Prologue *

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L'air frais de la fin de la saison froide enrobait la forêt d'un épais brouillard. Le ciel étoilé au-dessus de celui-ci était à peine visible dans la pénombre. Au camp du clan du Tonnerre, tout était calme, sans le moindre bruit. Une ombre glissa dans la clairière, sortant de la grotte du chef. Les grandes lianes recouvrant l'entrée s'entrechoquèrent au passage de ce dernier. Avec gracieuseté et souplesse, il se faufila dans un trou creusé en dessous d'un buisson de fougères. Il en ressorti dans la dense forêt. Recouvert de terre qui masquait son odeur, il s'élança dans une petite pente menant à un sommet dégagé de toutes végétations. Arrivé en haut, il regarda en contre-bas. Il plissa les yeux afin de voir au travers de la bruine. Son camp était toujours dans le calme le plus paisible. Aucun n'avait remarqué qu'il était sorti. Avec un grand soupir, il glissa le long du versant opposé. Il accéléra au cœur de la forêt. Il sauta par-dessus un tronc d'arbre couché. Puis, il zigzagua entre des petits arbustes parsemés de fleurs roses. Au loin, il aperçut des lumières qui perçait la brume de leur éclat. Il ralenti jusqu'à marcher. Il traversa un prairie d'herbe haute qui lui arrivait au ventre. Une dernière lignée d'arbre poussait juste avant le territoire des bipèdes. Le matou frissonna en pensant à eux. Dépourvu de poils, marchant sur deux pattes et être ami avec les monstres, il n'avait rien à envier d'eux. Il repéra un grand bouleau. Il sauta et planta ses griffes dans l'écorce. Il se hissa à une branche haute et épaisse, pouvant supporter son poids. Le mâle s'assis la queue enroulé autour des pattes. Il respira l'odeur forte et immonde du chemin du tonnerre. Ce dernier, une grande étendue noire où les monstres rodaient, dégageait une odeur de chair à corbeau. Les yeux d'un monstre apparurent à l'une des extrémités du chemin. Il s'accroupit sur la branche en clignant des yeux. Le monstre se rapprochait. Bientôt, il put apercevoir sa fourrure métallique et de couleur vive. Un bruit immense commença à se faire entendre. Celui-ci ressemblait à un coup de tonnerre. Le monstre passa en trombe sans s'arrêter et le bruit assourdissant disparu avec lui. Le matou se secoua et sauta dans une petite touffe d'herbe bordant le chemin du tonnerre. De l'autre côté se trouvaient une ferme, puis le territoire des bipèdes. Étoile de sapin inspecta les deux côtés avant d'oser mettre une patte sur la route. Aucun monstre n'était en vue. Donc, il sauta sur la roche noire et ne s'arrêta qu'une fois en sécurité de l'autre côté. Il se jeta dans des fougères. Le grand matou était tapi dans les fougères observant attentivement les alentours. Malgré l'obscurité, il distingua la forme immense et rouge de la grange. Il huma l'air en quête de danger imminent, mais il ne senti rien à part la terre. Il regarda dans les champs, puis vers la maison de bipède la plus proche. Méfiant, il mit une patte puis l'autre hors de son abri de fortune. Aucun signe de menace. Il courut ventre à terre jusqu'à la grange. Il s'aplatit contre celle-ci et resta figé quelques secondes. Puis, il longea la grange vers l'arrière. Un trou dans le bois apparut devant lui. Quelques bouts poils argentés était resté accroché contre les parois. Il renifla en fermant les yeux, mais il était là depuis trop longtemps pour savoir de qui il s'agissait. Il ouvrit les yeux et se glissa dans le trou. Une fois à l'intérieur, il sentit une douce chaleur l'envahir. Il leva le museau en sentant le fumet des souris. Il entendit leurs couinements provenant du foin. Il s'en lécha les babines.

*Je ne dois pas succomber, j'ai d'importantes responsabilités maintenant*

Il fit quelques pas dans la terre sèche. Il remarqua que les chevaux étaient hors de la grange. Le grand matou aperçut la mezzanine. Il se dépêcha d'y grimper. En haut, il aperçut qu'un tas de foin avait été aménagé afin de former un nid confortable.

« Queen ? tu es là ? c'est moi Étoile de sapin. », miaula-t-il, d'une voix rauque. Ces yeux s'illuminèrent et il plongea dans ses pensées. Queen était sa compagne et elle attendait des chatons, non ces chatons. Malgré qu'elle ne voulait pas venir dans la forêt avec lui, il venait chasser pour elle dès qu'il en avait l'occasion. La dernière fois qu'il l'avait vue était quelques jours plutôt. Son ventre était arrondi et étiré au maximum.

*J'espère que rien lui soit arrivé*

Il ronronna à l'idée de boules de poils.

Il secoua la tête et remarqua qu'il n'avait rien entendu à part les souris. Il huma l'air à la recherche de sa trace, mais il ne repéra qu'une odeur éventée. Il repoussa un cri. Aucune réponse. Sa tête tournait et un jet de bile lui monta. Perturbé, il recula en vitesse. Soudain, ces pattes arrières tombèrent dans le vide. Il resta suspendu un moment. Il regarda en bas et aperçut un tas de foin sec. Il le visa et lâcha. Il tomba de la mezzanine et serra les dents en attendant le choc. Il retomba sur ces pattes. Sonné par sa chute, il courut maladroitement vers le trou. Il s'y cogna la tête et y laissa une partie de ces poils. Une fois à l'extérieur, il s'époumona en criant le nom de Queen. Puis, une lumière s'alluma à l'entrée de la maisonnette. La porte s'ouvrit grand, laissant apparaitre un bipède. Il lança un objet en direction d'Étoile de sapin qui le reçut sur l'épaule. Le chat couina de douleur et dérapa dans la terre. Il se dirigea tête baissé vers le chemin du tonnerre. Il traversa une haie et les branches de celui-ci lui claquèrent au museau. Il déboucha sur le chemin du tonnerre. Une lumière l'aveugla et il entendit le rugissement d'un monstre. Il poussa un cri de stupeur et bondit du côté de la forêt. Des images lui hantaient la tête. Il continua de courir jusqu'à ce qu'il trébuche sur une racine. Son museau s'enfonça dans la terre et il roula au sol. Il resta au sol pendant quelques minutes afin de reprendre ces esprits. Il s'obligea à respirer normalement et se concentrer sur son camp. Il se releva tranquillement et recracha de la terre. Il put enfin remarquer où il était. Il était dans la clairière de hautes fougères qu'il avait traversée plutôt. Au milieu de celle-ci se trouvait un rocher pointant vers le ciel. La brume s'était dissipé laissant apparaitre les guerriers de jadis. Étoile de sapin s'approcha du rocher et s'installa au sommet. Il leva le museau vers les étoiles en soupirant.

« Tu crois qu'ils accepteraient votre relation ?, miaula quelqu'un dans son dos. Le matou sursauta, mais continua de fixer la trainée d'étoile. La voix continua :

- Tu es le chef du Clan du Tonnerre et elle est une chatte domestique...

- On commet tous des erreurs ... », dit-il en se tournant vers son lieutenant.

Celle-ci se raidit en montrant les crocs. Elle avança et s'installa à son tour sur la surface lisse.

- J'imagine..., grinça Lune bleue. Étoile de sapin l'a fixa dans les yeux en secouant la tête.

- Lune bleue ! Ne crois-tu pas que je n'ai pas remarqué votre manège à toi et mon frère ? Lune bleue écartela les yeux, puis elle se mit à trembler.

- Je... je... on ne se fréquente plus!!!, gronda-t-elle, je voulais suivre notre vrai chemin...

- Peut-être, mais il est trop tard..., miaula Étoile de Sapin en frottant le ventre de Lune bleue. La chatte grise foncé sursauta de nouveau.

- Comment ... comment l'as-tu su ?, bégaya-t-elle, les yeux emplis de tristesse. Le matou gloussa faiblement.

- Ça commence à se voir...», dit-il. Lune bleue le fixa en silence, le malheur et le désespoir dans ces yeux bleus. Étoile de sapin leva la tête vers les étoiles. Des questions lui passaient par la tête, mais il resta silencieux. Malgré son inquiétude, il se promit qu'il allait rester et s'occuper de son clan. Une étoile brilla de mille feux.

*Et moi? Devrais-je oublier Queen, afin de mieux diriger mon clan? ... mais comment ?! Clan des Étoiles, aidez-moi!*



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