MONSTER T.1

CHAPITRE 2

"If you saw my darkest part

The wicked thing inside my heart

I won't run away, I won't run away"

— Innocence de Nathan Wagner

JAMES

— T'es en retard, m'informe Drew.

— Désolé, j'avais un rendez-vous chez le médecin. J'aurais dû te prévenir, je mens.

S'il savait qu'avec qui j'ai eu rendez-vous, je me serais pris une balle. Drew sonde mon visage à la recherche de la moindre faille, je reste impassible. À l'intérieur, je ne sais plus où j'en suis. Ma conversation avec Derek, comme il aime être appelé, m'a perturbé. Il m'a enlevé en pleine rue. Je suis resté calme malgré ma panique. Contrairement à ce que je pensais, on ne m'a pas jeté dans une ruelle sombre avec une arme sur la tête. Pour le compte de Drew, je l'ai déjà fait et ce n'était pas beau à voir. Derek m'a fait une proposition, j'ai refusé. Alors pourquoi j'hésite à accepter ? Pourquoi sur certains points suis-je d'accord avec lui ? Je dois suivre les ordres de Leer, ma vie en dépend.

— Où en sont les recherches ? finit-il par me demander.

— On a quelques pistes pour votre frère et j'ai demandé à mes hommes de les suivre.

Il hoche la tête.

— Et pour ce qui est de notre plan B ?

— Il réagit comme on le pense. On l'a à l'œil vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

— D'accord, tu peux rentrer chez toi. Et je ne veux plus de retard.

Dans sa bouche, c'est une menace. Un bras droit, ça se remplace aussi facilement qu'un homme de main. Il ne faut jamais l'oublier...

DAVID

Ce matin, je suis sorti de l'hôpital après un contrôle complet. Le verdict est tombé : je suis en pleine forme, et si j'en crois le médecin, les blessures devraient mettre quelques jours à disparaître. En attendant, je vais ressembler à Dick Grayson après un combat acharné. Ma mère m'a conseillé de rester à la maison me reposer, je déteste cette idée. J'ai besoin de voir mes amis, de vivre comme si rien n'était arrivé. Il faut que je montre à James que, quoiqu'il puisse me faire, je me relèverai.

En début d'après-midi, nous avons rendez-vous avec le principal. Ce rendez-vous aura des conséquences, non pas pour le lycée, mais pour moi. Drew fait chanter le principal. C'est ainsi qu'il entretient la peur : il fait ses affaires à la vue de tous, n'hésitant pas à filmer ses règlements de comptes et les exécutions avant de les mettre sur les réseaux sociaux. Alors oui, j'ai peur de ce qui va m'arriver si je dénonce son bras droit.

La boule au ventre, je pénètre dans le bureau avec ma mère. Le directeur est imposant avec son air très grave et ses sourcils froncés. La seule chose qui me rassure, nous sommes tous deux effrayés par le pouvoir que détient James.

— David, tu es avec nous ? me demande-t-il avec une voix grave.

— Oui, désolé. Vous disiez ?

— Je vous demandais qui vous a fait ça.

— Ce nom ne va pas vous plaire ; c'est James McCall et sa bande.

Le principal ne paraît pas surpris, il a l'air dépassé. Il doit se sentir impuissant, incapable de protéger ses élèves contre cette brute. Au fond, c'est le même problème qu'avec les adolescents violents et riches, un chèque et l'histoire est close. Mais au sud de Chicago, c'est une balle dans la tête qu'on vous propose.