Avant-goût

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Il était une fois, une petite fille qui essayait de trouver sa place parmi les grandes personnes. Elle déambulait dans ce monde de grands, partagée entre l'envie d'en faire partie et l'envie de s'en échapper.

Elle aurait tant aimé que son père lui dise "je t'aime", qu'il l'a prenne dans ses bras, lui dise qu'elle est belle et la couvre de bisous. Elle aurait tant aimé être spéciale aux yeux de son père, n'être que l'unique, sa fille adorée, sa passion. Elle aurait tant aimé lire cet amour qui lui manquait tant, cette fierté dans les yeux de ses parents, de cette lueur qui n'appartient qu'aux "papa" et aux "maman" qui ont le cœur gonflé de cette fierté d'être parents.

Elle aurait aimé lire dans les yeux de ses parents qu'elle était à sa place, qu'elle les rendait heureux, qu'elle leur était précieuse. Mais elle comprit très tôt qu'entre ses désirs et la réalité, il y a un gouffre que ne peuvent traverser l'indifférence et la froideur.
Elle se réfugiait dans un monde bien à elle, entourée de ces poupées pour qui elle était une mère aimante et protectrice, actrice d'une vie qui la satisfaisait si ce n'est pleinement, en tout cas, artificiellement. Elle se sentait si brimée, si délaissée, si assoiffée de cet amour qu'on lui refusait.

Elle se sentait VIDE.

Alors, elle commença à se remplir. Et puisqu'elle ne trouvait pas l'amour dont elle avait besoin, elle se remplissait de nourriture. Encore et encore. Se forger une carapace bien épaisse afin de se protéger, s'envelopper d'une illusion d'attentions, tel était son but. Un véritable appel au secours ou une stratégie de défense ? Nul ne saurait le dire. Mais l'effet escompté n'était pas au rendez-vous. Les brimades remplacèrent l'indifférence, les surnoms vexants prirent le pas sur tout le reste.
Et la petite fille souffrait, et plus elle souffrait, plus elle mangeait. Plus elle mangeait, plus elle souffrait. Plus elle souffrait, plus les brimades se faisaient dures.

Elle grandissait dans cette atmosphère froide, sans une once de douceur, sans geste de tendresse, sans mot d'amour. Un mode où elle avait l'impression d'être "trop". Trop voyante, trop grande, trop bruyante, trop présente, trop vivante. Son frère, lui avait toute l'attention de ses parents, comme le messie que l'on attendait, comme un cadeau de la vie qu'elle n'était pas. Oh, elle ne lui en voulait pas, il n'était pas coupable, c'est elle qui l'était, elle était coupable d'être née.

Un jour, elle devint "femme" et même cette perspective lui procura une frayeur sans nom, comme un prétexte de plus à brimade. Mais elle passa le cap, bon gré, mal gré. Et les pertes de ce sang inutile devinrent effrayantes, comme quelque chose que le corps rejetait, comme si la jeune fille qu'elle devenait refusait de prendre sa place. Comme un rejet de tout, même de sa propre existence.
Elle vécu ses années là sans une complicité salvatrice avec sa mère et avec un rejet de son père de tout ce qui marquait sa féminité. C'est ainsi que le premier trait de crayon sous les yeux lui valu le doux sobriquet de la "pute".

Et un jour, un repas de famille, un "oncle" plus gentil que tout le monde, plus attentionné, montra à la jeune fille un peu de cette tendresse qui lui manquait tant, un peu de cette attention qu'elle a toujours cherchée sans la trouver. Il lui consacra plus de gestes câlins et d'attentions appuyées qu'à toute autre personne. Il était aimant, lui parlait tendrement, ne regardait qu'elle. Et elle, si avide d'amour, si affamée de tendresse, si assoiffée de reconnaissance, elle prenait ces gestes pour le cadeau que ses parents n'ont jamais pu lui faire.

Que pouvait-elle imaginer d'autre ? Pouvait-elle voir le mal dans ce bien-être soudain ? Comment douter d'un adulte, membre de la famille ?
Quand les gestes devinrent plus appuyés, quand les paroles prirent un sens qu'elle ne comprenait plus, des questions se posèrent. Mais qui lui donnerait les réponses ? A qui pouvait-elle en parler ? Ses parents l'auraient très certainement "grondée" pour avoir des pensées aussi "sales". Alors, elle se tu. Elle supportait le poids de son corps, ses étreintes, les signes évidents de sa virilité en exergue qu'elle ne pouvait comprendre à l'époque. Mais ce devait être bien, puisqu'il était adulte, qu'il était de sa famille.

A chaque rencontre, les scènes se rejouaient. Lui plus qu'entreprenant, elle que la peur rendait docile et muette. Cela dura des semaines, des mois, des années. Elle était tiraillée entre le sentiment de faire de mauvaises choses et celui d'avoir enfin sa part d'amour.
Se sentir aimée, n'était-ce pas un sentiment grisant ?

Puis les premiers flirts vinrent pimenter sa vie. Les premiers chagrins d'amour aussi. Ceux qui brisaient le cœur et qui faisaient couler les yeux. Sa mère, pour tout réconfort, criait sur la jeune fille de ne pas pleurer pour un garçon "Un de perdu, dix de retrouvé !" disait-elle dans ces moments là.

Puis vint sa rencontre avec un dénommé Elio, un jeune garçon
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Heyy guysss
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J'espère que cet avant-goût vous a un peu éclairé sur le passé de notre héroïne.
Le premier chapitre arrivera dans la semaine 😄

en attendant :

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