Ne me laisse pas leur faire du mal

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J'étais assis sur le sofa du salon, regardant dans le vide. La police discutait avec mes parents. Ma mère avait tout de suite compris que je n'avais pas envie de parler aux policiers, même si elle n'avait aucune idée de qui était Mark. Un enquêteur s'agenouilla devant moi. Je ne le regardai même pas.

— Garçon, je sais que c'est difficile pour toi, mais j'ai seulement besoin d'une information. Quel est son nom?

— Mark, murmurai-je

Je le revis en train de m'embrasser dans la douche, dans son lit, et dans le mien. Son toucher qui me faisait frissonner, son regard sombre et séduisant, sa voix qui me rendait fou... Son rire aigu que j'avais entendu la première fois lorsqu'il avait renversé de l'eau sur moi par accident. Il m'écoutait toujours avec ce sourire en coin, comme s'il se forçait à ne pas sourire plus mais qu'il ne pouvait pas s'en empêcher. Je me souviens de sa manière délicate de me laver, et son regard inquiet qu'il avait lorsqu'il examinait mes blessures. Je m'étais attaché à lui d'une manière que certains diraient de répréhensible, mais je n'avais pas pu empêcher le cours des choses. Oui, il m'arrivait de me dire que les choses auraient pu être différentes si on ne m'avait pas forcé à ne voir que lui pendant près d'un mois et oui, il m'arrivait de penser qu'il ne serait rien arrivé si ce n'était pas du sexe. Mais maintenant, il est trop tard. Je me suis attaché, je l'ai aimé, je l'ai désiré, et on me l'a enlevé. On m'a même envoyer sa tête en cadeau pour me rappeler que notre histoire était loin d'un conte de fée. La réalité m'a frappé de plein fouet. J'étais amoureux d'un mec qui avait comme tâche de me tuer. Je ne savais même pas s'il m'avait aimé. Je ne savais même pas s'il aurait voulu garder contacte si tout se serait bien passé. Peut-être que pour lui, ce n'était qu'un jeu, un contrat comme les autres où il prenait plaisir à coucher avec ses victimes, rire avec eux, les laver, et presque les laisser libre... Non, il m'aimait. Ou du moins, il y avait quelque chose entre nous. Je devais m'accrocher à ce souvenir de lui, sinon, je savais que j'allais devenir fou.

— Garçon? me dit l'enquêteur.

Je clignai des yeux plusieurs fois et reportai mon attention sur lui.

— Pourrais-tu me donner son nom de famille?

— J'sais pas... J'ai rencontré sur le net, mentis-je.

Sur le coup, je n'avais même pas réfléchi à savoir si j'avais une raison de mentir ou non. La vérité était juste trop difficile à dire pour l'instant.

— Ça fait longtemps que tu le connais? Pourquoi est-ce qu'on aurait envoyé ce colis chez toi?

— J'sais pas, marmonnai-je en soupirant. Je sais pas, okay? J'ai pas la tête à parler de tout ça.

— Je comprends. Voici ma carte d'affaire. Appelle-moi quand tu te sentiras prêt.

Je pris sa carte sans trop la regarder et la déposai sur la table basse. L'enquêteur se releva et alla rejoindre ses collègues.

Ma mère vint s'asseoir à côté de moi. Comme elle savait déjà comment je me sentais et qu'elle savait que je ne voulais pas parler, elle me prit simplement la main sans rien dire. J'étais content qu'elle soit là.

Je me réveillai presqu'à midi le lendemain. J'étais soulagé que ma mère m'aille laissé dormir. Je n'avais presque pas dormi de la nuit. Quand j'arrivais à m'endormir, j'avais des cauchemars étranges de Mark qui se faisait tuer, ou de Mark qui me tuait. Je portais toujours les vêtements de la veille. Comme j'étais trop crevé pour me changer, je descendis directement à la cuisine en espérant y trouver ma mère. Juste sa présence m'apaiserait. Cependant, je vis quelqu'un d'autre lorsque j'arrivai en bas. Dans le salon, il y avait mon père et ma mère sur un sofa, et mon frère assis dans un fauteuil. Je n'arrivais pas à croire que c'était maintenant qu'il avait décidé de revenir. J'avais tenté de le rejoindre une centaine de fois pour qu'il paie son dealer au plus vite, mais il n'avait jamais retourné mes appels. À cause de lui, Mark était mort. À cause de lui, je m'étais fait kidnappé. À cause de lui, ma mère s'était inquiétée. Tout était de sa faute. Il se leva dès qu'il me vit. Il s'approcha de moi et me prit délicatement par les épaules.

Ne me laisse pas leur faire du malWhere stories live. Discover now