Holidays [GirlxGirl]

Chapitre 10.

Boom. Le choc. Pendant un temps qui lui sembla durer plusieurs éternités, elle ne réagit pas et la regarda. Elle avait l'air gênée, et se mordillait la lèvre comme si elle aurait mieux fait de se taire. Peut-être aurait-elle dû garder le silence finalement... La petite aux cheveux châtains passa sa manche sur ses yeux, écrasant ainsi les larmes qui menaçaient de couler. Elle allait ouvrir la bouche mais fut soudainement interrompue par la rousse qui avait repris ses esprits grâce à une grande inspiration.

« Et alors ? C'est pas contagieux, c'est pas une p'tite maladie de rien qui va m'empêcher de t'aimer. »

La mucoviscidose... Il lui semblait se rappeler une campagne de sensibilisation qui avait eu lieu il y a quelques années de ça dans sa ville. Et, ayant une bonne mémoire, elle avait gardé quelques souvenirs. Les plus importants. C'était une maladie génétique rare qui touchait les voies respiratoires ainsi que le système digestif. Et parmi les six milliards de foutus humains vivants sur cette foutue Terre, il avait fallu que ce soit elle qui ait cette foutue maladie. Foutu hasard.

Et, sans prévenir, Jihane fondit en larmes. Elle vint se blottir contre son amie, s'accrochant à sa veste en reniflant. Jalee ne se rendait pas compte de ce qu'elle avait dit et elle-même ne comprenait pas exactement ce qu'il se passait. Pourquoi se retrouvait-elle en train de serrer cette fille contre elle ? Pourquoi pleurait-elle ? Et, comme si elle s'était mise en pilotage automatique, elle serra fortement cet être si fragile contre elle. Si fragile et pourtant tellement fort. Porter un fardeau si lourd sur ses épaules durant toutes ces années avait dû être extrêmement dur pour elle. Elle avait sans nul doute besoin de se reposer. D'être, pour une fois, un peu moins forte que d'habitude et de pouvoir compter sur quelqu'un pour l'aider durant ce dernier mois.

La jeune fille allait souffrir. Elle le savait. Lorsqu'elle ne serait plus de ce monde, un vide énorme allait se créer au sein de son cœur, un vide que nul ne pourrait plus jamais combler après ça. Mais n'allait-elle pas non plus souffrir de ne pas avoir pu lui donner son amour pour ses derniers jours ? Puisque, bientôt, elle rejoindrait les anges, pourquoi ne pas lui offrir les plus beaux derniers souvenirs qu'il soit ? Et ce, en l'aimant du plus profond de son cœur. Elle s'était promis de la rendre heureuse et d'être là pour elle, comme elle l'avait fait tant de fois.

« Eh, arrête de pleurer... J'sais que c'est la honte intersidérale de sortir avec moi mais là ça en devient carrément vexant. »

Et, à travers les sanglots, un petit rire se fit entendre. Entendre ce son fit un bien fou à Jalee qui caressa le dos de son amie tandis que celle-ci lui murmurait un Idiote tout en calmant ses pleurs. Il lui fallut encore quelques minutes pour se calmer. Elles restèrent dans les bras l'une de l'autre encore un long moment avant de finalement se décider à se relever.

Les yeux de Jihane étaient désormais tout rouges et gonflés. Cependant, son sourire restait le même. Toujours aussi adorable. Cette fille était vraiment à croquer... Un véritable petit ange. Comment ne pas tomber raide dingue d'elle ? C'était tout simplement impossible.

Jalee se releva et tendit la main vers sa jeune amie... Ou petite-amie ? Elle n'en savait trop rien mais décida de ne pas trop s'en occuper. Elles se prirent par la main et sortirent du parc, côte à côte. Tout sourire, les deux jeunes filles se dirigèrent vers le centre-ville. Elles y dégustèrent un café ainsi que quelques viennoiseries dans une des nombreuses boulangeries. Puis, dès l'ouverture, elles entrèrent dans les différents magasins, essayèrent des robes. Enfin, ce fut surtout le cas de Jihane car la rousse refusait de porter ne serait-ce qu'une jupe longue.

« Eh, t'en as fait quoi d'mon dessin ? »

Assisse en terrasse d'un fast-food avec son amie, l'adolescente aux cheveux rouge fouillait dans son sac en quête de la fameuse feuille. Ne la trouvant pas et ayant remarqué que sa pochette n'était pas à la même place que d'habitude, elle en avait déduit que c'était elle qui l'avait prise. La coupable sirota tranquillement son gobelet de Coca avant de daigner lui donner une réponse.