Samedi 17 Octobre 2015,
la nuit est douce et les étoiles dansent au-dessus de moi ou bien ce sont mes larmes qui troubles ma vue . Oui c'est ça, les larmes troubles ma vue parce que tout le monde sait que les étoiles ne dansent pas .
Je m'observe, et constate que mes cheveux roux sont maintenant collés à mon front, à cause du sang qui coule le long de mes tempes .
Ma jambe gauche est dans un angle que seul un contorsionniste arriverait à reproduire mais je n'ai pas mal . Je ne ressens rien . Mon regard est apathique ; seules mes larmes font semblant d'avoir une âme, et mes taches de rousseur semblent vouloir disparaître pour laisser place à un teint blanc presque livide .
D'où je suis, je vois les fenêtres de mon appartement, J'habite juste en face. rue du Siam .
Après avoir tourné en rond toute la journée dans mon appart, je m'ennuyais et le temps à Brest, était calme pour une fois .Décider à tuer le temps , j'avais parcouru à pied les trois kilomètres et demi qui me séparait du vallon de Stang Alar ; c'est un endroit très fréquenté par les sportifs avec ses 3 parcours adaptés du débutant au plus athlétique. Avant de partir j'avais enfilé un jogging bleu avec inscrit en grosses lettres roses pailletées – Run and be happy – contradiction qui m'a fait sourire, car je déteste courir, mais en revanche j'aime me promener le long des cours d'eau et la nature en ce lieu est vraiment luxuriante .
La tête ailleurs j'appréciais les aulnes et leurs feuilles jaunes et roux de ce mois d'octobre . Si j'avais su .
le mois où je dois avoir 27 ans bien qu'en ce moment je doute fortement de pouvoir atteindre cet âge .
Un moment dans ma rêverie, j'aperçus une ombre ce refléter dans les aulnes, à ce moment-là, un frisson familier m'a parcouru l'échine et mes épaules se sont raidies comme par le passé . Il devait être assez près de moi car l'odeur âcre de son parfum me transpercer les narines et me piquer la gorge . Parfum que j'avais apprécié par le passé mais qui aujourd'hui dans ce parc avait le coup du métal dans ma bouche . Je sentais son souffle sur ma nuque où ce devait être le vent qui maintenant s'était élevé et se frayer un chemin entre l'encolure de mon blouson kaki et de mon écharpe en laine prune . J'étais incapable de différencier son souffle à celui du vent ; les deux étaient froids et violents .
Prenant mon courage à deux mains je me suis retourné .
Il était plus grand encore que dans mon souvenir, ses yeux étaient bien plus sombres aussi et j'avais peur . J'entendais mon pouls résonner jusque dans mes oreilles, mes jambes tremblées et mes genoux s'entre choquer l'un contre l'autre . Je suis resté figé sur place pendant un temps indéterminé me raccrochant aux feuilles des arbres pour ne pas tomber. Les larmes menaçaient de couler sur mes joues tacheter et lui me regarder comme un chasseur regarde son gibier . Puis j'entendis sa voix ce fendre comme un écho dans le vallon de stand alar ;
- Guillomette, c'est bien toi ?.
Le son de sa voix me donnait la nausée, j'avais envie de fuir, de ne jamais être venu dans ce parc , Alors en regardant dans les yeux de l'âme sombre qui ce profiler devant moi, j'ai refoulé mes larmes, et répondu ;
- Guillomette est morte, tu la tuais ! puis je suis parti en courant sans m'arrêter jusqu'à ce que je me sente en sécurité .
Arrivé en face de mon appartement, j'étais encore noyer dans un Flot de larmes que j'avais trop longtemps retenu et puis je manquais de souffle après le sprint que j'avais tapé enfin plutôt la fuite . J'avais envie de me mettre une gifle pour être aussi lâche et fragile et surtout d'en avoir conscience .Alors j'ai traversé la route sans regarder et maintenant je suis là, allongée sur l'asphalte .
Au loin , j'entends la sirène des pompiers et du SMUR, ça doit être les personnes rassemblées autour de mon corps qui ont donné l'alerte .en attendant aucune d'entre elles n'osent me toucher, J'ai l'impression d'être devenu contagieuse, mais je sais que c'est uniquement dû au fait qu'il ne faut surtout pas bouger une personne venant d'être percuté par une voiture .Bientôt les pompiers me transporteront au CHU de Brest mais il sera peut-être trop tard .
Un instant plus tard, les lumières des gyrophares apparaissent et les pompiers gare le véhicule à un mètre de mon corps inerte . Un autre véhicule arrive lui aussi, cette fois c'est le SMUR vous savez le jaune avec écrit sur tous les côtés ; réanimation .
La pluie fouette mon visage et les personnes autour de moi s'éloignent pour laisser passer le service de secoure, je vois un homme s'agenouiller à côté de moi et je l'entends me dire ;
- Mademoiselle est ce que vous m'entendez ? Je suis le médecin urgentiste, si vous m'entendez et que vous ne pouvez pas répondre, serrez-moi la main .
Je l'entends certes mais je suis incapable de répondre, et je ne sens pas sa main qui me touche . je ne sens rien, seulement je vois tout . S'il savait que je suis au-dessus de lui, je pense qu'il flipperait beaucoup, d'ailleurs moi aussi j'ai peur . L'homme pratique tout un tas d'examen sur mon corps puis je le vois sortir un défibrillateur . Mon cœur est en train de lâcher, je suis en train de mourir . Mon âme s'étiole dans l'air étoilé de ce mois d'octobre alors que je suis si jeune, que j'ai encore tellement à vivre même si jusque-là je ne m'en étais pas rendu compte . Je partage mon temps entre le restaurant où je travaille et chez moi à lire des romans d'une autre époque en espérant qu'un jour ma vie soit meilleure .
Une sensation bizarre m'envahit lorsque le médecin pose l'appareil sous ma poitrine, une bâche a été installée pour éviter que la pluie me mouille davantage et pour faire barrage au curieux resté autour de moi en attendant de savoir si oui ou non je vais survivre . Toujours au-dessus de mon corps je sens des fourmillements, puis ma vue se brouille et c'est le brouillard, un brouillard épais ... mes yeux invisibles ce ferme et j'entends à peine la voix de l'homme dire ;
- Elle est stabilisée, le cœur est reparti , Transporter là le plus vite possible à l'hôpital .
J'ai envie de lui merci, mais je ne peux pas . Le brouillard m'engloutit puis c'est le noir ... rien que du noir .
VOUS LISEZ
Les étoiles ne dansent pas
RomanceL'épais brouillard avait englouti la ville de Brest . Un de ces paradis blanc unique en cette fin d'octobre, et ce jour lui aussi était unique . Guillomette c'était enfin réveiller, et Gabriel avait terminé sa mission . Il avait réussi à s'absoudre...