Perdue

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   Il neige, les flocons blancs tombent doucement. Pour l'instant, la neige ne tient pas, mais ce n'est qu'une question de temps. Dans une demi-heure, une petite couche blanche aura recouvert le sol.
Sous cette poudre blanche, s'élève un grand bâtiment, un lycée. Les élèves y sortent en masse, se poussant, criant et rigolant. Une jeune fille sort elle aussi de cet endroit.

Pour la plupart des personnes présentes, le lycée est la définition de l'Enfer. Se lever tôt le matin, et tout ça pour quoi ? Voir leur professeur de français parler de Victor Hugo ou leur demander de réciter par cœur la définition du lyrisme. Horreur !
Mais pour elle, partir de chez elle est un véritable soulagement. Le lycée n'est pas un endroit qu'elle aime particulièrement, non. Mais le lycée lui permet d'être loin de chez elle, et par la même occasion, de ces problèmes.

La jeune fille blonde se dirige vers chez elle. Le visage fermé, et la tête baissée. Sa capuche noire cache son visage. Son visage qui a connu si peu de sourires. Ses « camarades » se moquent d'elle, car elle n'a pas de jolis vêtements, car elle ne se maquille jamais, et bien d'autres choses plus que blessantes. Mais cela ne la dérange pas tant que ça, car elle est déjà brisée.
Elle marche d'un pas las, vers une petite maison blanche. Tout a l'air calme, paisible. Mais pour elle, cette petite maison tranquille est son Enfer.
La blonde enfonce sa main dans sa poche pour en sortir un petit trousseau de clés. Sa main tremble quand elle enfonce l'une des clés dans la serrure. Elle pousse la porte le plus doucement possible, faisant en sorte de ne pas faire trop de bruit. Elle enlève ses veilles baskets. Ainsi que son manteau, et donc sa capuche. Sous celle-ci, on retrouve une jeune fille avec des yeux vairons, un bleu très clair qui rappelle l'Océan, et l'autre plus terne, une sorte de bleu gris. La jeune fille a un visage plutôt fin, mais maintenant, il est crispé par la peur.

Elle commence à monter doucement les escaliers. Faisant attention à chaque pas pour ne pas faire craquer les marches. Arrivée en haut, elle se dirige vers sa chambre. C'est une chambre simple ; les murs sont blancs, il y a une armoire, un lit, un bureau avec une chaise, et un vieil ordinateur et pour finir, un miroir accroché au mur. Certains diraient que c'est peu, d'autres, déjà beaucoup. Mais elle, cela lui suffit. La blonde se dirige vers son lit pose son sac et s'allonge. Aujourd'hui elle a eu de la chance, son père ne l'avait pas entendu rentrer, elle était donc tranquille, du moins pour quelques heures. Ce n'est pas comme ça tous les jours, des fois, son père l'attend derrière la porte, pour une raison ou une autre. À peine rentrée elle se prend une gifle, puis souvent cela s'enchaîne avec des coups de poing, quand elle est à bout de forces et qu'elle s'effondre, son père lui donne alors quelques coups de pied, sûrement pour calmer ses nerfs.
Les heures passent et la jeune fille est toujours dans sa chambre. Elle s'est mise à lire, il y a maintenant plus d'une heure, quand soudain, elle entend du bruit au rez-de-chaussée. Son père est encore en train d'engueuler sa mère et sûrement de la frapper. Elle devrait ressentir de la compassion pour elle et aller l'aider. Mais non, elle reste sur son lit, à fixer le plafond. Après tout, est-ce-que sa mère vient l'aider quand c'est elle qui se fait battre ? Quand elle saigne après que son père l'ait frappée ? Quand elle n'arrive presque plus à tenir debout ? Non, elle reste là, à la regarder avec un air désolé. Jamais, au grand jamais elle ne lui a ne serait-ce que tendu la main.

Quand le bruit se fut calmé, elle se leva et se dirigea vers son miroir. Elle se regarda longuement.
Maïa, c'était son prénom. Maïa Rands, 16 ans, enfant battue depuis ses 5 ans.
Pour elle, ces quelques mots suffisaient à la décrire totalement.
Quelque temps plus tard on l'appela pour manger. Résignée, elle descendit à la cuisine, tête baissée. C'est une fois assise qu'elle releva enfin la tête. Elle découvrit sa mère, la lèvre supérieure à moitié en sang et des bleus partout sur les bras. À côté d'elle, son père était plongé dans la télé. Elle baissa les yeux vers son assiette et commença à manger en silence.
Quand elle eut à moitié fini, elle remarqua que son père la fixait intensément. Maïa essaya d'éviter son regard le plus possible, se concentrant sur le contenu de son assiette. Mais son père finit par lui parler :

– Maïa, cracha-t-il.

La jeune fille déglutit difficilement, quand son père s'adressait à elle, son seul souhait était de devenir invisible.

– Oui ?
– Il me semble que tu devais aller faire les courses aujourd'hui ? dit son père méchamment.
– Non, je suis censée les faire le Mercredi, et nous sommes Mardi...
– Peut-être mais si tu avais fais plus attention comme tu devrais le faire, tu aurais pu remarquer qu'il n'y a plus rien dans le frigo.
– Mais... j'ai vérifié ce matin, et il restait à manger pour au moins trois jours !
– Mais, j'avais faim alors j'ai mangé, Maïa.

Son poing s'abattit sur la table, ce qui la fit vibrer quelques secondes.

– Tu aurais dû donc prévoir Maïa ! Tu ne sers donc à rien dans cette maison !

Il donna une gifle monumentale à la jeune fille, qui mit une main sur sa joue par automatisme. Une rage encore inconnue pour elle monta.
L'homme se leva fit le tour de la table et avant que Maïa ne puisse réagir, il poussa la chaise où elle était assise. Elle tomba lourdement sur le carrelage froid. Son père la prit à la gorge et la plaqua contre le mur.

– Tu n'es qu'une bonne a rien !

Il la lâcha et elle tomba au sol, le souffle court.

– Et toi... Toute la journée... Tu restes sur le canapé. Tu n'es même pas foutu de faire la moindre chose utile... Tout ce que tu sais faire c'est frapper les gens ! C'est toi le bon-à-rien dans cette maison ! Tu n'es qu'un salaud, je ne comprends même pas comment je peux être ta fille ! Il n'y a que les hommes faibles qui frappent les femmes...

L'homme se retourna, la colère qui était inscrite dans ses yeux en aurait fait fuir plus d'un. Mais la jeune Maïa, se redressa et continua de l'insulter. Quand il s'approcha pour la frapper de nouveau. Elle envoya son pied aussi fort qu'elle le put vers les parties génitales de son père. En un cri rauque, l'homme s'affala par terre. Sa mère accourut pour l'aider. Maïa resta là, quelques secondes, mais elle devina facilement que quand son père serait capable de se relever, elle ne resterait pas en vie très longtemps. Alors elle prit la décision qui changea sa vie. Partir.
Elle se mit à courir vers l'entrée, elle prit à la volée son manteau, ses chaussures. Et partit de la maison.
Elle courut pendant plusieurs longues minutes bravant le froid. Les flocons de neige lui brûlaient le visage, ses joues rosies faisaient contraste avec sa peau de poupée. Les pieds nus, dans la neige, les joues baignées de larmes, elle courait, elle courait pour aller nulle part. Aller chez une amie, peut-être. Mais elle n'en avait pas. Tout ce qu'elle voulait c'était s'éloigner de son Enfer. Pour qu'il ne la retrouve jamais. Il était son pire cauchemar. La blonde avait dans ses bras son long manteau noir et ses baskets, mais elle ne voulait pas les mettre, pas tout de suite.

Maïa s'arrêta enfin dans une petite ruelle. Des deux côtés s'élevaient de grands immeubles de fortune. En continuant de marcher, elle découvrit que la ruelle était une impasse. La jeune fille regarda autour d'elle, et trouva un coin où un balcon pouvait faire office de toit. Elle s'y abrita, mit ses chaussures à ses pieds et son manteau sur les épaules. Elle regarda le mur d'en face longtemps, se remémorant toutes les fois où son père l'avait battue. Toutes les fois où elle priait pour que son père arrête tout ça. Les Noëls où elle restait enfermée dans sa chambre. Ses anniversaires qu'elle fêtait seule le soir. Sans que Maïa ne s'en rende compte, les larmes avaient commencé à couler, encore. Mais comme personne ne pouvait la voir ainsi, elle décida de se laisser aller, pour une fois. Elle replia ses genoux contre sa poitrine, et enfouit son visage dedans. Elle s'endormit ainsi ne pensant même plus au froid hivernal autour d'elle.

La blonde fut réveillée par un coup de klaxon. Quand elle releva la tête, il faisait jour, et la neige avait enfin cessé de tomber.
Nous sommes aujourd'hui mercredi, le jour où Maïa devait aller faire les courses. C'est à ce moment-là qu'elle se souvint que dans la poche de son manteau se trouvait l'argent pour faire celles-ci. Elle se leva et fouilla dans sa poche. La jeune fille y trouva 40 euros. Suffisant pour vivre pendant quelque temps. Mais après ? Comment se procurer de l'argent, et un logement ? Maïa était perdue. La jeune blonde sortit de la ruelle, la rue était elle aussi vide. Elle ne connaissait pas cet endroit. La blonde entra dans le premier supermarché qu'elle trouva, et y fit quelques provisions simples pour au moins deux jours. Juste de quoi tenir sans avoir trop faim. Quand elle ressortit, la jeune blonde décida de marcher un peu et de revenir en fin d'après-midi. Maïa marcha longtemps jusqu'à atterrir dans un parc. Elle s'assit sur un banc après avoir préalablement enlevé la neige qui s'était installée dessus. Elle fouilla dans son petit sac de courses pour en sortir un sandwich. En mangeant elle regardait les jeunes enfants qui jouaient dans le parc, elle aurait aimé, plus jeune jouer avec eux. Jamais elle n'avait jamais pu faire de bataille de boule de neige ou même un bonhomme de neige. Pourtant, la blonde adorait la neige, c'est tellement joli ! Alors que la jeune fille regardait un père jouer avec sa fille, une bourrasque de vent menaça de faire tomber des grandes stalactites qui s'était formées sur un arbre au-dessus d'eux. Elle se leva précipitamment et courut vers le duo.

– Attention ! s'écria-elle

Plusieurs piques de glaces tombèrent au même moment, par réflexe, la jeune fille tendit la main vers ceux-ci. Les lances de glace s'arrêtèrent un instant et explosèrent une seconde plus tard en petits flocons de neige. Le père regarda Maïa, incrédule, il serra son enfant contre lui, puis s'approcha de la jeune fille qui n'avait toujours pas bougé.

– Merci, merci beaucoup.

L'homme lui adressa un grand sourire, et prit son enfant dans ses bras. Puis ils partirent du parc tranquillement. Mais Maïa, elle, ne comprenait rien à ce qu'il venait de se passer. Elle retourna sur son banc, décidant de remettre ces questions plus tard. Elle voulait continuer de manger, mais une impression d'être surveillée la tiraillait. La jeune fille regarda partout autour d'elle mais personne n'était en vue. Même si son impression était toujours là, elle finit par se persuader qu'elle était juste un peu parano.
Aux mêmes moments, à quelques mètres de là. Deux personnes discutaient en fixant une fille.

– Tu l'as senti ? dit l'un.
– Oui, c'était faible mais c'était là.
– Tu crois que...
– Peu être, on passe a l'action ce soir, pour Urzhad...
– Pour Urzhad.

Les deux jeunes garçons repartirent dans la direction opposée. Réfléchissant chacun a ce qu'il venait de découvrir.
De son côté, Maïa réfléchissait à comment retourner dans sa ruelle. Une fois sûre de l'itinéraire à prendre, elle se leva et prit sa direction.
Elle mit une bonne heure à retourner dans l'impasse et quand elle fut enfin arrivée, il faisait déjà nuit. La blonde s'avança prudemment dans l'allée. Mais l'impasse était toujours vide. Elle allait retourner sous le balcon quand une main lui recouvrit la bouche et qu'un bras vint la plaquer contre un torse.

– Coucou princesse, la partie est finie, et on a gagné, dit joyeusement celui qui la retenait.
– Arrête de jouer crétin, s'agaça le deuxième.
– Ohhhhh, on peu bien s'amuser un peu !

La blonde se débattait avec rage. Et bougeait un peu dans tous les sens, ce qui faisait bien rire l'homme qui la retenait.

– Allez, on n'a pas que ça à faire !
– À vos ordres chef ! rit le premier.

Il tourna la jeune fille face à lui et la regarda dans les yeux. Et en moins de cinq secondes la jeune fille s'était évanouie.

– Je fais toujours cet effet-là, dit-il tout sourire.
– Tu me désespères. Vraiment.


Le « désespéré » prit la blonde sur son épaule, et les deux hommes partirent comme si tout était normal.

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Quelques heures après, la jeune blonde est assise sur une chaise au milieu d'une pièce sombre. Ses bras étaient attachés aux accoudoirs, et ses chevilles aux pieds de la chaise. Elle papillonna des yeux pendant plusieurs secondes.

– C'est quoi ce bordel ? Il y a quelqu'un ? demanda la jeune blonde inquiète.

Ce fut le silence qu'il lui répondit que non, il n'y avait personne. Elle essaya de se libérer de ses liens, mais rien à faire. Après de longues minutes d'acharnement, une porte s'ouvrit et elle entrevit une silhouette, celle d'un homme. Plutôt grand et musclé. Il referma la porte et elle ne vit plus rien jusqu'à qu'il rallume la lumière. Elle dut fermer les yeux quelque temps pour s'habituer à la lumière. Quand elle les rouvrit, l'homme se trouvait seulement à quelques centimètres d'elle. Il avait des cheveux couleurs noirs mais avec quelques reflets bleutés. Des yeux argentés et le visage pâle.

– Salut. Je vais te poser quelques questions juste pour avoir quelques informations, ensuite, selon tes réponses je te laisserai partir... ou pas.

Il regarda la jeune fille de haut en bas. Maïa le fixait avec un regard méchant.

– Bien. Commençons. Comment tu t'appelles ?
– Maïa. Maïa Rands, répondit méchamment la fille.
– Si tu veux mon avis, je pense que tu mens, mais continuons. Âge ?
– 16 ans.
– Ville ?
– Je ne sais pas, je vis dans la rue.
– Pourquoi ?
– Raison personnelle, dit la jeune fille après hésitation.
– Je répète, pourquoi ?

La jeune fille baissa la tête et ne répondit pas.

– Je peux lire dans les pensées, mais c'est très douloureux pour la personne. Alors dis le moi de toi-même.

Maïa le regarda étrangement et puis elle se rappela de la façon dont il l'avait faite s'évanouir. La blonde ne prit aucun risque.

– J'étais battue donc je suis partie, c'est tout, répondit-elle avec un ton sec.
– Bien ! Dernier test, pour l'instant tu es libre. Mais si tu le rates, tu meurs. Pas mal, non ?

La blonde le regarda et déglutit. Très vite elle ressentit une douleur dans son bras droit, puis dans le gauche. Ainsi, la douleur se répandit dans tout son corps. Et plus elle se répandait, plus la douleur devenait forte. Si intense que Maïa aurait préféré mourir à cet instant.
Sans qu'elle ne s'en rende compte elle venait de signer son arrêt de mort. Pendant qu'elle se faisait torturer par le jeune homme, une fine couche de glace s'était installée sur le sol, partant des pieds de la chaise jusqu'aux murs. La glace continua à monter sur les murs et même le plafond. Bientôt, toute la pièce était recouverte. En voyant ça, le jeune homme arrêta toute torture. La jeune fille rouvrit les yeux. Et il lui sourit de toutes ses dents.

– Perdu, adieu princesse.

Puis il lui tourna le dos et referma la porte derrière lui.
Les heures passèrent et Maïa était toujours attachée à cette chaise. Ses membres étaient engourdis. Elle avait faim, et soif aussi. Personne n'était revenu la voir et elle n'avait rien entendu depuis que l'homme était parti.
La jeune blonde n'avait plus la notion du temps, elle ne saurait dire si des heures, des jours ou des mois étaient passés. Mais elle était toujours là, seule, sur cette chaise en bois. Personne n'était venue l'aider. Elle se demandait si elle mourrait de faim ou de soif.
Puis soudain, un bruit. Puis un autre, et encore un. Maïa ne savait pas si elle était heureuse qu'il y ait quelqu'un ou affolée qu'on puisse encore la torturer. Un coup violent retentit contre la porte, suivit quelques secondes plus tard d'un autre. La porte s'ouvrit à la volée. Un homme aux cheveux châtains entra, sourire aux lèvres. Il s'avança vers la fille. Elle le fixait intensément. Le jeune homme détacha les liens de la jeune Maïa.

– Aller, viens, il faut pas rester ici, dit-il.

Maïa se leva mais retomba aussitôt. Manque de force.

– C'est pas vrai !

Il prit la jeune fille dans ses bras, elle n'eut ni l'envie, ni la force de se débattre. Elle enfouit sa tête contre le torse du jeune homme, et ferma les yeux.

Quand, Maïa les rouvrit, elle était assise contre un arbre, le soleil était haut dans le ciel. L'herbe était assez haute et bien verte. De grands arbres entouraient les deux jeunes gens. Son regard bleu se posa sur le jeune homme devant elle. Il lui fit un sourire, qui découvrit toutes ses dents.

– Fini de dormir ?
– Qui êtes-vous ?
– Chère princesse, je m'appelle Linns, serviteur, et le meilleur, de la cour d'Herndall.
– Quoi ?
– Disons que je suis ton sauveur. C'est plus simple.

Un bruit retentit un peu plus loin dans la forêt. Linns lança des regard inquiet autour de lui.

– Nous ne devrions pas nous attarder ici.
– Je ne bougerai pas tant que je ne saurais pas où nous sommes et ce qu'est la cour « d'Erdall ».

En effet, le décor avait totalement changé. Loin de la neige et du froid, ici le soleil brillait et l'hiver avait fait place à l'été.

– Lève-toi, je t'expliquerai en chemin.

La jeune fille, voyant l'air inquiet du garçon, se leva et le suivit. Ils avancèrent pendant de longues minutes. La jeune fille craqua et finit par lui redemander où ils se trouvaient.

– Tu n'es plus dans ton monde. Sais-tu déjà qui tu es ? répliqua le garçon.
– Bien sur ! Je m'appelle Maïa Rands, j'ai 16 ans. Et pourquoi tout le monde me pose cette question ! s'énerva la blonde.
– Tu ne t'appelles pas Maïa Rands.
– Ah oui ? Et qu'est-ce que tu en sais? Crétin.

Sans se laisser perturber, le garçon continua.

– Tu t'appelles Maïa Randans, princesse héritière d'Herndall.
– Mais bien sur !
– Si je te le dis. Ne s'est-il pas passé des choses étranges dans ta vie ? De la glace qui sort de nulle part ou bien juste de la neige quand tu en as envie.

La jeune fille réfléchit puis se souvint que lorsqu'elle demandait de la neige, il y en avait souvent le lendemain. Elle se souvint aussi de ce qui s'était passé dans le parc. Quand la glace avait explosé pour sauver la petite fille. Et puis aussi quand elle s'était faite torturer, et que la glace avait envahi la pièce. Mais elle se forçait à ne pas y croire.

– C'est ... Ridicule !
– Et ce si beau soleil ? répondit calmement le jeune homme.
– Nous sommes justes loin de chez moi.
– Tu n'imagines pas à quel point, princesse.

Le jeune homme se tut, et la jeune fille ne répliqua pas. Mais elle dut se rendre à l'évidence, rien ne semblait normal. Les arbres semblaient si haut, qu'elle pensait qu'ils pourraient atteindre le ciel. Les oiseaux chantaient d'une façon qu'elle n'avait jamais encore entendue. Et sans savoir vraiment pourquoi, elle ne se sentait pas... Dans son monde.

– Imaginons pendant un instant que je te crois. Pourrais-tu m'expliquer ?
– Mais bien sûr princesse. Nous actuellement sommes en terre neutre, et nous nous dirigeons vers Herndall. Ton royaume. A l'opposé se trouve le Royaume Urzhad. Et je ne te conseille pas de t'y aventurer.
– Comment ça « mon Royaume » ?
– Tu es la princesse héritière du Royaume d'Herndall, je te l'ai déjà dit !
– Mais... non !
– Écoute, la princesse a été enlevée par un membre d'Urzhad. À ses 2 ans. Il est donc logique que tu ne te souviennes de rien. Et cette princesse il se trouve que c'est toi !
– Mais ce n'est pas moi, cette princesse !
– Et ton pouvoir de glace, comment l'expliques-tu ?
– Comment tu le sais ? Que je... Enfin...
– Car la princesse devait maîtriser la glace, c'était le seul indice que nous avions pour te retrouver. Chaque enfant de la famille royale a dans l'ordre de naissance un certain pouvoir d'élément. Le premier de la lignée maîtrisait l'Air, son fils l'Eau mais il aurait pu maîtriser la Glace, car c'est considéré comme la même chose. Sa fille à lui, la Terre, et leurs propres enfants ont maîtrisé l'Esprit et le Feu, et on revient ensuite à l'Air et ainsi de suite, et toi tu es née pour la Glace ou l'Eau. Mais donc là c'est la Glace, tu es la gagnante du jackpot, bravo !

Un peu perdue, la jeune blonde ne dit rien. Il y a quelque temps, elle vivait encore une vie « normale », ensuite elle s'est retrouvé dans la rue. Puis là, on lui annonce qu'elle a des pouvoirs, et que c'est une princesse. Il y avait vraiment de quoi être chamboulé.

– Les pouvoirs d'Élément sont réservés au sang Royal.

Après un silence la jeune blonde reprit la parole :

– J'ai une question, pourquoi me suis-je retrouvée dans la famille à laquelle je pensais appartenir ?
– La femme qui t'a enlevée est morte, tuée. Mais avant, elle t'a laissée dans la rue, pensant t'y retrouver après. Ta mère a du te trouver et t'emmener. Mais ton passé reste assez vague pour nous.

La blonde ne parla plus pendant un long moment après toutes ses révélations. Elle avait dû mal à y croire, mais dans un sens elle voulait y croire. Car cette nouvelle pourrait être pour elle un nouveau départ.

– Mes parents sont encore vivants ?
– Bien sur ! Et je t'emmène les voir. Ton père est vieux et s'il doit mourir tu devras devenir Reine.
– Et pourquoi pas ma mère ?
– Ta mère, même si elle est mariée avec ton père, ne porte pas le sang Royal.

Maïa avait un peu peur de rencontrer ses parents. Ce qui paraissait tout à fait normal.
Elle avala sa salive et continua de marcher, encore et encore. Suivant Linns qui ne faiblissait pas. Au bout de quelques heures encore, Maïa avait les jambes en compote, ses membres la faisaient souffrir. Linns, ayant remarqué son mal, s'assit contre un arbre, et la jeune fille s'affala par terre, le souffle court.

– Si moi j'ai des pouvoirs, tu dois donc en avoir aussi, non ?
– Oui, je contrôle une partie de la Nature. Je peux communiquer avec elle, tu connais « mère Nature » et bah elle existe. Et elle est super-cool d'ailleurs !
– Elle est... Genre vivante, et tout ?
– Non, disons que c'est un esprit qui vit en chaque arbre, chaque brin d'herbe... Je peux aussi faire pousser les arbres ou bien changer le cours de l'eau.
– Pourrais-tu me faire une petite démonstration ?

Le jeune homme lui sourit et tendit une main, il la recouvrit ensuite avec l'autre. Quand il enleva sa main, une rose rouge sang était apparue dans sa paume. Il l'offrit à la jeune fille.

– Princesse...
– C'est incroyable ! Je pourrai faire ce genre de chose avec mes pouvoirs ?
– Bien sûr mais il faudra que tu apprennes à les contrôler, avant tout.

Maïa imaginait ce qu'elle pourrait faire avec ses pouvoirs, quand elle vit une ombre étrange passer derrière Linns qui était face à elle. Elle se leva et avança vers l'endroit où l'ombre était apparue. Le jeune homme la suivait mais ne comprenait pas son comportement. Elle avançait doucement, pas à pas. La forêt lui paraissait maintenant plus sombre. Elle continuait d'avancer quand une voix retentit derrière eux.

– Linns tu es toujours aussi incapable.

Les deux amis, si l'on pouvait les considérer ainsi, se retournèrent d'un seul homme. Adossé à l'arbre où ils étaient il y a quelques instants, un homme, lui aussi très jeune, les regardait froidement. Il était grand, très grand. Il avait des cheveux noirs, aussi noir que le charbon. Et ses yeux étaient d'un doré magnifique. Ses vêtements étaient tout de noir et de doré, contrairement à Linns qui, lui, portait des vêtements verts et marron. Les habits du nouvel arrivant étaient aussi plus distingués. À sa ceinture il portait un long fourreau où l'on voyait dépasser le manche d'une épée.

– Shenan, que viens-tu faire ici ? demanda Linns, qui avait perdu son éternel sourire.
– Mais je viens pour elle, il pointa du menton la jeune blonde qui le fixait toujours.
– Laisse tomber je dois l'emmener avec moi. Sur ordre du Roi.
– Peut-être, mais sur ordre de ma Reine, moi je dois l'amener à elle.
– Jamais.
– Tu sais que si nous nous battons tu vas perdre, alors s'il te plaît...

Linns serra le poing et une branche sortit du sol à 1 mètre de lui avant de se diriger droit vers le garçon aux cheveux noirs. Ce dernier sortit rapidement son épée et il coupa très facilement la branche. La lame de son épée ne semblait pas normale. Une sorte de chaleur intense l'entourait. Le combat entre les deux jeunes hommes avait commencé, ils se battaient avec rage, mais l'un gagnait clairement le combat. Shenan.
La blonde, qui n'avait toujours pas bougé, voulait faire quelque chose pour aider son ami. Elle se souvint de ce qui s'était passé au parc, elle avait tendu son bras et la glace avait explosé. Si elle retentait, peut-être que de la glace pourrait venir immobiliser le brun. Elle n'avait rien à perdre.

Maïa tendit son bras droit vers les deux adversaires et se concentra. Un petit filet de glace sortit de sa main et fila droit vers l'intrus. Shenan, qui avait vu la manœuvre de la jeune magicienne para la glace de son épée, la glace fondant dès qu'elle approchait. Il donna un violent coup dans le ventre de Linns qui tomba. Il s'approcha dangereusement de Maïa. Elle voulut relancer un sort mais en vain. Elle se retrouvait seule face à cet homme, Linns étant hors compétition. Il ouvrit ses deux paumes tout en continuant de marcher vers elle. Deux filets de feu sortirent de ses mains, et s'enroulèrent autour des poignets et des chevilles de la blonde, qui se retrouva bien vite coincée. La magicienne ne cessait de bouger pour se délivrer mais les liens de feu qui la retenaient ne la lâchaient pas.

– Si tu continues, je ferai en sorte que le feu te brûle.

La blonde réfléchit un instant puis se stoppa.

– Laisse-moi partir.
– J'ai des ordres à suivre.
– Tout ce que je veux c'est rencontrer mes parents au moins une fois ! Je t'en prie !
– Pourquoi je ferais ça ? J'y gagne quoi, à part me faire tuer pour trahison ?

Maïa se mordit la lèvre inférieure, si fort qu'un goût de sang lui envahit la bouche.

– Qu'est-ce que ta Reine va me faire si je viens avec toi ?
– Sûrement te tuer ou te faire esclave. Au choix.
– Alors... emmène-moi chez mes parents, ensuite, et seulement là, je viendrai avec toi.
– Je pourrais t'y obliger.
– Mais une guerre sera sûrement déclenchée, non ? Je ne connais pas ce monde mais ça me paraît logique. Mais si je viens de moi-même, c'est mon choix, il n'y en aura pas. Et si ça ne te suffit pas, sache que si tu n'acceptes pas, pendant tout le trajet je te mènerai la vie dure. Tu ne perds rien.
– Hummm... Très bien ! Mais tu devras respecter ta promesse !

La jeune fille sourit, elle non plus n'avait rien à perdre, elle voulait juste rencontrer ses parents. C'était son seul souhait. Jamais elle n'avait eu la chance d'avoir des parents normaux, combien de fois elle en avait rêvé ! Peu importe ce qu'il pouvait lui arriver après, elle s'en fichait.

– Mettons-nous en route ! Dit le garçon.
– Mais... Et Linns ?
– Il se réveillera dans 1 ou 2 heures. Quand cet idiot sera capable de se relever.

Avec un dernier regard vers son ami, Maïa suivit Shenan. Le voyage fut encore long, et fatiguant. Elle apprit que Shenan était prince d'Urzhad (ce qui expliquait ses habits distingués), et qu'il avait trois frères aînés. Les hommes qui l'avaient enlevée dans la rue avaient été envoyés par son Royaume pour la tuer. Mais comme elle avait réussi à s'enfuir, la Reine avait voulu la voir.
Un peu après avoir commencé à marcher, Shenan s'était arrêté et avait demandé de lui faire un serment. Si elle ne respectait pas sa promesse ou lui la sienne, le coupable irait en Enfer. Elle le fit même si elle ne savait pas vraiment ce que cela signifiait.

La nuit avait fini par tomber, ils décidèrent de dormire près d'un lac. Après s'être installé, Shenan fit apparaître un feu de couleur bleue. La jeune fille se posa des tas de questions, mais n'osait pas lui en poser. Il était allongé, les mains derrière la tête et il fixait le ciel. Les étoiles paraissaient immenses. Et la lune encore plus. La jeune magicienne se rendit compte qu'il était extrêmement beau. Les traits de son visage étaient froids, il était doté d'une beauté glaciale, fascinant quand on savait que son pouvoir était le feu. Elle finit par oser lui poser une question, qui la tiraillait depuis longtemps.

– Comment-as-tu réussis à maîtriser tes pouvoirs ? dit-elle doucement.

Sans relever la tête il lui répondit.

– J'ai toujours vécu dans ce monde, la magie fait partie de ma vie depuis toujours. J'ai toujours su m'en servir, c'est naturel pour moi. Mais je préfère me battre avec une arme, même si elle est magique. Je trouve que la magie est une forme de lâcheté car on ne se met pas forcément en danger alors que l'on veut tuer l'autre.

La jeune fille se tut. Elle avait envie de tester ses pouvoirs. Mais comment ? Son regard tomba sur le lac à côté d'elle. La jeune magicienne se leva et se dirigea vers celui-ci. Ses pieds n'étaient plus qu'a quelques centimètres de l'eau froide, elle s'agenouilla, et posa ses paumes au ras de l'eau. Un frisson lui parcourut le corps. Elle ferma les yeux, et se concentra, les bruits de la nature lui paraissaient bien plus nets. Le vent qui lui soufflait dans les cheveux, les ailes d'une chauve-souris passant par là, le crissement des feuilles contre le sol et les quelques rongeurs caché dans les buissons. En-dessous de ces paumes tendues, l'eau commença doucement à se figer, puis à se transformer en glace, qui s'étala de plus en plus pour finir par recouvrir tout le lac. Derrière Maïa, Shenan se tenait debout et regardait le lac geler. Quand la jeune fille rouvrit les yeux, elle n'y croyait pas. Sa main passa sur la glace. Une drôle de sensation l'envahit, une sorte de puissance.

– Pas mal pour une débutante.
– Je... Je ne comprends pas.
– Il n'y à rien a comprendre. Tu devrais aller dormir.

La jeune blonde se leva et se retourna enfin vers Shenan Ils se fixèrent quelques secondes dans les yeux. Maïa le trouvait beau, très beau. Même s'il ne l'aurait jamais avoué, le jeune homme pensait la même chose de la princesse. Le rouge monta aux joues de la blonde très rapidement, et un sourire apparu sur le visage du garçon. Elle baissa la tête gênée et passa à côté du jeune homme pour aller se coucher. Une fois allongée sur l'herbe, ses yeux se fermèrent pour se réveiller seulement quand le soleil se fut levé.
La tête pleine de brume, elle s'assit et regarda le lac, la glace avait disparu, pour laisser la place à une eau transparente.

– Enfin réveillée ! Nous devons continuer, avec un peu de chance nous pourrions arriver ce soir.
– Très bien, alors en route.
– Il faut que tu manges, tiens.

Le garçon lui tendit deux fruits étranges. Elle les prit sans se poser de question et les mangea très vite. En vérité, la jeune fille avait extrêmement faim, mais n'osait rien demander.
Une fois qu'elle eut fini son repas, ils reprirent la route. Marcher, la jeune fille en avait marre. Mais marcher à côté de lui, ne la dérangeait pas. Elle ne l'avait vu sourire qu'une seule fois, hier, mais elle était tombée amoureuse de ce sourire. Elle n'avait jamais ressenti ça, et surtout pas si vite.
Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et les jeunes gens marchaient côte à côte. Quand tout à coup, un rugissement se fit entendre derrière eux. Les deux se retournèrent d'un seul homme. Un loup géant se tenait à quelque mètre derrière eux. Son pelage était noir mais il avait des reflets violet foncé, ses yeux étaient rouges.

– Aah ! C'est pas possible, on peut pas être tranquille ! dit le jeune homme.

Shenan ne semblait pas du tout avoir peur du loup qui montrait les dents. Il semblait juste agacé. Il mit la jeune fille derrière lui et lui glissa dans l'oreille « Bouge pas, je reviens dans 2 minutes ». La jeune fille rougit malgré elle. Le fait de la voir ainsi l'amusait beaucoup. Il se retourna vers la bête et s'avança vers elle, en dégainant son épée de feu. Le loup lui aussi s'avança, ils se firent face pendant quelques instants, le loup fut le premier à attaquer. Shenan lui donna un coup avec le plat de son épée. Le garçon s'amusait avec la créature. À quelques mètres, la jeune fille poussait un cri à chaque fois que le loup chargeait. Après 2 ou 3 minutes, Shenan commençait à s'ennuyer et en un coup d'épée il coupa la bête en deux. Elle disparut en se consumant.
Maïa avait caché ses yeux et n'osait plus retirer ses mains. Le jeune homme s'approcha d'elle avec sourire aux lèvres. Il aimait beaucoup ces habitudes enfantines. Arrivé en face d'elle, il retira ses mains et lui lança un grand sourire. La jeune fille regarda derrière l'épaule du garçon, mais ne trouva pas la bête.
En retournant son regard vers Shenan, elle se rendit compte que le visage de celui-ci n'était plus qu'à quelques centimètres du sien.

– Tu aurais pleuré si j'avais été tué ? dit-il moqueusement.
– Je... Tais-toi !

Et il se mit à rire. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ri et cela lui plaisait. Et même si toutes les règles l'interdisaient, même si sa mère, la Reine d'Urzhad, l'aurait sûrement bien amoché pour ça, même s'il violait tous ses principes, il l'embrassa. La jeune fille ne bougea pas, tétanisée. Il finit par s'éloigner doucement de Maïa, plus rouge que jamais.

– Tu es mignonne quand tu rougis...
– Lâche-moi!

Son visage perdit son sourire, et son regard se fit plus dur.

– Très bien, je retourne dans mon Royaume, débrouille-toi, pour les trouver, tes parents, dit-il en partant.

La jeune fille ne réagit pas croyant qu'il blaguait. Mais quand le jeune homme disparut entre les arbres, Maïa commença à paniquer. La magicienne se mit alors à courir dans la direction où le prince avait disparu.

– Shenan!


Elle courait, elle courait de plus en plus paniquée. Ses yeux parcouraient la forêt, mais elle était vide. Elle tomba alors à genoux. Perdue, encore et toujours perdue. Que ce soit dans ses sentiments, dans une forêt vide, dans ruelle sombre, elle était perdue.

– Tu m'avais juré...

Mais sans qu'elle l'ait remarqué, un jeune homme était debout derrière elle. Et oui, il n'avait jamais eu l'intention de la laisser, il était juste bon comédien.

– Je savais que je te manquerais.

La jeune fille reconnut la voix du prince automatiquement. Elle se leva et se jeta dans les bras du garçon. Elle le serra fort. Puis sans prévenir elle le repoussa, se mit en face de lui, et le gifla. Le prince porta une main à sa joue avec une drôle de grimace.

– Je ne comprendrai jamais les filles...
– Idiot! Crétin ! Tu n'es qu'un...

Elle se rendit compte qu'elle était en train d'insulter un prince qui pouvait la désintégrer en moins d'une seconde.

– Allez, viens, dit Shenan en souriant.

Il lui prit le bras et l'emmena. Ils recommencèrent à marcher, ni l'un ni l'autre n'était revenu sur l'épisode du baiser. La jeune fille ne savait pas quoi en penser. La nuit commençait à tomber, quand Shenan lui annonça la nouvelle.

– Eh bien, Princesse, nous sommes arrivés dans votre Royaume. À partir d'ici, je ne serai pas très bien vu.
– Pourquoi ?
– Nos deux Royaumes sont ennemis jurés, mais pour l'instant la paix est maintenue. Je dirais que j'ai un message pour le Roi de la part de ma mère, on devrait réussir à passer.

Ils entrèrent dans une sorte de grande ville. Mais rien à voir avec les grands immeubles, les voitures et tout ça du monde des humains. Non, ici les maisons étaient en pierre et les gens se déplaçaient à cheval ou à pied. Dans les rues, toutes les personnes se retournent sur leur passage. Mais personne n'osait les regarder bien longtemps.
Plus ils avançaient, plus les maisons étaient grandes et luxueuses. Au-dessus des maisons, on pouvait apercevoir un grand château. Si grand qu'il dépassait toutes les maisons d'au moins 5 étages. Autour du château, se trouvait une grande cour. Et le seul moyen d'entrer dans cette cour qui mène au château était de passer par une grande grille en métal, surveillée par une dizaine de gardes bien armés. Le prince ne semblait pas impressionné. Arrivé au portail, il déclara calmement au garde qu'il avait un message pour le Roi, comme il l'avait dit plus tôt, et les gardes le laissèrent passer, ainsi que la blonde .Elle, elle était loin d'être calme, depuis qu'ils étaient entrés dans la ville, une boule s'était formée au milieu de son ventre. La magicienne paniquait totalement à l'idée de rencontrer ses parents. Et s'ils ne l'aimaient pas ? Ou qu'ils ne voulaient pas la voir ?

L'intérieur du château lui semblait bien plus grand que de l'extérieur. Des gardes étaient venus les chercher et leur avaient dit qu'ils les mèneraient à la salle du trône. Les gardes s'arrêtèrent en face d'une porte plus que géante. Elle faisait au moins 6 fois la taille de la princesse. Puis ils leur ouvrirent la porte. La salle du trône était la plus grande pièce que la blonde n'ait jamais vue. Les murs étaient faits de pierre grise, de la porte jusqu'au fond de la salle il y avait un grand tapis rouge. Et au fond de la salle sur une sorte d'estrade, deux trônes. Et deux personnes étaient assis sur cette chaise royale. La blonde n'osait pas bouger. Le brun se pencha vers elle et lui chuchota de faire comme lui.
Il commença à avancer droit vers les trônes. La princesse avait les mains moites et tremblantes. Elle se demandait si elle allait s'évanouir avant de s'arrêter. Arrivé à quelques mètres de l'estrade, le prince s'agenouilla, et la magicienne l'imita. Le Roi prit la parole :

– Relevez-vous.

Les deux jeunes gens se relevèrent.

– Il paraît, prince Shenan, que vous avez un message pour moi.
– Ce n'est pas exactement ça, votre altesse.
– Alors qu'est-ce ?
– Voyez-vous, j'ai fais un pacte avec cette jeune fille, et cette jeune fille se trouve être « La princesse perdue ».

Perdue, encore ce mot.
Le Roi et la Reine ouvrirent grand les yeux, et se mirent à regarder plus attentivement la jeune blonde. Il était vrai que physiquement, elle ressemblait beaucoup à la Reine. Qui prit pour la première fois la parole.

– Mon Dieu !

Elle se leva, et s'avança vers la blonde, qui ne savait plus où se mettre, ni quoi faire. Sa mère la prit dans ses bras et se mit a pleurer.

– Ma petite ! Ma puce ! Tu es revenue !
– Je...

La blonde ne savait pas quoi répondre.
Le Roi n'avait pas bougé d'un poil depuis l'annonce. Un détail l'avait interpellé. Un gros détail.

– Shenan ? Quel est ce pacte ?
– Je devais l'emmener voir ses parents, vous. En échange, je pourrai obéir tranquillement à l'ordre de ma Reine.
– Qui est ?
– L'emmener à Urzhad.

Une rage monta chez le Roi, il venait de retrouver sa petite fille qu'il avait tant cherché, et on voulait déjà lui enlever.

– Je vous laisse quelques minutes.

Sur ces mots le prince, après une légère révérence, tourna les talons et sortit de la salle. Le Roi se leva, et rejoignit les deux femmes toujours enlacées.

– Maïa, pourquoi as-tu fais ça ?! Nous venons tout juste de te retrouver !
– Je voulais juste vous rencontrer ! Au moins une fois ! Maintenant je sais que j'ai une famille, des gens qui m'aiment et... Et c'est tout ce je voulais...
– Mais tu aurais pu venir sans faire ce pacte ! dit sa mère désespérée.
– Crois-tu que le prince Shenan m'aurait laissée partir et aurait trahi son peuple ? Bien sûr que non. C'était la seule solution. Et ma décision permet d'éviter une guerre, s'il vous plaît, ne cherchez pas à me récupérer, j'assume totalement ma décision.

Les discutions s'arrêtèrent. De toutes façon le destin était scellé, si elle n'y allait pas elle mourait et plongerait droit en Enfer.

– Je vous aime.
– Moi aussi ma princesse ! dit Reine, en pleurs.

Le Roi ne dit pas un mot, mais en pensait tout autant.
La jeune magicienne se sépara de ses parents et quitta la salle. Maintenant elle aussi pleurait. Quand elle eut passé la grande porte, elle se referma automatiquement. Shenan l'attendait patiemment.

– C'est l'heure, princesse.
– Oui, allons-y.
– Tu sais, maintenant je regrette. Je regrette d'avoir fais ce pacte idiot. Mais je n'ai plus le choix.
– Moi aussi. Même si je suis heureuse d'avoir rencontré mes parents, j'aurais aimé que ça se passe autrement.

Les deux magiciens partirent du château en silence. Ils devraient marcher longtemps pour atteindre Urzhad. Plusieurs jours. Et seule la Reine d'Urzhad savait ce qui attendait Maïa. La mort ? La torture ? Ou elle ne savait quoi d'autre ? Mais Maïa ne regrettait pas vraiment ses choix, maintenant. Elle s'était trouvée, maintenant. Elle n'était plus perdue.


Il y a les bons et les mauvais choix,
mais au fond il n'y a pas de mauvaise décision.
Nos choix sont ce que l'on est,
nos choix nous représentent.
Les décisions peuvent être fatales, dures,
mais elles sont parfois nécessaires.  


http://lefilsdesheritiers.skyrock.com/ ou son pseudo : Lefilsdesheritiers

PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant