A Toi

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Salut, tu dois te demander qui je suis.
Je suis une fille parmie tant d'autres. Une fille qui aime lire, surtout de la poésie. Ses parents lui ont légué cette passion. Une fille qui aime observer les étoiles. Une fille aux cheveux bruns.

Je suis ta fille, papa.
Je ne sais pas où tu es, ni même si un jour tu auras connaissance de ces mots.

Je sais juste que tu as été renversé par une voiture et que tu n'as pas survécu. Tu n'étais même pas au courant que maman était enceinte .
Je ne sais pas ce que c'est de vivre avec un père. Je présume que c'est une sensation formidable.

Je t'imagine grand, brun avec un air espiègle. Je te vois avec maman, vous tenant par la main près des casiers lorsque vous étiez jeunes et remplis de vie.

Je ne te connais que par les gens ayant fait ta rencontre. Le plus triste dans tout ça est que jamais je ne saurai qui tu était réellement.
Tes câlins, tes remontrances et ton affection, je ne les connaîtrai nullement.
Je n'aurais jamais droit à un père.

On se dit que le vide dans notre coeur se remplira d'un autre amour. Mais justement, tout le problème est là. Ça ne reste qu'un sentiment de substitution, un remplaçant de l'amour paternel.

Je suis en colère quand je vois des filles pourries gâtées se montrant indifférentes aux efforts de leurs pères. Elles n'ont aucune connaissance de la chance qui leur a été donnée d'avoir un parent attentionné .

Je prie chaque soir pour que là où tu es tu puisses être heureux. Je présume que le Paradis est un endroit parfait pour toi. De magnifiques fleurs doivent embaumer l'air chaud de leurs délicieuses odeur. Une herbe luxuriante doit recouvrir une vallée traversée de çà et là par des ruisseaux laissant couler librement leurs bleus tapis d'eau.
Ça doit être beau, telle que l'est ton âme.

Si tu savais combien j'ai pleuré ! De regrets, d'amertume ainsi que de déception. Pourquoi ? La réponse est simple : j'avais beau ne pas te connaître, tu me manquais. Comme l'humanité peut manquer à un humain.

Quand je regarde le ciel, je pense à toi. Maman dit que tu adorais observer les étoiles. Je me plaît à imaginer les traits de ton visages dans ces points scintillants. Ton sourire s'étirant entre deux astres. Tes yeux brillants dans la noirceur de la nuit regardant avec mélancolie ta voisine la Lune.

Peut-être me regardes-tu d'en haut ? Si c'est le cas, j'espère que tu es fière de moi, que tu m'aimes comme je t'aime malgré ton absence.
Tu as peut-être regarder avec bonheur ta petite fille se trémoussant sur de la musique pop. Tu as probablement observer mes premiers bégaiements, mes premiers pas, mon premier rire.

J'aurais aimé que tu sois là au fil des ans. J'aurais adoré les rides se formant sur ton visage au rythme du temps. Elles auraient signifié que tu étais en vie.

Tout continue, inlassablement
Sans se soucier de toi,
Laissant précipitamment
Des débris brisés, pourquoi ?

J'écris sans m'arrêter ces mots. J'en écris des centaines pour au final ne pas dire les essentiels. Ces mots ancrés au plus profond de nous. Ils sont souvent difficiles à dire, toujours à vivre. Des terriens les prononcent depuis le début de l'existence pour exprimer un sentiment autant primal que primordial. Alors, les voici ces mots :
Je t'aime et cela, à jamais.

Je veux que tu saches que j'ai pensé, que je pense et que je penserai toujours à toi quoiqu'il advienne.
Il faut que tu sois au courant que je ne t'en veux pas. Rien n'était de ta faute.
En ce moment des larmes roulent sur mes joues , parce que je suis heureuse.
Heureuse d'avoir écrit sur ce papier tout les mots que j'aurais voulu prononcer en vrai.

Un jour, on se retrouvera. Je t'en fais la promesse, papa.

A Travers EuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant