Quelques jours plus tard, je stationne à une dizaine de mètres de la maison où est censé vivre le salaud qui a tué mon enfant.
Assis derrière le volant de ma voiture, j'aperçois depuis ma position la porte d'entrée, le garage et un portillon qui semble donner sur le jardin.
Durant des heures, je reste sans bouger, les yeux rivés sur la demeure. Toutes ces années d'inaction et d'alcoolisme mettent à rude épreuve mon jugement et ma patiente. Je ne pense qu'à foncer dans cette baraque, saisir ce pourri et le tuer.
Heureusement, mon expérience de militaire, bien qu'enfoui au plus profond de ma mémoire, me dicte d'attendre le bon moment, surtout que mes réflexes ne sont plus aussi affutés après mon passage à vide suite à la mort de ma femme chérie.
La seule chose qui le tient encore debout et toujours vivant est l'envie de faire souffrir ce salaud d'assassin.
La journée s'écoule très lentement sans aucun signe de vie dans la maison. Je pense beaucoup à ma fille et à ma femme. J'entends leurs rires, je revis les fêtes de Noël, les anniversaires, les vacances, mais aussi les galères, les nuits de veille quand Chloé tombait malade.
Soudain, j'aperçois un homme marchant sur le trottoir d'en face. Un mètre soixante-cinq, soixante-dix kilos, cheveux très foncés. J'ouvre le dossier posé sur le siège passager et vérifie la photo imprimée par Henri.
Aucun doute possible, Le Gaulois se tient à quelques mètres de moi. Il semble bien ordinaire, un passant comme les autres pour le commun des mortels. Son visage inspire la confiance et je m'imagine ce monstre à l'allure sympathique allongé sur ma petite fille, lui volant sa jeune vie qui ne fait que commencer.
Une dame d'une vingtaine d'années le croise et ils s'arrêtent pour discuter et rire.
Difficile pour moi d'assister à ce spectacle, ils rient et je n'ai qu'une envie, bondir hors de ma voiture et lui trancher la gorge.
Mais c'est bien trop rapide, il faut qu'il souffre, il faut qu'il sache qui lui prend sa vie et pour qui, pour ma Chloé.
Les deux passants se séparent en se serrant la main. Je regarde l'assassin s'éloigner vers la porte d'entrée. Mon cœur est en feu et cogne dans ma poitrine.
Je ne peux m'empêcher de m'imaginer le corps de mon enfant, froid et seul dans son cercueil.
Une rage folle envahit mon cerveau et mes tempes palpitent à se rompent.
La rue est de nouveau déserte, la nuit s'installe peu à peu et je distingue nettement la lumière au rez-de-chaussée de la maison. Quelques heures encore, je suis seul derrière mon pare-brise.
Dissimulé par la nuit, je sais que l'obscurité est ma meilleure alliée.
J'ai rempli la plupart de mes missions en vision nocturne, le noir est mon allié de combat depuis toujours.
Le bourreau peut se révéler très dangereux, je ne dois négliger aucun aspect de ma mission et mettre toutes les chances de mon côté.
Plus le temps passe et plus je me sens redevenir le soldat que j'avais été il y a bien longtemps. Les doutes ne sont plus de mise, mon principal atout est ma détermination, mais aussi ma solitude. Je n'ai plus d'attaches et je suis prêt à mourir pour rejoindre ma famille.
Une heure du matin s'affiche sur ma montre.
Il est l'heure, je quitte la voiture et d'un pas décidé je traverse la chaussée.
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Un père aux enfers
FantasyNous pensons tous connaître la vie, maitriser l'existence, décider de notre destin. En réalité, il n'en est rien. Quelque chose de bien plus grand nous manipule, nous dirige et décide pour nous. Mais jamais je n'aurais pu imaginer la souffrance, la...