Bête noir

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Je le fixe indifféremment. La « brigade de la mauvaise action? »

« C'est quoi ça? » demandai-je presque automatiquement.

Il me regarda droit dans les yeux et pris un air sérieux. Carrément flippant. Il transforma son visage en moins de deux secondes.

« C'est un groupe de gens qui s'occupe des mauvaises personnes. Quand ils remarquent quelqu'un de nuisible aux autres, ils le pourchassent et l'attire vers eux. Ensuite ils lui font regretter ses actes. »

Je grimaçai et tournai la tête une seconde.

Y a vraiment des gens étranges sur Terre. A part leur donner du travail en plus, je ne vois pas à quoi cela leur sert. Je pensais qu'il n'y avait pas pire que moi, j'avais tort...Mais qu'est-ce que je marmonne? C'est sûrement une histoire de pacotille qu'on raconte aux enfants pour leur faire peur et les dissuader d'être méchant. Et puis, y a pas pire que moi.

« Et pourquoi tu me racontes ça? Pour me faire peur? C'est puéril, et puis il m'en faut beaucoup plus. Allez tire-toi. » lançai-je

« J'ai entendu ça au détour de deux/trois conversations et le nom qui revenait souvent c'était le tien. Maya. Alors je voulais te prévenir. »

Il esquissa un léger sourire, se leva et s'en alla.

J'y crois pas une minute, et puis même si c'était vrai...J'ai plusieurs cordes à mon arc. C'est pas une bande de dégénérés qui va me faire peur.

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19h32.

AH la télé. Que ferai-je sans elle? C'est bien la seule chose que je n'abandonnerais jamais au monde. Elle me procure du bonheur et moi je lui rend en la regardant autant de fois que je peux. Quelle putain de relation. Depuis que ma mère travaille de nuit, je passe mes soirées seule devant la télé. La journée je la vois très peu entre mes cours et elle qui se repose. Quant à mon frère, on est assez proche, fin comme des frères et sœurs devraient l'être.

Je me resservis un verre de jus de pêche quand je reçus un appel. Je pris mon portable, et décrochai. C'est Matteo.

Moi: « Ouais? »

Matteo: « Tu fais quoi?  » me demanda-t-il d'un ton enthousiaste.

Heu, il a l'air content.

Moi: « Télé, qu'est-ce qui te prend? »

Matteo: « Ça te dit de venir à la fête de Dana? »

Moi: « Ça dépend y aura des trucs à bouffer? »

Matteo: « Ouais, des pizzas aux fromages et à la roquette comme tu les aimes.»

Moi: « Cool, je vi... Attend. Y aura Kyliann? »

Matteo: "Ouais, et j'ai cru comprendre qu'il aimerait bien que tu viennes..."

Merde... Kyliann, c'est mon petit-ami. Sauf que pas vraiment en faite, ça va dans aucun sens. Je ne l'aime pas et lui non plus, mais on sort quand même ensemble. C'est un des potes de Matteo, après une soirée plutôt arrosée, on a décidé de partager le titre de "petit-ami". Je ne sais pas pourquoi il veut que je vienne.

Je soupirai. Il répondit après un temps.

Matteo: « Petit bémol, on est pas invités. »

Moi: « Oh, on se débrouillera. »

Je me retournai vers la télé et lui lançai.

« Bon, télé, je sais que j'avais dis que je t'abandonnerai jamais mais le devoir m'appelle...Où plutôt les pizzas m'appellent. »

Matteo: « Tu parles encore à ta télé??? »

Moi: « Bon je vais me préparer, salut! »

Je laissai échapper un rire et allai me préparer.

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La fête bat son plein.

Elle se déroule dans un énorme hangar et est surveillée par des tas de vigiles à l'entrée. C'est comme une boite de nuit very important people, mais en plus very j'essaye-d'impressionner-le-monde-alors-que-je-suis-pauvre people. Dana a mit le prix la dedans, elle veut se mettre le lycée dans la poche. L'entrée est très sélective et je doute qu'elle veuille me revoir à nouveau, depuis que j'ai raconté à tout le monde qu'elle avait une mst. Pour l'instant j'ai aucune putain d'idée de comment on va rentrer, mais une chose est sûre c'est que l'on va rentrer.

Matteo, deux de ses amis et moi sommes garés dans l'allée juste derrière le hangar et réfléchissons à une solution.

Je sortis mon rouge à lèvres "bête noir" et mon miroir de ma minaudière à paillettes, et commençai à m'en appliquer sur les lèvres. Matteo me scrutait d'un œil avant de lâcher,

« Ça va faire la 5ème fois que tu t'en mets. »

Je ne détachai pas un poil mes yeux du miroir. Et alors?

« Au lieu de me faire des réflexions, trouve nous un moyen de... » Je n'eus même pas le temps de finir ma phrase, que j'entendis quelqu'un parler avec un des amis de Matteo sur la banquette arrière.

« Je peux vous faire entrer  » chuchota-t-il.

Je me retournai brusquement. Oh non, encore lui.

May-AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant