Je n'étais pas sortie de la caisse, mais je pleurais silencieusement, ne comprenant que trop peu ce qui venait de se passer. J'attendais désespérément que Aharon vienne me chercher pour me dire en rigolant que la partie de cache cache était finie. Mais cela n'arriva jamais. Pour me consoler, je humais régulièrement son odeur qui était demeurée sur son écharpe blanche, le seul souvenir, la représentante d'Aharon. Je ne savais pas combien de temps j'avais passé recroquevillée sur moi-même, ignorant la douleur physique des crampes, ou celle de la faim et de la soif. La douleur dans mon cœur était tellement plus forte. Cette fois, je ne m'était pas endormie quand les portes s'ouvrirent de nouveau. Je pouvais voir la lumière orangée du soir entre les planches de la caisse. Cette fois-ci, je comprenais cette langue, le français. Enfin, quelques mots ne me disaient rien, je n'avais pas eu le temps de tout apprendre. J'avais en fait traversé toute l'Allemagne en partant de la Belgique pour me retrouver en Suisse, mais je ne le savais pas. Le couvercle s'était ouvert, des visages d'hommes étaient penchés sur moi. D'ailleurs, quelle tête avais-je ? Sûrement trempée de larmes et crasseuse. Ils parlaient vite, et dans mon état de confusion j'avais du mal à comprendre. Je ne me sentais pas à l'aise, et j'avais juste une profonde envie de dormir. Puis on me souleva comme l'aurai fait mon grand frère, pour me déposer sur une sorte de lit que l'on peut soulever. Je me sentais tout à coup mal, et je me penchai pour rendre un peu de bile. Et à nouveau je fus transportée, je le compris aux secousses occasionnelles que je subissais. Je n'ai presque aucun souvenir de ces moments, seulement que je me retrouvai dans un lit blanc entourée de personnes habillées de la même couleur, puis ce fut le noir.
Un nouveau réveil, de nouvelles personnes au-dessus de moi : des inconnus. Une femme et un homme qui me souriaient doucement. Je me sentais déjà mieux, mais je me rendais compte que je n'avais plus mes anciens vêtements, et donc plus l'écharpe blanche. Je me relevai presque instantanément, affolée. La dame sursauta et s'approcha de moi.
- Que se passe-t-il ?; me dit-elle gentiment.
- Mon écharpe ! M'écriai-je un peu trop brusquement pour mon âge.
Elle s'approcha doucement du porte manteau et la décrocha pour me l'amener. Je devins plus calme en humant le parfum si familier d'Ahaton qui commençait à s'effacer. La femme me regardait tendrement, alors que l'homme observait la pièce d'un air ennuyé. La dame inconnue s'assit sur une chaise non loin de moi.
- Comment t'appelles-tu ? commença-t-elle doucement.
Je m'allongeai et tournai la tête vers elle.
- Aviva, répondis-je avec un sourire franc. Elle était jolie cette madame, et elle sentait bon. En plus, elle était gentille.
- C'est très joli. Je m'appelle Anne, et voici Jean, répondit-elle en désignant l'homme, qui me sourit en faisant un petit signe de la main.
Je hochai doucement la tête en serrant le tissu contre moi.
- Écoute...reprit-elle, assez gênée, nous allons nous occuper de toi le temps que tu retrouves ton papa et ta maman, tu comprends ?
J'approuvai, même si au fond de moi, non, je ne comprenais pas. Pourquoi je ne pouvais pas revoir tout de suite Papa et Maman ? Et Aharon ? Même en voyant son sourire rassurant, je ne pus retenir ma question presque vitale :
- Ils sont où Maman et Papa et Aharon ?
Elle se crispa et se mordit la lèvre, enlevant un peu de son rouge à lèvres. Quand j'y repense, cette question avait du la mettre extrêmement mal à l'aise.
- Ils ne sont pas là pour le moment, mais tu les reverras peut être, s'empressa-t-elle de répondre en affichant un nouveau sourire, cette fois-ci vide.
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Aviva
Short StoryCette histoire est une nouvelle que j'avais écrite pour un concours. Je vous prierai de ne pas voler mon texte. Vous pouvez néanmoins vous en inspirer, même si cela m'étonnerait que quelqu'un le fasse x) ©