Fou

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     Je me réveille. Un mal de crâne insupportable. Où suis-je, et surtout, pourquoi suis-je assis par terre ? De toute évidence, j'ai perdu connaissance. J'observe mon environnement. Il fait sombre, très sombre. Quelques filets de lumière peinent à traverser les volets fermés. J'aperçois, dans l'angle de cette pièce étroite comme une chambre mansardée, une vieille commode sur laquelle est posé un petit vase rempli de roses rouges. Visiblement, quelqu'un envisageait de faire une déclaration d'amour ici. Les couleurs sont étrangement peu perceptibles, exceptées celles des fleurs qui garnissent le vase. Le rouge. L'amour. Le sang. J'entends un bruit. Ou plutôt des bruits. Comme des cris. C'est étrange et déstabilisant. Pourtant, il n'y a personne d'autre que moi dans cette pièce. Pourquoi cette lumière est-elle si blafarde ? Désireux d'en savoir davantage, je tente de me lever en m'appuyant sur ce qui semble, au toucher, être un lit au matelas plutôt moelleux. Un écran noir devant les yeux. Un sinistre voile perturbant. Je n'y vois plus rien. D'intenses migraines s'ajoutent à ce premier problème. Je souffre. Beaucoup. Des bourdonnements sourds remplacent les cris. C'est intenable, je ne peux pas me tenir debout. Je tombe au sol, à genoux. 

     Lorsque je rouvre les yeux, un frisson indescriptible glace mon sang. A quelques centimètres de moi, un cadavre assis contre le mur. Les rayons de lumière brillent dans ses yeux livides. J'ai peur. Comme s'ils me fixaient sans cligner la moindre fois. J'essaye de me souvenir à tout prix. Rien. Le néant. Comme si un cyclone avait balayé mes pensées. Plus aucun souvenir, ma mémoire est vide. J'ignore même qui je suis. J'ai perdu toute notion du temps et de l'espace, et je me retrouve ici, à genoux, planté devant une dépouille. Qui est-ce ? Je touche, non sans appréhension, son visage. C'est une femme. Ses cheveux ondulent entre mes doigts. Est-elle blonde ? Brune ? Rousse ? Je ne peux hélas pas le savoir. Ces roses rouges lui étaient-elles destinées ? J'approche mon visage du sien. Elle a une odeur fruitée. Son parfum est vraiment exceptionnel. Je tente de distinguer, rien qu'au toucher, les vêtements qu'elle porte. Un tailleur. Non. Une robe. Avec de jolis motifs brodés. Je sens autre chose. C'est un voile. Cette femme devait se marier. Aujourd'hui peut-être. Nous sommes probablement chez elle. Mais qu'est-ce que je fais ici ? Je ne reconnais pas cette personne. Intrigué par cette situation plus qu'inquiétante, j'essaye à nouveau de me mettre debout. Cette fois, les douleurs crâniennes et les bruits sont moins intenables que quelques minutes auparavant. Face à moi, un miroir. Je découvre un homme, dont la chemise blanche et les mains sont maculées de sang. J'observe avec effroi ce reflet qui est le mien, avant de m'écrouler au sol. Je ne me relèverai pas de cette chute-ci, ni des autres d'ailleurs.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 02, 2016 ⏰

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