Chapitre 1: La chute

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Je suis assise sur ma chaise, ayant l'apparence d'un frisbee, ancienne distraction du siècle dernier que je suis justement en train d'étudier en Histoire, plus précisément le discours célèbre de Michael Obama. C'est la seule matière que j'aime vraiment, en qui je montre un véritable intérêt. On nous apprend tout ce qu'il s'est passé avant nous et on a beau nous répéter encore et encore que c'était une siècle où rien allait correctement, que certains mourraient de faim tandis que d'autres roulaient sur l'or, moi tout ce que je vois sur les photos, ce sont des gens heureux, qui vivaient libres, ressentaient la peur authentique, qui possédaient des jeux diverses et variés et une créativité hors du commun.

Je dois dire que papy m'a tellement raconté cette époque, où il devait avoir mon âge, que je ne peux voir en ce siècle que les bons côtés, refoulant les mauvais dans la partie négligence de mon cerveau, pourtant je ne compte même plus les fois où l'on m'a dit que ces gens-là étaient fous, en espérant que je me mette à le penser aussi. Malheureusement pour eux je déteste par dessus tout les préjugés. Et papy est loin d'être un dégénéré, bien au contraire ! C'est sans doute la personne que j'aime le plus dans ma famille, je pourrais écouter ses récits de son enfance toute une journée. Quand il en parle, je peux voir une petite étincelle se rallumer dans ses yeux comme la flamme d'un briquet (encore un de ces objets qu'il a gardé précieusement dans sa collection), une lueur malicieuse qui semble subitement le rajeunir.

Je consulte furtivement mon emplois du temps de demain sur mon écran mural holographique, qui est projeté grâce aux quatre aimants dans ses coins, je peux les manipuler à volonté, réduire mon écran pour qu'il ne fasse plus que la taille de ma paume ou au contraire l'agrandir pour qu'il recouvre entièrement mon mur, et le placer où j'en ai envie. Je n'ai pas grand-chose de prévu à ce que je vois...J'estime que j'ai assez révisé pour aujourd'hui et éteint l'écran.

Mon oreillette m'indique qu'il est l'heure de recevoir ma capsule, elle glisse dans un tube transparent pour s'arrêter à la fin de celui-ci, au dessus de mon lit. La flemmardise me cloue avachie sur ma chaise, pourquoi m'embêterais-je à me déplacer quand je peux juste l'attraper sans bouger ? J'agrippe mes gants de pixels jaunes transparents, avec une apparence légèrement fantomatique. Je les enfile puis essaie d'attraper la capsule avec, sans succès... Il faut dire que je manque de pratique. Mais je persévère quand même, et finalement je cogne la capsule et elle effectue un vol plané. Dans son élan, elle percute la fenêtre ouverte et dégringole sur le toit. Je grommelle un juron en suédois, ma langue d'origine et maudis intérieurement ma foutu flemmardise, j'aurai sûrement mis moins de temps à me lever et prendre la capsule !

-Vas prendre la capsule repas qui est sur le toit. adressais-je d'un ton excédé à mon robot qui faisait office de décoration jusqu'à présent. Il analyse ma demande mais ne s'exécute pas, il reste de marbre avant d'ajouter :

-Je n'ai pas le droit d'aller sur le toit. articule-t-il d'un ton formel. Inutile d'insister, les robots ne changent jamais d'avis, à moins de les pirater, seulement je n'y arrive pas. En revanche Anthony, mon meilleur ami sait le faire à merveille mais je lui ai dis des centaines de fois que je suis capable de m'en sortir seule, ce qui est totalement faux. Maintenant je me retrouve confrontée à mes problèmes, sans personne pour m'aider, je soupire. Mais que font les robots quand on a vraiment besoin d'eux ?! Mon ventre gargouille, il réclame sa portion de nutriments. Je ne peux pas me résoudre à abandonner mon repas, j'ai vraiment trop faim !

J'enlève mon oreillette, si je grimpe sur le toit, elle signalera ma position aux drones de l'immeuble qui me donneront une pénalité, ou peut être même une décharge électrique ! À l'endroit où elle se trouvait, j'ai l'impression que mon oreille s'est allégé, je ne sentais pourtant pas son poids mais cela doit faire 5 ans que je la porte sans jamais l'enlever. J'ai eu le temps de m'y habituer. Maintenant j'ai la peau à nu, c'est bizarre mais agréable.

Phœnix moderne (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant