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Point de vue TaekUn

Un... Deux... Trois... Quatre...

Je ne cesse de les rater !

Cela faisait déjà plusieurs heures que j'essayais de faire rentrer ce foutu ballon dans le panier. La nuit est tombée sans même que je ne m'en rende compte. Le ciel bleu du printemps a laissé place à une nuit sombre et glacée, telle une nuit d'hiver.

Et toujours aucun panier de mit, pas même un seul, pas même un qui aurait faillit tomber dedans, non, j'étais complètement à côté de la plaque, complètement agacé par ce qui m'arrive. Moi qui ne rate jamais un panier, voilà qu'en une soirée j'en ai raté plus que la normal, plus que je ne le devrais.

Mais je veux rester ici, je ne partirais pas tant que ce ballon ne sera pas rentré dans ce fichu trou !

En revanche mon portable ne cessait de sonner dans mon sac, presque toutes les demies-heures, comme pour me rappeler à l'ordre. Sûrement mon patron, autrement dit, ma mère. Mais rien à faire, je veux rester ici, je veux mettre ce panier, je veux y arriver, je veux évacuer, je veux oublier !

Oublier cette soirée, oublier ces mots, oublier ces larmes, oublier ces reproches, ces cries, ces sanglots...

Impossible !

« - Jamais tu ne m'as aimé, jamais ! »

Sa voix, ses mots et ses reproches raisonnent dans ma tête comme un bruit sourd, assourdissant qui me fait perdre pied, toute ma raison et mon calme.

Je ne cesse de me la remémorer, de la revoir face à moi en larme à briser tout ce qui lui passait par la main, vases, cadre photos, assiettes, verres, bouteilles... Elle brisait tout, en me criant dessus, en me balançant au visage tout ce qu'elle avait sur le coeur depuis presque un ans déjà.

JiHoon avait pété les plombs.

Pourtant elle n'a jamais été comme ça. Non ! Elle a toujours été souriante, calme et ouverte d'esprit, elle était dotée d'une patience rare, que peu arrivait à garder en ma présence, donc jamais je n'aurai cru qu'un jour elle s'en prendrait à moi de la sorte.

Comme quoi, je me suis trompée.

« - Jamais tu n'as été là pour moi ! Jamais tu ne m'as montré de l'intérêt ! Jamais tu ne m'as souris !Jamais ! »

Et moi j'étais resté de marbre, je la regardais détruite notre appartement dans lequel nous vivions depuis cinq mois déjà. Je ne bougeais pas, ne bronchais pas... Après tout, que dire face à une femme qui nous reproche des choses et qui a besoin de se défouler ?

Je ne savais que dire en réalité, tout ce qu'elle disait était vrai en fait. Je n'ai jamais levé le petit doigt pour elle, je ne me suis jamais confié à elle ou pire encore, je ne lui ai jamais souris, ce qui est complètement aberrant pour un homme soit disant en couple.

Dans le fond, je comprenais sa crise, et ses reproches, car elle n'est pas la première à mes les avoir fait, déjà mes anciennes petites amies, peu nombreuses, m'ont fait ces reproches, mais JiHoon était la seule à avoir tenue aussi longtemps, la seule qui n'ait pas craqué au bout de trois mois de relation.

Je lui tire mon chapeau.

« - Est-ce que tu m'aimes ? »

J'avais alors posé mon regard sur elle, qui venait de se calmer, pour me fixer de ce regard suppliant, de ses yeux remplis de larmes, et d'une douleur qu'elle seule ressentait, mais je ne laissais rien paraître. J'étais resté de marbre à la regarder sans prononcer le moindre mot.

Je ne savais que dire.
Oui ? Pour finalement partir dans une explication sans fin avec elle et ne pas changer pour autant.
Non ? Pour lui briser le coeur au bout d'un an de relation.

Je préférai rester silencieux, comme à ma plus grande habitude. J'espérais qu'elle lise en moi, qu'elle me comprenne et qu'elle passe outre comme avant, qu'elle oublie ce fâcheux moment pour qu'on reprenne notre train-train quotidien...

Mais elle était arrivée à saturation.

« - C'est finit entre nous ! »

Elle avait réunis le peu de force qu'il lui restait pour prononcer ces derniers mots. Elle tremblait, retenait sa colère, sa souffrance et sa déception, je le voyait bien dans ses yeux, dans ses yeux rouges et noyés par les larmes.

J'avais dépassé les bornes.

Suite à ces mots, je me suis retourné et me suis dirigé vers la porte d'entrée, sans oublier d'attraper mon ballon de basket qui est mon seul défouloir, la seule chose dans laquelle je laisse paraître mes émotions, la seule chose qui puisse me vider au plus profond. Mais à peine avais-je posé ma main sur la poignet, qu'elle s'était laissé tomber au sol pour pleurer de plus belle.

Cela me faisait un pincement au coeur, j'avais de la peine de la voir dans un état pareil, surtout à cause de moi, ça ne fait jamais plaisir de faire du mal à quelqu'un... mais je ne me suis pas retourné. Je n'ai même pas posé le regard sur elle. Je me suis contenté de sortir dans le plus grand calme et ai pris soin de fermé la porte... Comme pour boucler cette relation que je venais de gâcher à nouveau.

Pourquoi revenir ?
Pour essayer de s'expliquer ?
Dans tous les cas, cela mènerait au même point.
Au point de non-retour.
Au point de rupture.

Autant en finir maintenant.

Toutes ces images qui me reviennent en mémoire s'embrouillent, s'enchaînent se superposent pour troubler mon esprit et titiller mes nerfs. J'ai envie de crier, d'évacuer tout ce que j'ai en moi, mais à quoi bon, je mérite ce qui m'arrive dans un sens.

J'ai beau me rendre compte de ce que j'ai fais subir à ces filles qui ont osés m'aimer, réaliser que toutes ces ruptures étaient de ma faute, mais c'est plus fort que moi... Je ne veux faire aucun effort, je ne veux pas les protéger, ni me confier à elles ou encore même les regarder dans les yeux pendant des heures comme le ferait tout couple normal et amoureux.

C'est comme ci je voulais simplement faire comme les autres, me donner une image de mec normal qui sort avec des filles, qui a une relation à peu près stable, une femme aimante et un appartement tout neuf. Mais dans le fond je suis toujours aussi vide.

Personne ne me comprenait en faite.

Ces filles avaient beau me dire je t'aime, je leur répondais brièvement, parfois je ne répondais pas, elles avaient beau me serrer dans leur bras, je ne ressentais rien à part l'envie de les repousser et de leur dire de me laisser tranquille et prétexter vouloir regarder ma série, elles avaient beau même se blottir contre moi la nuit, je leur tournait le dos disant que leurs cheveux me dérangeaient ou alors je ne disais rien, tout simplement et faisais mine de dormir.

Je n'avais pas envie de les prendre dans mes bras, de leur dire je t'aime ou de les embrasser . Non. Tout ce que je voulais c'était être tranquille mais tout ce qu'elles ont réussis à faire c'est accentuer cette colère en moi qui s'agrandit de jour en jour, cette tristesse et cette solitude qui agrandissent ce trou béant dans ma poitrine.

Car oui, je me sent seul, terriblement seul malgré les gens qui m'entourent et qui m'offre leur amour. Je suis constamment énervé, attristé et enragé dans le plus profond de mon être. Et si je ne laisse rien paraître c'est pour effrayer personne, ou même pour me voiler la face, pour me dire que tout va bien.

Depuis, mon visage est comme inerte, inexpressif.
Comme mon coeur... Gelé.

Mes mains compressent fortement la balle faisant trembler mes bras sous l'excès de force tandis que mon regard menace presque ce panier qui ne cesse de me narguer, de me provoquer. Je vais le mettre ce panier, il le faut !

Alors que je lance la balle, elle vient rebondir contre l'anneau pour directement atterrir de nouveau dans mes mains. La colère monte en moi et imbibe tout mes pores. J'en ai marre, j'en peux plus de ce maudit jeu qui ne cesse de se foutre de moi. J'en ai marre de ces gens qui me reprochent toujours la même chose, j'en ai marre de mes parents qui ne voient pas cette tristesse qui me submerge depuis tout ce temps, j'en ai marre de tout !

Dans un excès de colère je propulse la balle au loin, évacuant toute cette colère par la même occasion. Cette dernière vient heurter le grillage tandis que je décide d'aller vers mon sac, laissant cette balle faire sa propre vie désormais.

Qu'elle roule, qu'elle s'en aille, qu'elle m'abandonne comme tous les gens qui m'entourent, comme toutes ces filles, cela ne changera pas grand chose à ma vie.

Je serai toujours seul !

Mais alors que je marche en direction de mon sac, j'entends la balle heurter quelque chose qui ne ressemble en rien à un grillage, or il n'y a que ça qui m'entoure. L'intrigue mais à la fois l'inquiétude montent en moi, je ne sais pas se qu'il se passe et cela ne me rassure pas vraiment.

Il fait nuit, il fait froid, seuls quelques lampadaires éclairent brièvement ce pauvre terrain de banlieue abandonnée, je suis seul ici... L'ambiance n'est vraiment pas rassurante et un léger frisson vient parcourir mon corps.

Jamais je ne serai tranquille au moins une fois dans ma vie ? Il faut même qu'à une heure pareille quelqu'un trouve encore le moyen de me déranger. À croire qu'ils se sont tous donnés le mot pour me faire chier aujourd'hui.

C'est alors que doucement, submergé par l'agacement et l'intrigue je me retourne pour m'assurer de ce qu'il se passe.

Face à moi se trouve une jeune fille en uniforme représentant son lycée. Je remarque alors vite que c'est à ce même lycée où je suis allé, et où j'ai connus les pires moments de ma vie... J'en suis vite partis.

Elle porte un sac à dos rose pâle, sur lequel trône quelques poupées en porte-clé, sûrement à l'effigie de son groupe favoris, les filles en mettent partout. Ses cheveux sont longs, très longs et lisses apparaissant noires à la lumière du lampadaires , ou châtains par moments... Difficile de définir la couleur de sa chevelure dans ce noir glacial.

Je ne peux décrire son visage, qui est caché par ses cheveux, de plus sa tête est baissée, ses yeux rivés sur la balle, elle m'ignore complètement.

Elle est plutôt petite et semble maigre, avec quelques formes au niveau des hanches qui ne sont pas très voyantes ou repoussantes. Cependant, la forme de sa jupe laisse apparaître des jambes plutôt bien dessinées. Elle ne sont ni trop fines, ni trop grosses, et sont rosies par le froid ambiant.

Je suis d'abord surprit de la voir là, et j'aimerai lui demander se qu'elle fout ici, lui dire que c'est dangereux de traîner ici à une heure aussi tardive, surtout dans une telle tenue, mais je me contente de la regarder, tandis qu'elle fixe le ballon d'un air amusé, un sourire sur les lèvres.

Elle ne me prête toujours aucune attention.

Alors qu'elle se baisse pour ramasser la balle, je suis toujours immobile, curieux de voir se qu'elle va faire. Va-t-elle me rendre la balle ? S'enfuir en courant avec ? La jeter plus loin ?

Elle ne semble pas méchante ou menaçante, mais qui viendrait en pleine nuit sur un terrain de basket où un inconnu s'amuse ? Pour, de plus, lui prendre la balle sans demander la permission et l'ignorer complètement ? Ce n'est pas logique, n'importe qui se serait contenté de passer auprès du terrain, de jeter un regard curieux à mon égard sans pour autant s'arrêter.

Cette fille est étrange.

La balle en main, elle la regarde un instant sans dire un mot. Elle la tourne dans tous les sens pour je ne sais quelle raison avant de froncer les sourcils en fixant le panier qui se trouve presque à plus de huit mètres d'elle.

Ses yeux ne cessent de vagabonder entre la balle et le panier puis, dans un élan soudain, elle jette le ballon en l'air. Mes yeux suivent sa trajectoire, ne la quitte pas une seconde... Elle tombe directement dans le panier.

Un léger rire de satisfaction sort d'entre ses lèvres tandis qu'elle fixe le panier fièrement en tenant les lanières de son sac rose. Quant à moi je suis surprit, abasourdis face à une telle précision, face à ce lancé net et précis.

Tout ce que j'essayais de faire depuis des heures, elle l'a fait en une fraction de seconde.

Mon regard se pose alors sur elle, qui fixe toujours la même trajectoire avec ce sourire fière au visage. Je suis à la fois surpris, impressionné et agacé par ce qu'elle vient de faire. C'est moi qui aurait dut mettre ce panier, pas elle !

C'est moi qui suis venu ici, moi qui ai besoin de décompresser, moi qui veut me défouler. Alors qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle n'a pas ses devoirs à faire ou aider sa maman comme toute enfant bien sage ferait ? Qu'elle me laisse tranquille, je n'avais vraiment pas besoin qu'une gamine me rappelle à quel point je suis pitoyable !

Quelle journée merdique !

Mon regard se fait noir sur elle, presque menaçant, mais elle ne remarque rien, trop concentrée sur ce panier ! Elle m'agace déjà.

Je pouffe en détournant mon regard d'elle, faisant comme ci je m'en fichais complètement de ce qu'elle venait de faire, comme ci elle ne m'intéressait pas, comme ci je lui prouvais que moi aussi je suis capable de faire ce même panier.

Je retourne alors à mon sac, comme j'avais prévu de le faire puis attrape mon portable, par pur réflexe. Je sais que je n'aurai rien, surtout pas de JiHoon, pas un appel, pas un message... Mais ce geste est systématique, comme un tic dont on ne se défait pas.

À un moment, JiHoon me demandait d'être plus souvent sur mon portable, pour que je lui réponde aussitôt, comme tous petit ami normal aurait fait, et même si l'envie n'y était pas, je le faisais. Pour être... Normal.

En constatant que aucun message ne m'a été envoyé, même par mes amis, je jette mon portable dans mon sac tout en m'allongeant au sol, agacé, fatigué, détruit par cette journée qui n'en finit pas. Mon bras vient se plaquer sur mes yeux, que je ferme histoire de méditer, de me reposer un instant, un simple instant !

Je me sent seul, comme abandonné, comme ci toutes les personnes qui m'entouraient m'avaient laissés tomber du jour au lendemain, au moment même où elle m'a quitté.

Ça semble stupide comme idée, mais dans ce genre de circonstance, il est dur de penser à autre chose. De se dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, de penser que nous sommes aimés et appréciés à notre juste valeur. Non...

On se sent juste abandonné.

« - Bah... Tu n'as pas aimé mon panier ? Dit une voix toute proche de moi. »

Surpris mais aussi vraiment sur les nerfs, je retire mon bras et ouvre les yeux, pour faire face à cette fille ayant son visage juste au-dessus du mien. Ses cheveux frôlent mon nez, ce qui comment à me taper sur les système.

Mais je reste calme, aussi impassible que d'habitude. Après tout, pourquoi s'énerver contre une fille que je ne reverrai jamais ? Pourquoi se fatiguer d'avantage surtout dans un tel moment, dans une telle circonstance, cela n'est que perte de temps.

Son visage est plutôt rond mais pas gros pour autant, elle a encore les formes d'une enfant de quinze ans, ce qui n'est pas normal pour une lycéenne. Elle a aussi des yeux ronds, grands ouverts qui brillent de milles feux, à croire qu'ils ne reflètent que le bonheur à longueur de temps.

En revanche, elle a un nez fin et assez long qui contraste assez avec son visage puis sa peau est sans imperfection. Plutôt pâle mais pas effrayante, sa peau n'a rien d'une maladive.

D'où vient-elle ?
Je me serai souvenu d'elle si jamais je l'avais croisé une fois dans ma vie. Enfin je crois.

« - Pourtant il était plutôt réussi non ? Continue-t-elle en me regardant peu convaincue, ce sourire aux lèvres. »

Gardes ton calme TaekUn, gardes ton calme !

Elle commence sérieusement à m'agacer celle-là, et encore, je suis poli ! J'aimerai être tranquille, tout seul à méditer ou déprimer, elle ne le voit pas ça ? Ou elle en fait exprès ? Dans tous les cas, elle doit s'en aller, elle doit me laisser tranquille, m'oublier, m'ignorer comme tous le monde le fait si bien.

« - Dis, tu veux bien qu'on joue ensemble ? Ajoute-t-elle un grand sourire aux lèvres. »

Je me redresse subitement assit sur le sol, ce qui la fait se reculer, sûrement par surprise, mais elle ne bouge pas pour autant.

J'ai envie de lui crier dessus, de lui dire de dégager et de me laisser tranquille, mais je ne peux le faire, elle n'y est pour rien en ce qui concerne ma vie, elle n'est pas celle qui se joue de moi, qui dit m'aimer pour s'en aller, elle n'est ni celle qui me lance ces mêmes reproches à longueur de temps... Mais je suis sûr que si je la laissais rentrer dans ma vie, si je commençais ne serait-ce qu'à sympathiser avec elle, elle deviendrait comme toutes les autres.

Je ne peux prendre ce risque.

Un soupire s'échappe de ma bouche tandis que mon regard se perd au loin. Que dois-je dire ? Que dois-je faire face à une telle situation ? Dans tous les cas, elle a l'air décidé à rester et puis, je ne peux rester sur ce genre d'humiliation, je dois lui montrer que ce panier qu'elle m'a infligé, n'est rien comparé à ce que je sais faire.

Le ballon entre ses mains, elle est là à me regarder sans dire un mot, se contentant de dandiner patiemment comme une enfant qui attend la permission de ses parents pour agir. Elle a un air enfantin qui pourrait laissé croire qu'elle n'est encore qu'au collège et pourtant, elle est belle et bien au lycée... Peut-être vient-elle seulement d'y entrer ?

Sans dire un mot, je me lève alors de ma place, ce qui me vaut un petit rire joyeux de cette fille, que je ne connais même pas. À croire qu'elle attendait ce moment depuis longtemps déjà... Elle ne perd pas un instant et jette presque son sac au pied du mien avant de trottiner jusqu'au milieu du terrain.

Quant à moi, je marche, les mains dans les poches, pas vraiment décidé à jouer avec elle, mais je ne peux rester sur cette défaite, je ne peux la laisser penser qu'elle est plus forte que moi. Je sais que je suis meilleur qu'elle, et je compte bien le lui prouver.

« - Je n'ai jamais jouer à ça avant, j'espère y arriver ! Me dit-elle comme ci ça allait changer quelque chose. »

Je la regarde alors en levant un sourcils, à la fois surprit mais satisfait par sa révélation. Ça va être plus facile que je ne le pensais. Ce panier au final, n'était qu'un coup de chance. Oui, rien de plus...

La chance du débutant.

« - Prêt ? Oh tiens, commences ! Sourit-elle tout en me tendant la balle. »

D'un sourire angélique, beaucoup trop angélique à mon goût, elle me tend le ballon à l'aide de ses deux mains, tout en plongeant son regard dans le mien. Un regard que j'essaye d'éviter tellement il est... Pesant ? Intriguant ? Effrayant ? Perçant ?

Dans tous les cas, je veux éviter de la regarder.

Un air blasé, pas du tout contrôlé, se dessine sur mon visage tandis que j''attrape la balle entre mes mains, prenant soin de ne toucher ou de ne frôler en aucun cas sa peau. Et même face à ce comportement peu respectueux, elle continue de me sourire comme ci j'étais son meilleur ami.

C'est vraiment intriguant comme réaction.

Mes mains tâtent le ballon tandis que mes yeux se concentrent sur le panier que j'essaye d'avoir depuis déjà plusieurs heures. Je le fixe en fronçant les sourcils comme pour me concentrer d'avantage, ce qui est juste une excuse pour nous donner un air plus sérieux finalement.

Je vais l'avoir, je sent que je vais l'avoir, il le faut !

Enfin décidé à lancer la balle, je saute sur place et la jette d'où je me trouve...

« - En faite tu t'appelles comment ? Dit-elle au même moment, presque au creux de mon oreille. »

La balle atterrit à côté du panier, mais vraiment bien à côté. À croire qu'elle l'a fait exprès pour que je me loupe... même si je n'avais pas besoin d'elle pour me rater, depuis tout à l'heure je ne cesse de le faire, alors un de plus ou un de moins...

Mais cela m'agace malgré tout. Elle ne pouvait pas se taire ? Elle ne pouvait pas poser sa question à un autre moment ? Non, dans tous les moments qui lui sont accordés il a fallut que se soit durant mon tire.

Je me retourne soudainement vers elle et lui lance un regard noir qui l'a fait presque sursauter, se rendant compte de ce qu'elle venait de faire. Elle adopte un air presque désolée et cours jusqu'au ballon sans dire un mot, alors que je la regarde partir en lâchant un soupire d'entre mes lèvres.

Elle m'énerve déjà !

« - Oh pardon ! Je suis vraiment désolée ! »

Alors qu'elle se dirige vers moi, tout en me tendant le ballon, je n'ai même pas envie de répondre, ni même l'envie de rétorquer, cela me fatiguerai pour rien. Et j'ai horreur de ça, parler pour ne rien dire, parler dans le vide, ou papoter juste pour le plaisir... à quoi bon, quoique je dise les gens s'en contre fiche ou se serviront de mes mots contre moi tôt ou tard.

Parler ne sert à rien.

« - Recommences j... Je ne voulais pas te faire rater ! Insiste-t-elle en approchant un peu plus le ballon de mon visage. »

Pourquoi s'obstine-t-elle à rester ici avec moi ? Pourquoi veut-elle absolument jouer avec moi ? Surtout que je n'en ai pas du tout la tête ni même l'envie, tout ce que je veux désormais c'est rentrer chez moi, me doucher et me coucher dans la foulée. Puis surtout, oublier cette journée qui m'en a fait voir de toutes les couleurs.

« - Tu... Tu ne veux pas jouer ? Demande-t-elle sur un ton déçu tout en reportant le ballon contre elle.
- Il se fait tard. Rentre chez toi. Dis-je simplement en glissant les mains dans les poches de mon pantalon. »

Sortir ces quelques mots a été un effort surhumain, pour moi qui n'ai pas parler depuis plusieurs heures, c'est comme ci ma voix était faible, enrouée. Ce qui m'a donné un ton sec, presque menaçant, puis le froid qui règne désormais, n'arrange pas vraiment les choses.

Mais bon, qu'elle le prenne comme elle veut, je m'en contre fiche. Moi, je vais rentrer chez moi et tout oublier, ne penser à rien d'autre et me reposer un peu... Si j'y arrive.

Sans lui dire quoique ce soit de plus, je me dirige vers mon sac, bien décidé à m'en aller. Mais cette sangsue me suis, je peux entendre le bruit de ses chaussures tâtonner contre le bitume du terrain. Ses légers talons ne cessent de faire ce « clac clac » qui est de plus en plus agaçant.

« - Mais... et le match ? Insiste-t-elle en s'arrêtant près de moi. »

Elle ne va pas me lâcher ma parole !

Pourquoi elle y tient tant à ce match hein ? Cela ne va pas changer sa vie, ni la mienne, si elle veut jouer elle n'a cas demander à ses amis, avec qui, j'en suis sûr, elle s'amusera bien mieux qu'avec moi. Alors pourquoi elle y tient tant sérieusement ? Qu'est-ce que je lui ai fais pour qu'elle décide de me coller tout à coup ?

Sauf que dans un sens, j'ai bien envie de reprendre ma revanche, et qui sait, peut-être que demain je serai plus en forme qu'aujourd'hui et que rien ne viendra me perturber afin d'arriver à mon but. Puis je ne peux rester sur une défaite, ce n'est pas dans mes habitudes, cela m'énerverait d'avantage si je ne faisais rien.

Après tout, je suis un homme, j'ai besoin de me prouver à moi-même que je suis fort, que je ne suis pas un bon à rien, que je vaux encore quelque chose dans ce monde, et même si jouer au basket, même si battre une fille à ce jeu semble petit, dans l'estime d'un homme, c'est déjà beaucoup.

Rien que le fait de gagner nous rend plus fort... Psychologiquement du moins.

« - Demain, six heures ! »

Sur un ton presque froid, je reprend la balle d'entre ses mains, d'un geste non violent mais sec tout en lui lançant un regard sérieux et imposant, comme ci je ne lui laissais pas le choix de revenir demain.

Ce qui est un peu le cas.

Puis sans la regarder d'avantage, sans lui prêter une once d'attention, je remet mon sac correctement sur mon épaule avant de me diriger vers la sortie du terrain, faisant rebondir parfois le ballon au sol, comme pour me donner un air sûr de moi, un air fort. Tel un professionnel.

Pourquoi je fais ça ?
Je ne sais pas.

« - Mais attends je ne sais même pas ton nom ? Hurle-t-elle à l'autre bout du terrain sur un ton presque paniqué.
- Pas grave. Dis-je simplement en m'éloignant, sans pour autant me retourner. »

Après tout, moi non plus je ne sais pas son nom, et elle n'a pas besoin de savoir le mien. Qu'est-ce que ça va changer ? On va juste jouer au basket demain, je vais juste reprendre cette sorte de revanche, alors nous n'avons pas besoin de sympathiser, ni même de devenir de supers potes.

Alors à quoi bon lui donner mon nom.
Cela ne mènera à rien.
Qu'à avoir des ennuis.


VIXX : True love_LeoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant