Chapitre 4

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Un sourire ne cesse de se dessiner sur mes lèvres alors que je marche pour rentrer chez moi.

Quelques faibles rayons de soleil viennent se déposer sur la peau de mon visage.

Je ferme les yeux quelques secondes et inspire brièvement. Lorsque je les rouvre, une petite fille s'approche de moi. Un large sourire éclaire son petit visage joufflu et ses gloussements résonnent dans l'air. Sa mère quelques pas derrière la regarde fièrement de ses yeux pétillants.

La petite fille arrive juste devant moi. Elle lève la tête vers moi alors que je baisse la mienne. Ses bras s'étirent vers le haut. Je plie légèrement les genoux et la petite s'accroche à mes jambes. A côté de moi, j'entends le rire de sa mère.

- Coucou, toi, je murmure à la petite fille.

Je vois les lèvres de sa mère s'étirer.

- Elle est mignonne, dis-je en tournant la tête vers la maman de la petite.

Elle hoche la tête, le regard plein de fierté.

- C'est mon petit rayon de soleil, dit-elle ne quittant pas des yeux sa fille. C'est tout ce qu'il me reste de son père.

Elle soupire puis attire sa fille vers elle.

- Tu dis bonjour, Julie ?

La petite fille marmonne quelque chose puis cache son visage derrière ses petites mains potelées.

- Vous voulez marcher un petit peu avec nous ? me propose la jeune femme.

J'acquiesce et me redresse.

- Je ne me suis pas présentée, je m'appelle Anna, déclare la jeune femme, et ma fille s'appelle Julie.

- Alexa, je réponds simplement.

Julie commence à marcher et nous la suivons en silence.

- Quel âge a-t-elle ? je finis par demander.

- Trois ans depuis peu.

Je hoche la tête ne sachant pas quoi dire de plus. Je n'aurais peut-être pas dû accepter cette proposition. Anna est très gentille mais nous ne connaissons pas du tout. Elle ne sait pas qui je suis. Elle voit seulement la façade que j'ai réussi à me construire.

Je continue à marcher silencieusement. Mes mains tripotent fébrilement le bout de mon t-shirt. Anna tourne la tête vers moi et baisse la tête en direction de mes mains. Elle dépose les siennes sur les miennes pour les stopper puis me sourie.

Soudain ses mains se retirent rapidement.

- Julie, reviens, dit-elle sur un ton précipité.

La fille se retourne mais n'obéis pas.

- Julie, répète-t-elle cette fois plus violemment.

Finalement, Julie retourne vers sa mère qui lui prend la main, le regard concentré devant elle.

Tout à coup, je vois ce qui préoccupe Anna. Une figure menaçante se dirige vers nous à pas lents et vacillants. Une figure que je reconnais facilement. Elle s'approche de nous, plus précisément de moi.

- Alexa, souffle-t-il, son bras s'accrochant fermement au mien pour ne pas tomber.

Sa respiration est haletante. Ses mains agrippent mon bras et des gouttes de sueur roulent sur son front.

- Jeff, je murmure.

- Vous le connaissez ? s'indigne Anna en même temps.

J'entends un gémissement. Mais ce n'est pas celui de Jeff. C'est celui d'Anna qui repousse le deuxième bras de Jeff. Elle s'écarte d'un seul coup et attrape sa fille. D'un dernier coup de tête, elle prononce d'une voix tremblante :

- Je ne pensais pas ça de vous.

Puis, elle disparait rapidement avec sa fille.

Je ne peux pas quitter du regard le dernier endroit où je les ai vues.

J'ai encore tout gâché. Tout ruiné.

Le souffle de Jeff est rauque.

- Alexa...

Je retourne mon regard vers lui. Il est presque plié en deux, ses mains maigres crispées sur mon bras.

- J'ai... besoin de toi, bégaye-t-il.

- Je sais, je murmure.

Et je me surprends à passer ma main dans ses cheveux. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir pitié de lui en ce moment. Je ne peux pas le laisser ici après tout ce qu'il a fait pour moi.

Je passe ma main derrière son dos et l'aide à avancer.

Le soleil s'affaiblit alors que la lune commence à apparaitre.

Jeff marche à pas lents mais nous arrivons finalement dans mon petit appartement.

- Merci, murmure-t-il alors que je le dépose sur mon canapé.

Je me dirige dans la cuisine pour mouiller un torchon.

- Alexa, m'appelle-t-il d'une voix faible et tremblante.

Je retourne rapidement auprès de lui.

- Je suis là, je souffle en passant le tissu sur son front humide de sueur.

Une lumière vacillante éclaire la pièce.

Son état m'inquiète de plus en plus. Mais je continue à passer le linge.

Soudain, sa main arrête la mienne.

- Alexa, je t'ai vu tout à l'heure avec la femme et sa fille.

Il avale difficilement sa salive puis reprend :

- Tu ne peux pas les voir.

- Mais je...

- Non. Je t'ai déjà prévenu.

Je reste silencieuse alors que son regard m'observe intensément.

Il a raison. Je ne peux pas.

- Je sais, je susurre.

Une esquisse de sourire se dessine sur ses lèvres puis il s'évanouit.

Et je suis encore une fois laissée seule.

Tendre SouvenirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant