L E C O M M E N C E M E N T

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A cette époque je venais tout juste d'avoir mes dix-sept ans, j'entrais en terminale littéraire.
Tout allait pour le mieux, j'avais enfin réussi à trouver un équilibre dans ma vie après des années de tourment alors que j'étais encore au collège.

Nous étions un lundi matin, c'était la rentrée des vacances de Noël.

Je n'attendais qu'une chose, retrouver les quelques amis que j'avais et savoir qui avait le plus souffert et ne s'était toujours pas remis de toutes ses bouteilles d'alcool enquillés pendant les vacances.

J'avais mis mon réveil a la même heure que d'habitude, un miracle puisque je n'étais pas en retard, pour une fois.
À huit heure pile, j'étais devant le lycée.

Je fume ma roulée, assise sur un banc.
La foule commence à se manifester dans le hall et aucun signe de vie de mes amis.
La cloche sonne dans moins de dix minutes et je ne vais pas me mettre en retard à cause d'eux.
Après tout ils n'avaient qu'à se lever à l'heure.

J'écrase ma clope et m'engouffre dans le hall principal, direction l'heure de français en salle deux-cent un.

Madame Geoffroy est une petite femme maigrichonne, c'est notre professeure de français pour cette année et je l'adore réellement.
Elle réussit à transmettre sa passion de la littérature et de l'enseignement et rien que pour ça, je la trouve fantastique.

Lorsque j'entre dans la classe, seulement quelques élèves sont présents, discutant entre eux.

En m'installant dans le fond, à ma place je remarque par la même occasion que Madame Geoffroy n'est toujours pas arrivée.
Cela semble suspect, elle n'est toujours pas là au bout de cinq minutes.
Ce n'est pas dans ses habitudes d'être en retard à un de ses cours, mais bon, il faut bien une première à tout.

Les minutes défilent, les élèves arrivent et toujours aucun signe de mes amis, ni d'un quelconque professeur.

La sonnerie retentit, et toujours rien.

Je déverrouille mon écran de téléphone lorsqu'un bruit sourd se fait entendre, la porte vient de s'ouvrir à la volée et un homme est devant le tableau, ce n'est pas un nouvel élève.

«Bonjour les première L1. Je suis Monsieur Fellini, Madame Geoffroy étant en arrêt maladie je suis son remplacent jusqu'à la fin de cette année.» annonce t-il

Il traverse la classe pour noter son nom ainsi que la date sur le tableau.

Il a l'air jeune, la trentaine sûrement.
Il doit avoir des origines italiennes étant donné son nom et la couleur de peau contrastant avec le blanc de sa chemise.

Il marche dans la classe, sûr de lui, à travers les rangs regardant chacun d'entre nous et posant des questions à certains, il repart ensuite à son bureau et s'assoit.

«Vous m'avez l'air tous fatigués pour une rentrée, qu'avez vous donc fait pendant vos vacances ?» demande t-il inquisiteur

Il interroge le petit con populaire qui s'appel Alexis Rodriguez, un mec insupportable qui se tape toutes les minettes du lycée, il a forcément dû choper le sida ou quelque chose de ce genre.

«Je crois que vous savez très bien ce que nous avons fait pendant ces vacances, Monsieur.
À votre avis, que faisons nous ?
On profite.» lui dit Alexis avec un clin d'œil

L'ensemble des imbéciles de cette classe merdique se met alors à rigoler, tous des moutons.

«À ce que je vois, la notion de profiter est différente pour tous, c'est bien dommage.» répond Monsieur Fellini

Alexis rigole toujours, à mon avis il n'a sûrement pas dû comprendre que le prof le prenait pour un gros débile de première.

Pour apprendre à nous connaître et savoir qui correspond à qui, il fait l'appel.

Les noms défilent, la plus part je ne les connaît pas puisque je ne fait pas attention à eux.
À vrai dire, j'en ai rien à foutre de savoir comment ils s'appellent.
Je ne veut pas les connaître.

«Katiana Marks ?»

«Présente.»

Il lève la tête de sa feuille et son regard croise le mien pour la première fois depuis le début de l'heure.
Il détourne les yeux rapidement sur sa feuille pour continuer l'appel.

La sonnerie retentit annonçant la fin du cours.
Je range rapidement mes affaires et part de la classe sans faire attention aux personnes m'entourant, trop pressée de quitter cette pièce.

Just Student (Prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant