Elle dégorge d'émotions

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Cette fille là, Toni, dégageait ce genre d'aura puissante et imposante.

Quand elle rentrait dans une pièce, elle donnait l'impression de maintenir le calme.

Elle s'asseyait toujours au fond de toutes les salles de classes et on ne l'entendait plus de l'heure. De toute manière, on ne l'entendait pas non plus de toute sa vie.

Personne ne connaissait le son de sa voix et aucun professeur ne l'avait jamais interrogé. Elle se contentait de faire bouger son poignet par dessus sa feuille comme si elle tenait un crayon dans sa main.

Ce mouvement de poignet envoutait n'importe qui, et c'était beau.

Elle passait ensuite sa main dans ses long cheveux et ses doigts glissaient entre chaque mèches sans accroches. Elle remontait ensuite ses lunettes rondes le long de son nez aquilin et replongeait dans ses occupations étranges.

J'avais fréquenté la même école qu'elle en primaire. Elle avait disparu au collège et était finalement revenue au lycée.

Les souvenirs d'elles sont encore ancrés dans ma mémoire, et pourtant ils sont insignifiants. Je peux la revoir perchée en haut du toit de l'école pour simplement avoir une bonne vue sur le lointain. Ou je suis capable de visualiser le jour où elle attendait le bus d'une manière totalement singulière, encore une fois, elle avait escaladé l'abribus et semblait savoir tout ce qui allait se produire avant tout le monde.

Elle semblait avoir cette connexion avec la terre entière que la terre entière n'avait pas avec elle.

On avait tous l'impression de la connaître comme une amie ou une sœur mais elle nous regardait chacun comme des inconnus.

Plusieurs fois, certaines personnes avaient tenté d'accoster la superbe Toni.

Si vous lui disiez "Bonjour.", elle ne vous jetait même pas un coup d'œil.

Si vous essayiez avec un compliment sur ses jupes patineuses ou sur ses collants colorés, elle vous voyait sans vous regarder et ses yeux perdaient toutes expressions.

Elle était si étrange que jamais ses lèvres n'exprimaient rien mais ses yeux en disaient tellement.

Son visage d'une extrême pâleur semblait percé par deux trous noirs hypnotisant. Elle n'avait jamais souris, elle s'amusait par les yeux.

Cette jeune femme avait un nombre incalculable de peurs, elle longeait les falaises pour la seule raison qu'elle en était terrifiée, mais ses mains tremblantes la trahissait. Elle sortait tard la nuit, à l'heure où les lampadaires sont endormis simplement pour braver les monstres de l'obscurité et elle vivait seule parce qu'elle était terrifiée par la solitude.

Toni était un paradoxe ambulant, une énigme intrigante et irrésistible. C'était un problème de mathématiques qu'on aurait plaisir à résoudre, étape par étape, en justifiant chacun de nos résultats par désir de faire les choses bien, sans brutalité aucune et avec un esprit passionnément méticuleux.

Toni était aussi très jolie. Peu importe à quel moment de la journée on la voyait.

Le soleil déposait sur sa crinière brune un joli éclat blanc. La neige contrastait avec ses cheveux et ses yeux, si bien qu'elle attirait encore plus les regards admirateurs. Et la nuit, et la pluie, cachaient ses larmes.

Elle arborait souvent un visage mélancolique, ses pensées toujours projetée vers le lointain, le futur ou dans un univers inconnu.

Un jour, j'avais décidé de prendre mon courage à deux mains et de faire de Toni Ross une amie.

ToniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant