Quand j'étais petite, je n'avais pas compris ce qui s'était passé. Je n'avais peut-être pas saisi l'ampleur de la situation, mais ce moment s'était inscrit dans ma mémoire comme le pire jour de ma vie. La mort de ma mère.
Je la regardais prendre une énième fois une injection de ce liquide dont elle ne pouvait s'en passer. Je ne savais pas ce que c'était et lorsque je le lui demandais, elle me répondait que c'était son médicament magique pour se sentir mieux. Il avait beau être magique à ses yeux, moi, je le détestais.
La seringue s'insinua dans son bras bander par un élastique, qu'elle serrait a l'aide de ses dents. Maman appuya et le liquide rentra dans son bras. Quelques seconds plu tard en sourire fendit son visage et elle poussa un soupir d'extase. Au moment où ses yeux partirent dans la vague, je savais que j'avais perdu ma mère. Elle avait été remplacer par une poupée. Une copie d'elle qui semblait heureuse, mais qui ne l'était quand façade.
Je partis et laissai la poupée seule. Lorsque je revins, ma mère avait disparu, la poupée aussi. Il ne resta plus que le cadavre. Allonger sur le sol de la salle de bain, inerte. Je m'assis à ses pieds et la couvris à l'aide du foulard qui me servait de doudou, persuadais qu'elle ne faisait que dormir un peu. Ma naïveté d'enfant parvint à me convaincre qu'elle se réveillerait, mais plus le temps passer plus cette conviction s'amoindrissait. Elle ne tint plus lorsque mon père revint et que l'ambulance amena ma mère.
Je me souviens encore, de l'expression de rage de mon père et du regard compatissant des ambulanciers.
Je me souviens encore, que le matin suivant, mon père avait rangé la salle de bains et enlevé tout objet appartenant à maman. Comme si rien ne s'était passé ou que maman n'était pas morte, mais n'avait tout simplement jamais existé.
Je me souviens encore qu'à partir de ce jour, mon père ne fut plus jamais mon papa, mais un inconnu au regard de marbre et au poing constamment levé près a frapper.
