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« Les êtres humains ne sont que des insectes nuisibles; les sentiments d'amour, la définition même de la stupidité de l'humanité alors pourquoi... nous font ils vivre ? espérer ? »

La son de cloche vient de retentir dans les couloirs blancs et froids de l'école. Je me lève, la tête haute et le sac sur le côté. Comme à mon habitude, fidèle à moi même, je dévisage chacun des moucherons, insectes purulents et nuisibles qui se trouvent à côté de moi. Ils me rendent ce regard par un silence et la tête basse, se regroupant aux extrémités des couloirs pour me laisser passer.
Ces choses à l'apparence humaine, me haïssent. Nous partageons bien un point commun sur ce côté là. Mais il reste le seul. Loin de moi l'envie de me mélanger à eux. Une gagnante, une battante, une détruite ne peut se mélanger à des gens de si mauvaises apparences et personnalités.
Ma réputation n'est plus à faire. Fille froide, arrogante et imperturbable; gagnante des prix d'excellences physiques et mentales. Tout bonnement la meilleure et chacune de ces petites choses savent qu'il n'est jamais très bon de se frotter à moi. Qu'elles peuvent être lucide parfois... Mais leur intelligence sous développée s'arrête là.
Mes pas résonnent sur le carrelage immaculé, lavé du matin. L'odeur de rose s'est évaporée pour laisser place à la fraiche rosée mélangé à la terre humide des souliers grinçants sur le sol.
Mes camarades - mot qui m'arrache l'oesophage - baissent la tête de soumission. Parfois, certains se risquent à des regards haineux et à des envie de meurtre. Des envies de meurtres... que c'est amusant.
Je souris quand je sens mon corps rentrer en contact avec un insecte maculé de boue de la tête aux pieds. Ses cheveux boueux, mal contenus dans une capuche sale d'un sweat bleu, lui tombant devant des yeux imperceptibles, me font frémir. Sa carrure de bête infirme, bossue et tordue donne un goût amer dans ma bouche dégoûtée.
La ressemblance avec un rat me frappe dès lors. Et que fait-on aux rats ? On les écrase.
Sa main velue me touche l'épaule quand je commence à m'éloigner, les bras croisés sur la poitrine. Je me retourne avec une mauvaise expression d'énervement.
Les autres choses s'arrêtent dans leur action, friands du spectacle, que ce soit de la révolte courageuse du garçon ou du combat certain d'arriver. Que les humains sont lâches... si fades.
Je regarde le rat, désintéressée de sa personne et sans un sourire. J'enroule une mèche de cheveux vermeil autour de mon doigt fin en lui demandant ce qu'il me veut.

- Quand on rentre dans quelqu'un sans le vouloir, il est coutume de s'excuser.

Je lâche ma mèche et me concentre sur le personnage. Pour un rat, il parle bien mais ses yeux me dégoûtent. Derrière la cascade de fils gras, je perçois des yeux en amande et couleur de noisette fraiche. Une couleur pourtant jolie en soi mais qui pourtant me révulse depuis bien longtemps.
Je fixe son regard, tremblant d'abord puis soutenant le mien. Je suis surprise qu'il ne tremble pas, a-t-il du courage sous cette crasse ? Je remarque après que sa bouche sèche tremble, une preuve de peur. Il n'est plus aussi intéressant que s'il avait été courageux.
J'ébauche un sourire malgré l'immondice qui me brûle la rétine et me mets à rigoler d'une voix cristalline et perçante. Certains peuvent bien dire que je suis cruelle et détestable, je m'en contrefiche et réponds que moi, je n'oublie pas.
Je tourne le dos à l'homme immature et replace mes bras sur ma poitrine. J'esquisse quelques pas avant d'esquiver un coup de poing. Anticipation. Ce coup, cecertesort mais mal ajusté, aurait pu m'atteindre au milieu du dos et me briser la colonne vertébrale. Coup futile, rebelle idiot.
Je me retourne, le sourire tombé, remplacé par un rictus mauvais. Sa grande main m'attrape par le col de ma chemise blanche, coincée dans ma jupe à carreaux rouges. Je lui demande de me lâcher, son poing tremble comme jamais. L'angoisse le gagne mais il serre les dents dans un regard noir de haine.

- Sale gosse de riche ! Tu te crois tout permis parce que t'as du fric ?! J'ai fait un effort tout à l'heure, je me suis exprimé avec votre snobisme coutumier à vous les riches ! Alors toi, pourquoi tu ne veux pas t'excuser, dis moi, hein ?!

I Want To Kill YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant