Enfant du loup

#2 - Luna

Ma tête me faisait un mal de chien. J'avais l'impression qu'un pivert tapait sur mon front. Doucement Sky... Ouvre les yeux. Aie ! Non okay... Je réfléchis doucement. Qu'est ce qu'il s'était passé ? Je bougeais doucement mes doigts, mes orteils, mes mains, vérifiant que je n'avais rien. Je regagnais mon corps en somme. Depuis combien de temps suis-je là ? Sous mon dos, je sens un matelas inconfortable. J'ouvre tout doucement les yeux, la lumière m'attaque les pupilles et renforce mon mal de tête, les murs clairs de la pièce m'agresse mais au moins, je sais ou je suis ; l'infirmerie de la meute. Je tente de me redresser mais une douleur me force a rester allongé, poussant un soupir à traverser mes lèvres. J'ai mal au niveau du ventre et je m'aperçois que je suis torse nu et que mon buste est marqué d'une cicatrice faisant presque toute la diagonale de mon torse : j'ai régénéré d'une profonde blessure qui laisse un trait blanc, signe que la blessure était profonde. Ou plutôt quatre traits parallèles, comme des griffures. De grosses griffures. Notre Delta rentre alors dans la pièce et voit que je suis réveillé, avant de sourire.

- Sky, comment te sens-tu ?
- Ça va... Nora, que m'est-il arrivé ?

Il s'assit sur une chaise de la pièce avant de me regarder :

- La troupe de Cassandre t'as trouvé en forêt hier soir, tu étais tout seul. Tu ne te souviens pas de ce qu'il y a eut ?

Je m'étais arrêté à "hier soir" dans sa phrase. Je me souviens seulement être parti de l'assemblée, donc vers midi. Personne ne m'avait trouvé avant ? Et comment je m'étais retrouvé comme ça ? Un flash semble se faire dans mon esprit et je revois le loup sauvage.
Je sens alors un poids dans mon ventre, comme un grognement sourd. Nora me regarde avant d'annoncer que si je me sens mieux, je pouvais sortir. Il ajoute calmement que je devrais me reposer. Alors immédiatement, je me lève, gardant mon équilibre au maximum malgré le léger vertige. Je ne sais pas si je me sens mieux, mais je ne veux pas rester, alors je ne laisse rien paraitre. Le vieux loup me regarde puis hoche la tête avant de sortir. Je le suivis et la lune, qui commençait son ascension, me frappa comme un flash. Je sentis une chaleur se répandre dans mes muscles, l'image du loup m'attaquant me sautant dessus surgissant et frappant ma rétine. Qu'est ce que j'avais ? Je sentais comme une force puissante en moi. La pleine lune se levait et j'avais l'impression de cuire ! Les nuits n'étaient pas chaudes, pourtant je transpirais, A grandes enjambées je regagnais ma maison où mon frère manquait. La pleine lune poussait tous les loups a garder leurs formes animales et bien souvent, ma meute faisait la fête. Mais ce soir je ne serais pas parmi eux ; je ne me sentais pas bien malgré ce que je pouvais faire croire à Nora. Je gagnais ma chambre après avoir vérifié que mon arc était a sa place. Je sentais mon corps lourd, une folle envie de courir dans les jambes malgré tout. La fatigue et l'adrénaline se mélangeaient, créant une sensation de nausée. Il fallait que je me repose ; je m'allongeais dans mon lit et fermais les yeux, calmant ma respiration. Je déduis que je m'endormis vite car je me retrouvais dans la foret face au loup beige. La migraine cogna de nouveau à mes tempes. Ce dernier me regarda de ses yeux oscillant entre l'ambre et le bleu, plus clairs que les miens. Cet animal me déstabilisait profondément. Je secouais rapidement la tête alors qu'il s'assit face à moi.

- Encore toi ? Je t'ai dit de partir !
"Si je pars tu pars avec moi"

Quoi ?! Je le regardais, perplexe. Il se releva calmement mais se campa vite sur ses pattes. Il me bondit dessus, me plaquant au sol par les épaules. Surpris, je n'y avait rien opposé mais je cherchais a me débattre. Je ne sentais pas son poids sur moi mais il m'étais impossible de me relever.

"Nous sommes un seul loup, Sky. A partir de maintenant, nous sommes un."

Je me réveillais en sursaut, dans mon lit. J'étais à bout de souffle, transpirant. Doucement je me levais et gagnais mon balcon. L'air frais me fit du bien et j'observais le village. En bas, la meute, en humain ou en loup, faisait la fête. La pleine lune est l'occasion de s'amuser une fois par mois. J'observais la lune, il devait être environ trois heures du matin. J'avais besoin de prendre l'air et attrapais un T shirt gris. Je grimpais sur une branche donnant sur mon balcon et la longeais pour me laisser en bas du tronc, derrière une maison à l'entrée du village. Je jetais un coup d'oeil et sortis, voulant être tranquille.