nuit etoilee

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Nuit étoilée
Les étoiles sont magnifiques. Dans la nuit sombre, elles paraissent plus proches, plus vivantes. On les entend presque nous parler, nous réconforter. Le bruit de leurs silence est rassurant, il est plus facile de se confier à la lune ou ses compagnes, qu’à la personne à coter de soi.
    La seule lumiére artificielle autour de moi est celle de ma cigarette. J’inhale réguliérement son produit. À chaque souffle, mon corp se détend. Allongées sur le sable, ma fumée s’éléve et se mélange aux quelques nuages qui couvrent vaguement le ciel. On voit pourtant aisément a travers eux, ils ne parviennent pas à bloquer la vie des étoiles.
    À ma droite, mon amie regarde les arabesques de la fumée avec tristesse: <<Tu te fais du mal.>> Elle n’a jamais fumé, je ne la pousserai jamais à essayer. Autant lui demandé de gouter de la ricine. Je suis consciente du fait que c’est un poison qui réchauffe mes poumons, mais c’est peut-être cela qui me rassure, je sais ce que je fais, et je connais les risques.
<<Quand as-tu commencé à fumer?>> Aucune idée, et cela ne regarde que moi.
    Le bout incandescent de ma cigarette à une étoile, une étoile au bout de mes doigts. Une légére brise me caresse et fais voleté mes cheveux courts. L’air me parait plus frais, plus consistant, plus réel. Comme si ici, tout était réelle. C’est agréable. Je ne peux m’empécher de respirer profondément l’air marin.

    J’enceveli ma petite étoile dans le sable doux et me retourne vers ma voisine. Le bruit des vagues rythme notre temps depuis un moment, il est comme infini,extensible. Notre nuit pourrais ne jamais finir.
    Ses yeux me scrutent, ils sont remplis d’un secret ardant, elle semble éffrayée à l’idée de le raconter, comme si son secret lui brulerai la langue.

<< Qu’est ce que tu désires le plus au monde?>>
    Ma voix est rauque et abîmée. Ce sont les premiers mots que l’on s’échangent depuis la chute du soleil dans la mer. Elle rie. Son rire est clair, mais étrangement dissonant.
<<Mais est-ce qu’un désire peut conduire au bonheur?>>
<<Temporairement, oui. Si tu l’obtien, sinon ça peut rendre fous. Là tu vois, je vais devenir folle si tu ne me répond pas.>>
    On sourit légérement avec un regard malicieux. Elle enchaine:
<<Alors je vais appeler l’asile au plus proche tout de suite, car nous allons devenir folle toute les deux.>>
<<Tu sais, un désir c’est aussi une chose qui peut nous faire tenir, nous donner un but, un rêve. Toi, qu’est-ce qui te fais rêver?>>
<<Tu ne me prendras pas mon rêve, tu ne pourrais même pas le comprendre dans tout ce qu’il est.>>
<<Tu vas mourir si tu me le dis? Qu’est-ce qu’il a de si particulier, de si complexe?>>
<< Je désire quelque chose que je ne veux pas avoir.>>

    Je met une pose et la regarde. On a parlé assez vite. Les mots avaient fusés, mais elle continue à toujours trop reflechir. Ses yeux brulent encore du même secret, elle ne veut pas le laisser sortir, de peur de se carboniser la gorge, alors qu’il ronge déjà son coeur.
     Je plonge mes yeux dans les siens pour tenter d’apercevoir la raison de se brasier.

<<Qu’est-ce que tu désires Meredith?>>
    Elle fronce les sourcils et se mord la lévres. Elle parle pourtant.
<<Un désir, une passion, c’est ce qui embrouille l’âme, il empêche la tranquilité et le nirvana. Pour moi c’est tellement vrai. Je ne veux même pas l’avoir! Je ne peux pas l’avoir de toute façon mais je ferais tout pour être sure de ne jamais l’approcher.>>
    Son souffle c’est appaisé rien qu’en ayant dit cela. Ses muscles en tension se sont relachés, et le feu semble plus doux, comme un feu de camps bleu, aux bois salés. D’une voix calme je répond.
<<Un désir peut devenir une force intérieur. Il peut te pousser à continuer quand tu crois que tout est vain au final; c’est une sorte de lumiére dans le noir, le but  à viser. Si un désir n’est pas facile à atteindre, pourquoi tu t’imposes des difficultés supplémentaires?>>

    Elle ouvre la bouche, puis la ferme, à la maniére d’un poisson hors de l’eau. Meredith se retourne sur le dos, son regard se perd dans la nuit étoilée. Elle semble si loin dans ses songes quand elle commence à parler:
<< Pourquoi je m’empéche d’atteindre mon désir….? Déjà, par respect pour lui. Inutile de te le cacher, il s’agit d’une personne -elle me regarde-, de notre âge, tu la connais évidement. Je ne suis même pas sure de ce que je ressens pour cette personne. Il n’y a rien de vraiment amoureux. Je l'apprécie mais… On ne peut parler que d'un désir aveugle et irrationnel. Pour Quelqu'un qui est déjà dans une relation et que j'apprécie trop pour lui avouer. Je ne veux pas quelque chose de futil ou passager. Tu sais que je recherche la profondeur, la force. La bêtise romantique. Avec elle. En quelque sorte j'ai déjà ce que je recherche: la bêtise romantique. Mais sans elle.>>
     Meredith détache chaque syllabe avec sereineté, comme si elle parlait en dormant. Ses yeux se sont fermés petit à petit. Partie dans son univers.
   << Tu as commencé à aimer M.l'inconnu avant ou après qu'il soit dans une relation? >>
   Elle me coupe presque et hurle:
       << Je n'aime personne! C'est… >>
  Sa mâchoire se crispe, elle se mord la langue.
   << C'est la petite amie de Julien…>>
    Aucune larme ne tombe de ses yeux, mais la souffrance sur son visage en ferait chuter les étoiles.
     Je roule sur le côté et pose mon bras sur elle. Je demande avec la voix la plus douce possible:
      << Depuis combien de temps sont ils ensemble?>>
      << Trois semaines.>>
    << Et depuis combien de temps tu…?>>
  Elle sourit niaisement:
    << Trois semaines. >>
  Je soupire.
    << “On ne se rend compte de la valeur d’une chose  que quand on l’a perdue”. >>
      << Je déteste cette “citation", elle est stupide.>>
     << Mais incroyablement vrais pour toi.>>
     << Ça doit être pour ça que je la déteste.>>

        Nous rions un peu. C'est doux à peine audible. Pour continuer à rire, ce qui est plutôt rare depuis l'apparition des astres, je continue:
      << Tu veux savoir si ça avait pu marcher entre vous?>>
      << Comment tu comptes faire? >>
    Elle semble amusée et apaisée le, le feu vorace s'étant échappé il y a quelques minutes.
   << Dis moi vos signes astrologiques  et chinois.>>
Elle commence à rire.
     << Balance et tigre et elle… Dragon et… bélier il me semble.>>
    << Où là ! Heureusement que vous ne pouvez plus être ensemble! Vous vous seriez rentré dedans dés le début. Vous avez des caractères forts et opposés.>>
Elle éclate de rire et me pousse sur le côté:
    << T’es vache ! >>
    << C’est vrai ! Le destin fait bien les choses. >>
    << Tu parles. Il m'a juste laissée dans la peur omnipresente de la perde, de craquer et de tout lui avouer. >>
     Je réfléchi un instant et lui demande:
     << Pourquoi tu ne le fais pas ? Ça réglerai le problème.>>
     << Je te l'ai déjà dit, je préfère endurer plutôt que de risquer de la perdre. Je serais là quand se sera fini avec Julien, mais en attendant, j'endure. >>

     Je soupire en me relevant et je lui tend la main pour qu'elle fasse de même. On avance lentement vers les vagues lasses. Les pieds dans l'eau on se relaxe et continuons à avancer jusqu'aux hanches. L'eau est froide mais nous détend, toute la tension se dissout dans les ondes. L'eau et ma peau semble ne faire plus qu'un. Nous respirons au rythme du courant. Je m’étend à la surface de l'eau et laisse mes vagues me porter. Ma confidente a suivi mon mouvement et laisse finalement les ruisseaux de ses yeux rejoindre l'océan. Il lui faut du calme, la laisser se confier à la nature compréhensive.

     Je me laisse couler. Je frôle le sable immergé et continue à nager vers les profondeurs. Mes cheveux ondulent et fusionnent avec le courant. Mon corps se mouve et le love dans les bras de la grande bleue. Les yeux fermés dans l'eau salée de ses larmes. Son secret restera dans les profondeurs de mon coeur. Jusqu'à ce qu'il soit temps de le révéler. Jusqu'à ce qu'elles soient prêtes. Jusqu'à un jour. Jusqu'à demain.

Nuit EtoileeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant