I'll Protect You

Chapitre 3

Le réveil affichait huit heures du matin et cela faisait cinquante huit minutes précisément que Yunho était réveillé. Cependant il ne s'était pas résolu à sortir de sa chambre. Les souvenirs de la veille défilaient en boucle dans sa tête, ce qui eut pour effet de le paralyser complètement devant sa porte, la main sur la poignée. Il se demandait comment il pourrait regarder Jaejoong en face après le baiser qu'il lui avait donné, après avoir été à deux doigts de faillir à ses engagements professionnels. Il entendait des bruits de vaisselle, indiquant que Jaejoong préparait le petit-déjeuner, comme tous les matins, et il devait être dans le même état de confusion que lui.

Yunho se décida enfin à ouvrir la porte et Jaejoong lui adressa un sourire hésitant. Ils savaient tous deux qu'ils n'avaient pas oublié ce qu'il s'était passé la veille. Sans rien dire, le garde du corps s'assit à table, commençant à manger avec difficulté. Le malaise était pesant entre les deux et Jaejoong préféra rester debout devant le plan de travail pour boire son café. Il farfouillait dans son coin et Yunho entendait le bruit du papier qui frottait. Il leva un regard alerte vers le chanteur et il aperçut une enveloppe fraîchement ouverte. Les sourcils froncés, il se leva brusquement et lui arracha le courrier des mains d'un air agacé.

— La dernière fois ne t'a pas suffi ?

— Excuse-moi, j'avais oublié, répondit sincèrement Jaejoong, les yeux ronds.

— Oublié ? répéta Yunho, excédé. Tu ne te rends même pas compte de ton attitude, comme si tu les encourageais à t'approcher de si près qu'ils pourraient te blesser. Et toi tu leur répondrais avec le sourire.

— Une seule mésaventure m'est arrivée pendant que j'ouvrais mon courrier, ce n'est pas automatique. Tu sous entends quoi par là ? s'offusqua son vis-à-vis.

— Tu n'es pas croyable. Une mésaventure avec une lettre, une dizaine dans d'autres circonstances. Je t'ai dit que je me chargerai de ton courrier jusqu'à nouvel ordre. Mais tu préfères suivre tes propres règles, regarde jusqu'où ça te mène.

— Tu veux bien me dire ce que tu entends par là ? rétorqua Jaejoong.

Le malaise avait disparu, ou bien il s'était aggravé, métamorphosé en un déferlement de reproches.

— Il va falloir que tu cesses de te laisser approcher aussi facilement, continua Yunho en reposant le courrier sur la petite table du salon. Hier soir ça aurait pu très mal se passer...

— C'est donc ça que tu avais en tête, comprit Jaejoong. Hier soir.

— Tu es trop ouvert, trop accessible. Ils connaissent ton adresse, t'écrivent, rentrent chez toi. Tu te laisses approcher par tes fans, par tout le monde, sans te poser de question. Tu m'étonnes qu'ils se croient tout permis. Au bout d'un moment on récolte ce que l'ont sème.

— Tu dis que je cherche ce qu'il m'arrive ? s'emporta le jeune homme, choqué par ce qu'il entendait. Tant qu'à faire, je mérite tout ça ?

— Même moi ! Tu me connais à peine et tu me laisses être intime avec toi, reprit Yunho sans répondre à la question.

— Ah ! s'exclama-t-il, de plus en plus outré. Excuse-moi d'être facile d'accès au point que tu me sautes dessus !

— Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

— Elle est bien bonne celle-là. Tu es du genre à blâmer les victimes, je dois dire que je suis extrêmement déçu.

Yunho resta muet, les yeux écarquillé en comprenant ce qu'il venait de dire. Les joues rougies par la colère, Jaejoong attrapa la première veste venue ainsi que son sac et partit en claquant la porte.