Ce jour-là, le vendredi 13 novembre 2015, j'ai pris ma garde à huit heures du matin comme d'habitude. Je me suis changé et nous nous sommes tous réunis dehors devant le drapeau de la France.
Le colonel a fait l'appel des hommes et femmes devant être de garde ce vendredi.
Une fois l'inspection des tenues effectuée et les véhicules ainsi que les équipes donnés.
Nous avons levés le drapeau puis rendu hommage aux sapeurs pompiers morts au feu comme nous le faisions chaque matin à la caserne.
C'est pour nous un moyen de ne pas les oublier. C'est toujours un moment particulier, tu réalises à quel point ce métier est dangereux et que la vie ne tient qu'a un fil.
Après cette petite cérémonie quotidienne les pompiers de garde la veille nous disent au revoir et rentrent chez eux.
Nos gardes durent vingt quatre heures, de huit heures du matin à huit heures le lendemain matin. Nous avons par conséquent un à deux jours de repos par la suite sauf exception par exemple pour manque de personnel lors d'une intervention.
Après avoir dit au revoir à nos camarades qui rentrent chez eux, nous vérifions le matériel, cela fait partie des obligations du matin. Je suis en VSAV, le véhicule de secours et d'assistance aux victimes, avec deux de mes amis, Ryan et Elliot.
Pendant cette vérification de matériel j'ai droit à quelques charriages par rapport à ma soirée de la veille, ils m'ont vu avec une fille dans un restaurant et ils se sont imaginés plein de choses dans leur petite tête.
- Alors cette soirée avec la fille ?
- C'était ma cousine je vous dis sérieux !
- Ouais comme si on allait te croire, cette excuse est démodée mon cher.
- Pensez ce que vous voulez les mecs, mais je vous dis que c'est ma cousine, Jessica !
Une fois que nous avons finit nous avons droit à un exercice grandeur nature avec le SAMU du 92,93 et 94 sur le thème : fusillades sur lieux multiples.
Cet exercice ne présageait jamais ce qui allait se passer le soir même.
Nous sommes appelés, le VSAV, pour un accident de voiture impliquant une moto.
Nous arrivons assez rapidement sur les lieux, à première vue cela n'a pas l'air trop grave.
Nous prenons la précaution d'amener les victimes à l'hôpital pour des examens complémentaires. Souvent dans ce genre d'accidents les blessures sont internes et nous ne sommes pas qualifiés pour cela.
Nous profitons de la présence d'autres pompiers à l'hôpital pour prendre un café avec eux puis nous rentrons à la caserne en passant faire le plein du véhicule pour la journée.
Quand nous sommes rentrés tout le monde se trouvait à table pour manger, logique vous allez me dire.
Les rares moments de " répits " sont les repas. Nous arrivons à manger tranquillement sans avoir d'intervention en plein milieu du repas. Ce sont également les moments où nous nous retrouvons tous ensemble pour nous amuser, pour les bizutages mais aussi pour discuter sérieusement, et oui il ne faut pas croire, on n'est pas tout le temps à rigoler et à faire les idiots. Ces moments-là sont précieux pour créer une complicité dans une équipe.
L'après-midi reste plutôt calme pour une journée de garde en plein milieu de Paris.
Seulement quelques départs pour des chutes, des blessures superficielles et un feu de friteuse rapidement maîtrisé. Sans doute en prévision de ce qui allait se passer le soir même, pour nous laisser nous reposer un peu.
Nous passons la plupart de notre temps à faire du sport ou à jouer à des jeux de cartes.
Le soir Ryan, Elliot et moi, les trois mousquetaires comme on nous appelle à la caserne, décidons de préparer le repas pour toute la troupe, au menu croque-monsieur fait maison. D'autres mecs comme Brendan, qui est un peu le quatrième mousquetaire, Stephan, John ou encore Paul décident de se joindre à nous.
Et comme d'habitude quand nous préparons le repas tous ensemble cela part en bataille d'eau. Nous nettoyons bien évidemment avant de passer à table.
Nous fêtons l'anniversaire de Brendan qui souffle ses vingt-sept bougies aujourd'hui. Nous lui offrons de la part de tout le monde une chaîne avec un casque de pompier en pendentif ainsi qu'un bracelet en argent marqué " Frères de feu" que nous portons pratiquement tous dans cette caserne. C'est un bracelet d'amitié mais aussi une forme d'appartenance, certaines personnes nous prennent d'ailleurs pour une secte mais nous sommes seulement une grande famille !
Après ce bon petit repas et cette fête d'anniversaire, nous squattons tous le canapé pour regarder le match de foot de l'équipe de France.
Vers vingt et une heure quarante, Ryan nous réveille de notre somnolence collective en se secouant sur le canapé où nous sommes tous serrés comme des sardines.
Oui je sais je vous ai mis la chanson dans la tête, ne me remerciez pas, c'était gratuit !
J'ai regardé mes camarades qui eux rigolaient aux blagues de Ryan et je me suis mis à sourire, ce bonheur ne durerait pas longtemps.
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Des Vies Perdues Au Prix D'assassins...
Short StoryC'est un texte écrit pour un projet au lycée. Il parle d'un pompier en intervention pendant les attentas du 13 novembre à Paris. Je sais que ce sujet est particulier...