Prophétie

Chapitre 1: Enjola

Enjola, que l'on pouvait qualifier de Déesse de la Terre, de part ses fabuleux pouvoirs et sa capacité à maîtriser chaque infime élément composant notre planète, marchait sans un seul grincement sur le plancher en bois de son palais de glace. Ses cheveux aussi blancs que la soie étaient éclairés par de fins rayons de lumières qui traversaient la pièce de toutes parts lui donnant un air divin. Ses yeux bleus ciels accompagnés de son allure digne de son rang, hypnotisaient chaque mortel croisant son chemin. Enjola portait une robe en accord avec ses cheveux, parsemée de fleurs plus brillantes les unes que les autres. De minuscules pépites d'or étaient incrustées sur le col recouvrant le délicat cou de cette Déesse. Ses manches recouvraient ses longs bras et laissaient juste assez d'espace pour faire ressortir ses mains. Elle aimait le matin regarder à travers le verre de sa fenêtre, le paysage qui l'entourait. Ce jour-là, elle attendait avec impatience l'arrivée d'une personne importante. Enjola décida alors de s'installer sur son fauteuil de glace mais elle n'en eut pas le temps, deux coups sur sa majestueuse porte en chêne brut résonnèrent dans la pièce. Elle se dirigea vers celle-ci en volant au-dessus du sol.
"Que celui qui ose se présenter à moi prononce le mot permettant de me
montrer son dévouement envers moi, ordonna la Déesse.
- Saphir", s'exécuta une voix grave.

Les portes s'ouvrirent sous l'action magique d'Enjola et l'homme vêtu de noir entra:
"Heureux de vous revoir jeune dame, s'exclama l'étranger en se prosternant devant la belle déesse.
-C'est réciproque mon cher ami mais avez-vous le petit?
-Oui. J'ai malheureusement mis plus de temps que prévu. J'ai été contraint de retarder l'heure de mon départ à cause des intempéries. Je vous présente mes plus sincères excuses.
-Assez parlé. Donne le moi, Puria. "

Il lui tendit le poupon avec la plus grande délicatesse. Elle le prit avec une telle tendresse que l'on pourrait comparer à celle d'une mère. Le petit se laissa transporter dans son drap rose sans émettre le moindre pleure. Il ne dépassait pas les un mois. Saphir, tel était son nom,  ne pouvait pas savoir que le futur de ce monde si avide de pouvoir reposait entre ses frêles mains d'enfants. Ses yeux étaient couleur or ce qui était le symbole chez les dieux d'une âme pure et d'une grande puissance, indéniable. Ses cheveux noirs faisaient le contour de son visage.

"Charmante dame, puis-je vous poser une question?
-Posez la moi je vous prie, répondit chaleureusement Enjola tout en continuant d'arracher des sourires en coin au nourrisson.
-Que comptez- vous faire de ce petit? Il est d'une valeur inestimable aux yeux de tous.
-Pour qu'il puisse détruire les ennemis, cela nécessite qu'il descende sur Terre. J'ai choisi parmi les mortels une famille digne de lui. Ils habitent un petit hameau, dans un simple village de paysan, hors de portée des intrus. Ils n'ont malheureusement pas la capacité d'avoir des enfants, c'est un affront que je peux régler en leur offrant cet être exceptionnel qui leur apportera la chaleur si rassurante d'un véritable foyer. Leurs cœurs sont remplis de générosité et d'envie de pouponner. Ils sauront faire face aux fabuleux pouvoirs de Saphir. Je l'enverrai dès demain matin, répondit Enjola d'un air détaché.
-Très bien... Mais il y a de ça 1 an, vous m'aviez informé qu'il y aurait trois élus. Où sont à présent les deux autres? se demanda alors l'homme mystérieux.
-Ils sont eux aussi dans une famille. Ils ne sont pas immortels contrairement à Saphir mais ils ont aussi une grande puissance qu'ils apprendront à maîtriser.  Ils s'appellent Era et Lawn et ont le même âge que notre petit protégé. Quand l'heure sera venue pour eux de combattre et de connaître leur véritable rôle et identité dans la prophétie, nous convoquerons les trois élus en ce lieu même. Puis nous les renverrons sur Terre.
-Lorsque le moment fatidique sera venu, je serai là, prêt à vous aider, déclara Puria.
-Je te remercie pour ta loyauté. Tu peux désormais retourner chez toi, tu as accompli ta mission. Que mes pensées t'accompagnent.", conclut la svelte femme.

Après un bref salut, il se dirigea vers l'entrée. Lorsqu'il fut parti, Enjola tourna son regard vers le petit qui n'avait pas bougé un cil depuis son arrivée au palais. Elle le transporta jusque dans sa chambre en empruntant ses escaliers de verre. Sa chambre avait pour seul décoration son grand lit et un majestueux miroir. Avant son arrivée, elle avait fait fabriquer, par les plus grand ébénistes, un berceau digne d'un roi . Au fond,  on trouvait un matelas remplit de plumes de geai pour le rendre plus confortable et plus doux. Enjola y déposa le poupon qui lui offrit son plus beau sourire. La jeune femme aux yeux bleus n'arrivait pas à détacher son regard de ce petit être tout frêle. Elle décida d'allumer un feu pour ne pas qu'il prenne froid. Elle se dirigea donc vers sa grande cheminée puis elle exécuta un arc de cercle avec sa main et le feu se matérialisa à l'intérieur. Le bambin la regarda faire avec des yeux émerveillés. La Déesse s'installa  devant et attendit que Saphir décide enfin de fermer les yeux avant de sombrer elle- même dans le sommeil.

Le lendemain matin, elle se réveilla avant l'aube. Elle marcha jusqu'au berceau où le petit, lui, dormait profondément. Elle pouvait voir de ci de là le poupon agiter ses bras. Elle se pencha au-dessus de lui et lui déposa un doux baiser sur son front tout en lui murmurant; quoi que tu fasses, quoi que tu dises, je serai là pour te protéger et te soutenir. Elle voulut se retourner mais un petit cri la fit sursauter. Saphir s'était réveillé, il cherchait désespérément à manger. Malheureusement, elle n'avait plus de lait maternel depuis la disparition de son premier enfant. Elle le prit dans ses bras et alla s'installer sur une chaise en or. Enjola fit apparaître dans sa main droite un petit biberon remplit de bon lait chaud. On pouvait voir de petites bulles créées par la chaleur à l'intérieur. Elle le fit glisser délicatement dans la bouche du petit qui s'empressa de le boire. Saphir se dépêcha de le finir. La Déesse l'emmena dans son bain et le lava avec un savon à la rose, puis elle le vêtit d'habits aussi blancs que ses cheveux. La belle femme le transporta dans son berceau et alla voir l'heure. Il était exactement midi. Elle alla donc chercher le petit être et l'amena sur une table en verre. Avant de prononcer les incantations, elle déposa un dernier baiser sur sa joue et lui dit: Accomplie ta destinée. Puis elle ferma les yeux et prononça lentement ces paroles: santa da liamoun. Le bambin disparut et elle se retrouva seule dans son palais.