«Ne m'en veux pas»

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Mon amour,

Ne m'en veux pas.

Nous avons vécu tellement de choses ensembles.

Tu étais mon soleil, j'étais ta lune.

Tu étais violoniste, j'étais peintre.

Nous nous complétions, comme les pièces d'un puzzle, s'emboîtant à la perfection.

Deux êtres, totalement différents, mais en même temps, tellement semblables, voilà ce que nous étions.

Je t'aimais comme je n'ai jamais aimé personne. Et toi, tu m'as aimé plus que ta propre vie.

Je m'en rappelle encore, du jour de notre rencontre.

Je me souviens de toi, si majestueux, mais pourtant si frêle, tu jouais de ton violon dans la rue, et les passants t'ignorais presque tous, ne te laissant pas même un sous pour te remercier d'égayer leur journée à l'aide de tes morceaux envoûtants.

Et moi, je m'étais arrêté.

J'étais resté là, à te regarder, toute l'après-midi, tu sais.
J'ai détaillé durant de longues heures ton visage pâle, rosît par le froid du mois de novembre. Tes cheveux bruns et brillants, tes yeux pétillants d'espoir, ta peau laiteuse, et ton dévouement incommensurable pour ton instrument, on aurait presque dit une mère couvant son enfant nouveau-né.

Je me rappelle aussi avoir sourit, puis avoir sortit mon carnet à croquis, et j'ai ébauché un nombre incalculable de fois ton visage dénué d'imperfections ainsi que ton corps si svelte et si fragile à la fois, tenant toujours ton violon entre tes doigts fins.

Ce violon, tu en prenait tellement soin. Entre chaque morceaux, tu astiquais son bois d'épicéa à l'aide d'un vieux chiffon, et ce geste pourtant anodin me faisait sourire.

Quand nos regards se sont croisés, j'ai eu la vive impression de recevoir une décharge électrique jusqu'au plus profond de mon être, et je n'ai put rompre le contact de nos yeux.

Je me perdais à l'intérieur de tes orbes brunes, je m'y fondais, je me sentais mis à nu, comme si tu pouvais, en un simple coup d'œil, tout savoir de moi.

Plus les jours passaient, plus nous nous rapprochions.
En effet, tu étais toujours là, au même endroit, semblant m'attendre tout en jouant ta musique, et à chaque fois que tu m'apercevais, ton sourire s'étirait de manière adorable.

Nous avons, au bout d'un certain temps engagé la conversation.

Nous avons parlé.

De tout et de rien.

De la pluie et du beau temps.

Jamais de nos vies respectives.

La seule chose que nous savions l'un de l'autre était le fait que nous étions attirés, comme des aimants.

Nous l'assumions, nous nous le montrions.

Et un jour je t'ai proposé de venir t'installer avec moi, dans mon petit local, plutôt que de rester dormir à la belle étoile.

Tu as accepté.

Après tout, tu n'avais pour bagages que ce violon et tes maigres habits.

Je me souviens vaguement de la raison pour laquelle je t'ai embrassé, la première fois. C'était mon premier baiser, et à toi aussi.

Tes lèvres avaient un goût si particulier, si magique. C'était une senteur qui donnait envie d'y regoûter, encore et encore.
La torpeur qui m'a envahi en cet instant était telle que je ne me rappelle de rien après ça, simplement des mouvements encore inconnus pour nous qu'on fait nos corps, l'un contre l'autre, dans notre chambre afin de se prouver notre amour.

Car oui, je t'aimais, et tu m'aimais.

Après ça, tu ne me lâchais plus. Partout où j'allais, tu m'accompagnais, et j'avais dû jouer des pieds et des mains pour que tu me laisse tranquille lorsque j'allais à la douche. Tu t'en souviens ?
Même quand je peignais durant de longues heures, tu restais à mes côtés avec ton violon, et nous nous adonnions à nos passions respectives, ensembles.

Et puis tu me l'as dit.

Que tu étais malade du cœur.

Et qu'il ne te restait qu'un an avant de «t'envoler».

J'ai encaissé la nouvelle sans broncher, mais au plus profond de mon être, j'aurais voulu hurler, crier mon désespoir au monde entier.

Mais la seule chose que j'ai réussi à faire, c'est te prendre dans mes bras et t'embrasser doucement, te promettant que tout irait bien, que je serais avec toi jusqu'à la fin.

Et il y a un mois, tu t'es évanoui.

Ton violon est tombé de tes mains, ton archet aussi.
Ton corps s'est écrasé au sol dans un bruit sourd. Je m'en rappelle comme si c'était hier.

Et les médecins m'ont dit qu'ils allaient te débrancher si ils ne trouvaient pas de donneur.

Alors j'ai fait ce que j'avais à faire.

Je t'ai sauvé.

S'il te plaît, ne t'énerve pas inutilement  contre moi.

S'il te plaît, ne pleure pas non plus.

Reste fort, parce que même si mon corps n'est plus là, mon âme sera toujours tienne Jungkook.

Tu m'as donné ton amour, je t'ai donné mon cœur.

L'organe battant dans ta poitrine, c'est le mien.

Je l'ai fait parce que je t'aime.

Ne m'en veux pas.

Jimin.

Jungkook replia la petite feuille blanche parsemée de tâches grises qu'avaient formées ses larmes, les doigts tremblants, et parcouru du regard l'intérieur de la pièce.

A tout moment, il s'attendait à voir Jimin bondir de derrière la porte pour le prendre dans ses bras puissants.

Mais rien ne se produisit.

Seul le silence régnait en maître ici.

Il jeta un coup d'œil au chevalet placé au centre, et la toile qui s'y trouvait attira son attention.

C'était son portrait.

Inachevé.

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fin

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violonista || j.kook Où les histoires vivent. Découvrez maintenant