Mauvais timing.

Chapitre 26

Miami International Airport - vingt-cinq juin 2014

Nous sommes tous debout devant le panneau qui affiche le retard de notre avion. Nous ne pouvons pas rester plus longtemps dans cet aéroport, il y a des policiers et mêmes quelques militaires sécurisant l'endroit. C'est une chance incroyable que personne ne nous ait encore reconnu, pourtant nous sommes à l'intérieur de l'aéroport depuis presque trois heures.

Shawn tourne en rond depuis bien une demie-heure, il joue avec son téléphone en le passant de sa main droite à sa main gauche, comme s'il attendait un message. Justin est encore plus nerveux que lui, il tapote ses doigts sur sa poche de veste dans laquelle se trouve son revolver, en jetant des regards furtifs autour de lui, comme si tout à coup, quelqu'un allait nous reconnaître et alors il faudrait faire vite. Éliminer le plus de témoin.

"C'est pas possible ! Où est passé ce putain d'avion, le jour où nous devons le prendre ?"

Lauren n'est pas plus détendue, c'est elle qui vient de parler, complètement paniquée à l'idée de devoir tuer des gens ici. Nous n'aurions aucune chance, de toutes façons, c'est ce qui les effraie le plus.

"Merde, fait chier !"

Elle donne un coup de pied dans un des sièges sur lesquels Dinah et Normani dorment, faisant attirer toute l'attention sur nous.

"Eh, eh, calme toi, tu veux, viens t'asseoir à côté de moi, tout va bien se passer, mais je t'en supplie, reste calme."

Elle vient alors dans mes bras, assise sur le peu de place que nous ont laissé Dinah et Normani. Je lui caresse doucement les cheveux pour qu'elle se détende, tout en parlant avec elle de notre future vie, pour la rassurer, pour lui dire que je serai heureuse là-haut, que j'ai changé d'avis.
Nous restons encore une heure dans cette position, lorsque soudain, Shawn se leva brusquement et ouvrit sa valise.

"Qu'est-ce que tu fais ?"

Nous étions les deux seuls réveillés, tout le monde dormait.

"Shht, tais toi Camila, tu vas réveiller les autres."

"Qu'est-ce que t'es en train de faire ?"

Je chuchotais en me libérant des bras de Lauren pour le rejoindre, je n'ai pas confiance en lui.

"Tu vois les types là-bas ?"

Je me retournais et regardai en direction de deux gars de la sécurité qui nous regardaient.

"Qu'est-ce qu'ils ont ces types ?"

"C'est ce que je me demande depuis toute à l'heure, ils font que de nous regarder, je crois qu'ils nous ont reconnu."

"Mais non, si ça se trouve ils nous surveillent juste parce qu'on est ici depuis plusieurs heures et qu'on est tous des jeunes, les jeunes ça embêtent les gens quand il y en a de trop ."

Il sort un flingue de sa valise, le met dans sa veste, il en sort un autre, toujours aussi discrètement et me le tend. Comment il est passé avec ça lui ?

"Donne ça à Lauren et réveille là, réveille tout le monde."

"Shawn, écoute, ça sert à rien de paniquer, et puis, si ça se trouve, nous ne sommes pas du tout discrets."

Il ne m'écoute pas et continu de fouiller énergétiquement dans la petite valise, en jetant des coups d'œil furtifs derrière lui.

"Shawn, arrête !"

Il a vraiment l'air d'un fou.

"Shawn !"

Ma voix résonne dans l'aéroport, le peu de monde qu'il reste à cette heure-ci nous dévisage comme si nous étions fous, en même temps, je crois que Shawn est en train de le devenir. Les deux types nous fixent encore plus qu'avant, ils s'échangent quelques mots avant d'avancer en notre direction. Shawn m'agrippe le bras, il veut partir, il a peur, c'est étonnant, je n'imaginais pas que ce type connaisse la peur.

"Ils viennent vers nous !"

"J'avais pas remarqué, tiens !"

"C'est pas le moment de rigoler, Camila, j'ai pas envie de finir ma vie en prison, je suis trop jeune pour tout perdre."

"Fallait peut-être y penser avant de t'embarquer dans toute cette histoire, imbécile !"

"Je vais les amener jusqu'aux toilettes, je les tue et on s'en ira."

"Et on fait quoi après, gros malin ? Une fois qu'ils seront morts, on devra attendre l'avion, on n'a pas d'autres choix. Si quelqu'un trouve les corps, on est foutu, laisse les arriver, on verra ce qu'ils ont à nous dire."

"Parle leur, je vais réveiller les autres, juste au cas où."

"Fais donc ça."

Je roule des yeux en le voyant refermer la valise, il continu de jeter des regards autour de lui, comme si quelque chose allait lui sauter dessus, il est ridicule. Je me retourne lorsque que je sens une présence derrière moi, enfin, plutôt deux pour le coup. Ils ont l'air immense de près, ils doivent faire une tête de plus que moi, je me sens toute petite, au sens figuré, comme au sens propre.

"Vous attendez le vol en retard ?"

Quelle politesse, je m'attendais à mieux de la part d'un vigile dans un aéroport réputé comme celui de Miami.

"Oui."

Il me regardait dans les yeux, comme s'il essayait d'y trouver mon identité.

"Quel âge avez-vous, mademoiselle ?"

L'autre semblait un peu plus diplomate.

"J'ai 18 ans, et mes amis ont entre 17 et 23 ans."

"Vous êtes drôlement jeunes pour partir à l'autre bout du monde, vous fuyez quelque chose ?"

Son ton prétentieux me donnait envie de le gifler, de lui répondre que oui, nous étions une bande de criminels recherchés dans tous le pays, et même que, d'ici moins de vingt minutes, il allait mourir, son collègue aussi d'ailleurs. Mais à quoi je pense moi ? Je deviens aussi folle que Shawn.

"Des vacances entre amis, l'Europe, ça fait rêver, non ?"

Il y avait une sorte de tension, ils me mettaient tous les deux au défi, allais-je faire un faux pas ? Et je les défiais aussi, d'un sens, je les défiais de comprendre qui nous étions et ce qu'il se passait.

"Je pense que je vais retourner auprès de mes amis, si ça ne vous dérange pas."

Mais ils ne comprenaient pas, ils étaient sur le point de laisser les jeunes les plus recherchés des Etats-Unis, s'enfuir en Europe.

"Messieurs."

Je les saluai d'un sourire avant de me retourner et de partir. Shawn avait effectivement réveillé tout le monde, Lauren s'approcha de moi avant de me prendre dans ses bras en souriant.

"Fausse alerte Shawn."

En même temps que je prononçai ma dernière phrase, la voix automatique de l'aéroport annonça l'arrivé de notre avion. Tout le monde souffla de soulagement. Nous prîmes tous nos sacs et partîmes en direction de l'embarcation.

...

Ce n'est qu'une fois l'avion à terre que je me sentie en sécurité. Loin de l'Amérique, loin de nos avis de recherche.

"Bienvenus en Europe, mes amis."

S'écria Dinah en levant les bras en l'air.

"On l'a fait, les gars, on l'a fait bordel de merde !"

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