puis, un murmure:

"Bon matin, Liam"

"À toi aussi, ma belle"

"Bien dormi?"

"À ton avis? Avec toi dans mes bras, c'était pas difficile!"

Charlotte gloussa de nouveau en entendant mes mots, puis elle entreprit de se lever du lit, après s'être étirée paresseusement. Il n'y a pas longtemps qu'elle s'était réveillée, celle-là!

Je la regardai avec tendresse alors qu'elle se dirigeait vers la salle de bain. Ses cheveux avaient poussé, et ils lui arrivaient maintenant au milieu du dos. En regardant cette cascade bouclée, je ne pus m'empêcher de sourire. Oui, même dans un pyjama mauve lilas, chaussée de pantoufles à oreilles de lapin et venant de sortir du lit, Charlotte était à mes yeux la plus belle fille du monde entier.

PDV de Charlotte

Je me levai avec difficulté, après avoir souhaité bon matin à Liam. C'était déjà l'heure du réveil, mais il me semblait que seulement quelques secondes s'étaient écoulées entre le moment où, la tête contre la poitrine de mon copain, j'avais sombré dans le sommeil, et le moment qui se déroulait présentement.

À vrai dire, le temps qui séparait ces deux instants n'était pas très long, car Liam et moi n'avions que très peu dormi la nuit dernière... (et NON, pour tous les Harry de ce monde, il ne s'était pas passé ce que vous imaginez!) En réalité, nous avions occupé la soirée et les premières heures de la nuit à parler, étant donné que beaucoup de choses me tracassaient à ce moment.

Liam avait été un confident et un conseiller hors pair, sachant exactement comment me remonter le moral. Je lui avais parlé de mes craintes à propos de ce que je sentais changer en moi, racontant comment il m'arrivait de ne plus me reconnaître par moments. Il m'avait écoutée attentivement, et certains des conseils qu'il m'avait donnés me résonnaient encore dans la tête:

"Ma belle, tout est une question de priorités. Il est possible (et normal!) qu'au cours de ta vie, tu laisses derrière des choses qui étaient autrefois ultra importantes pour toi. Il faut seulement que tu sois sûre de les remplacer par des choses qui en valent encore plus la peine."

"La vie, ce n'est pas une route coulée dans le béton, Charlou. Imagine-toi plutôt que c'est la traversée d'une forêt. Il n'y a pas qu'un seul sentier. Tu peux choisir la voie que tu veux. Tu peux aller en ligne droite, faire des cercles, ou sauter de place en place, c'est totalement ton choix. Tous les chemins te mèneront au bout. Tu n'auras simplement pas vu les mêmes choses en chemin."

"Il y aura toujours quelqu'un pour te critiquer, te rabaisser ou t'insulter, cocotte. Tu ne pourras jamais plaire à tout le monde, et tu sais quoi? C'est tant mieux, car tu découvriras ceux qui en valent vraiment la peine. Par contre, il y a une personne de qui tu ne dois jamais accepter les insultes: toi-même."

Toutes ces belles paroles eurent tôt fait de m'éclairer, et de me libérer d'un poids immense, celui du doute et de la nostalgie. En fait, après cette nuit de discussions (et, accessoirement, de sommeil), je crois que j'avais pris une décision. Mais, n'étant pas tout à fait certaine de ce que je voulais, et ne désirant pas créer un chahut, je préférais garder cela pour moi. Du moins pour l'instant.