Partie III

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  « L'âme a des illusions comme l'oiseau a des ailes ; c'est ce qui la soutient

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  « L'âme a des illusions comme l'oiseau a des ailes ; c'est ce qui la soutient. » 

[Victor Hugo]  

Le ciel rougeoyant annonçait la fin de l'après midi. Ma rencontre impromptue avec le jeune homme m'avait coûté plus de temps que je ne l'avais cru. Il m'avait donc fallut courir pour rejoindre la résidence. C'est à bout de souffle que je parus au porche de la grande maisonnée. Je sonnai, terrifiée à l'idée que l'on me fasse une réprimande due à mon retard. On m'ouvrit et on me guida à l'étage où m'attendait le maître. Il me reçut avec un grand sourire.

"Prend place", dit-il en me désignant un fauteuil de velours orné de somptueuses dorures.

Je n'étais pas à ma place dans ce confortable fauteuil.

" As-tu rapporté tous ce que je t'avais demandé ?"

J'acquiesçai.

" Bien. J'espère que tu as apprécié cette nouvelle expérience."

Je posai mon regard sur ses lèvres silencieuses. Il pencha la tête de côté, masquant son visage indéchiffrable. La pièce était silencieuse, mes battements de coeurs

On toqua à la porte et précédé du grand maître au sourire malsain, entra un esclave à la peau légèrement brune tenant dans ses mains l'objet du mépris. Un fouet en cuir. Mon maître se leva doucement, se tourna vers le serviteur aux yeux onyx tout en expliquant :

" 20 minutes de retard, 20 coups de fouets. Tâche de ne plus me décevoir."

Mes mains tremblaient, des sueurs roulaient jusqu'à mes joues. Ce n'était pas la première fois que j'allais recevoir un mauvais traitement. J'y survivrais. De toute façon il n'y avait personne pour me sauver. Il empoigna l'objet du malheur. Ses yeux se plissèrent de malice et on pouvait voir ses lèvres se relever légèrement dans un sourire en coin ou une grimace, je ne savais plus, ma vue se déformait sous la pression de la peur coulant dans mes veines. Il étira son bras au dessus de moi, prêt à frapper. Je courbai l'échine, me mise à genoux attendant mon funeste sort. J'y survivrais. Je retirai le pauvre vêtement qui recouvrait mon dos, les yeux remplis d'eau. Le premier impact fut si dur que je dus puiser dans toute ma force pour ne pas m'écrouler sous le poids affreux de la douleur colorant ma chair rouge vif. Les coups pleuvaient et bientôt ma peau sensibilisée parut s'adapter et la souffrance devint supportable. Je m'étais perdu dans les limbes du mal. Le fouet s'abattu sur une plaie ouverte la lacérant. Mon corps qui s'apparentait à une flaque de sueur rouge atroce céda. Les larmes barbouillaient mon visage corrompu par le malheur. Voilà ce qu'il restait de moi. Des petites miettes à ramasser. Mais cela était sûrement juste et justifié. Le plus laborieux ce fut de tenir debout. Debout sur mes deux jambes flageolantes. Mes forces m'ayant abandonnées pour résister au supplice, je ne pouvais pas compter dessus. Alors je demeurai gisante sur le luxueux parquet d'ébène.

Le vieil homme hautain à la chevelure pareil à mon maître s'écria alors :

" Débarrassez moi ça du plancher "

Dans sa voix on décelait le dégoût et le mépris.

Un de ses esclaves, celui qui l'accompagnait constamment, me prit par l'épaule et m'aida à quitter cette salle de torture où d'autres s'afféraient à nettoyer le parquet souillé.

Il m'emmena dans les cuisines. Celles-ci étaient désertes, le repas sera servis dans trois heures au moins. J'avais mal à la tête et le décor, la vaisselle, tout tanguait. Je due me soutenir à l'évier pour ne pas tomber.
Le serviteur me regarda de ses yeux noirs intenses. Il tendit sa main dans ma direction et effleura mon visage. Je tressaillis et fermais vigoureusement les yeux à l'approche de ce contact étranger. Mon corps était encore sensible à la douleur. Je saisis vigoureusement un couteau de cuisine sur le comptoir sur lequel j'avais pris appui et le pointai vers l'homme au cheveux aussi noir que la suie.

" Ne me touches pas. ", lui-dis-je la voix rauque

Ma main tremblait. Et la sienne ne cilla pas.

" Il t'a blessé au visage."

Il fronça les sourcils. Il profita de ma stupéfaction pour me retirer l'arme blanche des mains et la reposer à sa place aux côté des ustensiles de cuisine. Il ouvrit un des nombreux tiroirs pour en sortir une bouteille d'alcool. Il versa minutieusement un peu de son contenu sur un chiffon propre. Il encra ses yeux onyx dans les miens avant de déclarer :

" Ça risque de piquer un peu"

Avant que je puisse riposter il essuya précautionneusement la petite fêlure décorant mon visage. Je mordis ma lèvre sous la sensation de picotement me brûlant les joues. Il passa ensuite sa main à la peau hâlée comme un paysan sous mon vêtement. Le feu me monta aux pommettes.

"Attends", balbutiais-je

À l'intérieur de ma poitrine mon cœur tambourinait, palpitait et pulsait à un rythme effréné. Je sentis le souffle exaspéré de cet homme me chatouiller l'épaule.

" Si on ne fait rien la blessure va s'infecter.

- Je sais, mais j'ai peur", répliquais-je

Je tenais fermement ma main pour l'empêcher de trembler. Je me pinçais fermement mes lèvres pour les empêcher de trembler. Mais rien à faire, je tremblais d'appréhension.

Il me regarda avec ses yeux d'encres et passa sa main dans mes cheveux en bataille.

" Je sais ce que tu ressens mais il faut tenir bon."

Sa voix avait pris un ton doux et ses iris s'étaient voilés de tristesse. J'acquiesçais à l'entente de ces mots. Il souleva mon haut pour découvrir mon dos aux marques virulentes. Il remis un peu d'alcool sur le chiffon. Je m'étais tournée vers la fenêtre, mes mains légèrement appuyée sur la planche de travail. Dehors il faisait beau, les oiseaux chantaient et l'oiseau bleu mon préféré se tenait au sommet de l'arbre. L'homme traça de ses doigts la courbe disgracieuse de mes plaies. Ses mains étaient chaudes comme le soleil, sur ma peau ankylosée la douleur n'était pas supportable. Je gémis piteusement.

" Serre les dents, ça va faire mal."

J'imaginais une grimace de dégoût se dessiner sur son visage brun à l'intonation de sa voix. Je regardai par la fenêtre pour trouver le courage de surmonter la souffrance. Dehors il faisait beau, les oiseaux chantaient et l'oiseau ble... Mon cri déchira mes pensées. Mon corps s'affaissa sur le comptoir où seul mes mains accrochées au bord de celui ci me retenaient de m'écrouler. Avec beaucoup de peine l'esclave réussit à nettoyer mes blessures. Il me soutint par l'épaule pour me ramener à ma couche.

" Merci", lui soufflais-je avant qu'il ne s'en aille.

Il se retourna et me sourit gentiment.

" C'est quoi ton nom ?, lui demandais-je

- Raven

- Je te revaudrai ça Raven"

Il partit, me laissant sombrer dans un sommeil réparateur, car demain il me faudra être fonctionnelle.



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⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2017 ⏰

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