« Je ferme les yeux et le monde disparaît ;
Je soulève les paupières et tout renaît.
(Je crois bien vous avoir imaginé.)
Les étoiles valsent dans le bleu et le rouge ;
Une obscurité arbitraire se précipite :
Je ferme les yeux et le monde disparaît.
J'ai rêvé que vous m'ensorceliez dans mon lit,
Vous me chantiez des chants de lune et me rendiez folle de vos baisers.
(Je crois bien vous avoir imaginé.)
Dieu culbute du haut du ciel, les feux de l'enfer pâlissent :
Adieu les Séraphins et les créatures de Satan :
Je ferme les yeux et le monde disparaît.
J'ai imaginé que comme promis vous reviendriez.
Mais je vieillis et je ne sais plus votre nom.
(Je crois bien vous avoir imaginé.)
J'aurais mieux fait d'aimer un oiseau de feu ;
Au moins, quand revient le printemps, ils grondent à nouveau.
Je ferme les yeux et le monde disparaît.
(Je crois bien vous avoir imaginé.) »
Villanelle de Sylvia Plath
Smith College, 1954.