Chapitre 1 - Ce qui m'a brûlé

261 16 3
                                    


~ Des pleurs pour des cendres ~
La mémoire est comme un disque dur : tout laisse toujours une trace


​​ Assis sur un banc de la courre de l'école, je ne peux m'empêcher de fixer le grand portail blanc de l'entrée. Les écouteurs dans les oreilles, les cris des enfants sont étouffés par l'air de saxophone que joue mon lecteur mp3. Je me frotte les bras de manière automatique ; je n'ai pas froid, mais j'en ressens le besoin, j'ai l'impression de me protéger des éléments autour de moi. Une partie de mon corps est enveloppé par des bandes de tissus blancs. Mon bras gauche, mon flanc mais aussi mon cou. La raison est simple : ma peau a brulé à ces endroits, ne laissant que de la chaire à vif et déformée, presque fondue. L'épiderme externe ne s'est jamais réellement reconstituée, et ces endroits ne supportent plus rien : ni la chaleur de la cheminée, ni la caresse de mes propres doigts... et pas même un simple courant d'air. A une certaine époque, même ma joue était abîmée. Les mois passants, j'ai finis par totalement cicatriser et je n'ai plus besoin de la panser. Une rougeur persiste, mais rien de suffisamment voyant pour que l'on puisse parler d'une tâche de vin. Je n'ai toujours pas de réponse aux questions qui me taraude depuis que j'ai repris connaissance dans un centre hospitalier : que m'est il arrivé ? Qui suis-je ? D'où viennent ces brûlures ? C'est sûrement pour ça que je ne peux pas détacher mon regard du portail. J'espère qu'un homme va apparaître, avec toute la mémoire qu'il me manque. Je sais que ce sera un homme. J'en suis persuadé, sans vraiment savoir pourquoi. Je l'imagine grand, vêtu de noir avec un chapeau sombre et une cigarette blanche entre les lèvres. RIen à voir avec Kakashi, mon responsable légal. Et père adoptif. Lui est rarement habillé en noir, gentil, attentionné et protecteur. Le seul point commun qu'ils pourraient avoir, lui et l'inconnu, est le talent de garder le silence, aucun des deux n'étant vraiment bavard. Cet homme tarde à venir. J'irais bien le retrouver, si je le pouvais, mais par où aller ?Je reviens brutalement à mes pensées quand une main se pose sur mon épaule et me secoue sans ménagement. 

 - Hé, Cender ! Allez, viens mon gars, ça a sonné ! T'es dans la lune ou quoi ? Poussant un profond soupir, je releve les yeux vers lui. 

C'est Kiba, un grand gaillard aux cheveux bruns. Il est plutôt bien monté et détient un certain tact, si bien qu'il a été élu délégué de la classe et connait quasiment tous les élèves de notre niveau, y compris dans les autres écoles. Toujours énergique et plein de gaieté, il me donne une tape amicale quand il voit que je ne réagis pas. 

 - Allez lève toi ! On va finir par être en retard au cours le plus passionnant de la semaine ! Un petit sourire se dessine sur mes lèvres.

 - Tu parles bien du cours de physique chimie ? 

 - Hm ? Non je parle d'une heure à compter des moutons qui sautent au dessus d'une barrière. Allez debout ! Un petit rire m'échappe tandis que je me lève. J'attrape la lanière de mon sac et le hisse sur mon épaule avant de lui emboîter le pas. Les couloirs se sont déjà bien vidés, et je me met à courir derrière Kiba qui s'occupe de repérer dans quel laboratoire nous devons aller. Au bout de quelques minutes, nous voilà mal assis sur des tabourets à écouter un long cours sur les propriétés de certains types de molécules. Une jeune fille est assis à côté de moi. Je ne me souviens plus de son prénom, mais je sais qu'elle est gentille pour lui avoir parler en début d'année. Elle a de longs cheveux noirs et les yeux clairs. D'habitude, personne ne s'assoit jamais à côté de moi sans y être contraint, faute de place. Cette fois-ci, il y a pourtant quelques tabourets de libre dans le fond de la salle, notamment à côté de Shikamaru, qui entretient une bonne relation avec l'ensemble de la classe. Mais non, cette jeune fille s'est assise à côté de moi. Lorsque mes yeux se tournent vers elle, elle me salue d'un mince sourire. Je retiens un soupire et me plonge dans la contemplation des arbres qui bordent le terrain de sport. Evidemment, elle n'allait pas non plus me parler. Elle s'est mise à côté de moi, certes, mais il ne faut pas non plus abuser. La mort dans l'âme, mon poignet se fait moue lorsque je le sollicite pour prendre note du cours. J'ai hâte de retrouver ma chambre. J'ai hâte de prendre en main ma manette de jeu et de m'enfermer dans un monde où il n'est pas necessaire de ressembler aux autres pour être accepter. Un monde dans lequel on communique avec les autres joueurs afin de mettre au point une stratégie. Un monde où je suis quelqu'un de normal, et où la vie réelle n'intervient d'aucune manière. 

Des pleurs pour des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant