"J'ai été un idiot, John."

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« Adieu Sherlock. »

Il était assis sur le bord de son lit. Relisant le message. Il fit dérouler la conversation, lu seulement les derniers. Je ne suis pas morte, allons dîner. Bonne Année., le seul qu'il avait envoyé. Adieu Sherlock. Quel idiot. Quel idiot avait-il été. Il aurait du répondre, dès les premiers messages envoyés. A ses demandes de dîner, il aurait du dire oui. Il aurait du accepter. Passer du temps avec elle. Irène Adler, la femme qui fit flancher le grand Sherlock Holmes. Mais qu'avait-il de grand, maintenant qu'il était seul ? Non, pas qu'il fut réellement seul. Mrs Hudson était là ; John aussi. Mais depuis quelques temps, il fréquentait une femme. Et personne n'était à la hauteur d'Irène Adler. Personne ne pouvait l'égaler. Il entendait encore sa voix, au creux de son oreille, murmurer : « Réfléchissez... ». Il l'avait déçue ce jour-là, puis s'était empressé de se rattraper. Mais l'avait-il réellement impressionnée ? C'était une de ces choses qui, jamais, n'obtiendrait de réponses. John entra, s'assit à ses côtés. Dans un premier temps, le silence.

« J'ai été un idiot, John., murmura le détective, prenant sa tête entre ses mains.

Jamais Watson n'aurait cru le voir dans un tel état. Six mois s'étaient écoulés, pourtant, rien n'avait changé. -Sherlock...

-J'ai été un idiot. Je me pensais au-dessus de tout le monde, au-dessus de toutes choses, au-dessus de toutes sensations, au-dessus de touts sentiments. Je me croyais différent. Je me croyais fort, et pensais qu'aimer était une faiblesse. Mais j'avais tort. J'avais tort sur toute la ligne John. A quoi bon être doté d'un cerveau sur-performant si mes actes sont bêtes et irréversibles ? J'ai été un idiot, un parfait crétin. Aimer, n'est pas ma faiblesse. Non., il étouffa un sanglot discret. C'est de ne pas être aimé.

-Sherlock, je ne comprends pas.

-Il n'y a rien à comprendre. J'ai été un imbécile.

-Je ne comprends pas comment cette femme, que nous avons connue pendant trois petits mois, ait pu à elle seule, ébranler tout ton monde. Ebranler ton univers et les principes mêmes sur lesquels il reposait. Alors qu'il y en avait d'autres. Des femmes prêtent à tout pour toi, mais tu ne les remarquais même pas. Comment ? Pourquoi ?

-Tu ne pourras pas comprendre John.

-Je ne suis pas aussi bête que tu le penses.

Holmes soupira. -Ça n'a rien à voir. Tu ne pourras pas comprendre, parce qu'il y avait quelque chose de très particulier. Un lien intense, un lien intellectuel, particulier. Personne ne m'avait jamais fais taire. Tu l'as remarqué toi-même. Personne n'avait jamais eu le dernier mot face à moi. Mais elle, c'était différent. Elle avait cette intelligence, ce pouvoir des mots, cette prestance, toutes ces choses qui pouvaient paraître bien dérisoires. Mais elle les possédait, toutes ces qualités. Et les exerçait à merveille. Il y avait ce lien John. Ce lien entre elle et moi. Cette même façon de penser. Cette même façon de jouer. Cette même façon de fuir. Elle était la seule. »

 John ne sut quoi répondre à cette déclaration. Jamais son ami ne s'était tant confié. Jamais il n'aurait cru cela possible. Il n'y avait rien à faire, il n'y avait rien à dire. D'un geste amical, il posa sa main sur son épaule, exerça une faible pression : que pouvait-il faire ? Lentement, il recula, s'apprêta à sortir lorsqu'il l'entendit murmurer : « Adieu Sherlock ».

"Adieu Sherlock"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant