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05 - Et la fille sur la photo ?

Texte écrit par Alexis Hayden & Pierre-Lionel Cayla - (Les cinq premiers chapitres). 

À peine rentré chez lui, Evan avait appelé Alex. En vain : il était toujours injoignable. Il avait alors laissé un long message sur son répondeur. Sans plus de résultat qu'auparavant.

« Alex je suis désolé. Je suis maladroit parfois, je voulais juste plaisanter. Que tu aies une copine ou non, je m'en fiche complètement... En fait, non... Je m'en fiche pas du tout. Je croyais qu'on était ami. Deux amis devraient pouvoir tout se dire, non ? Et tu te trompes, j'aime discuter. Surtout avec toi. Avant de te rencontrer, je ne m'ennuyais pas, je pensais même aimer la solitude... Mais aujourd'hui, il me manque quelque chose. Ce quelque chose, c'est ta présence, ton amitié. C'est difficile à expliquer, surtout comme ça, au répondeur... J'espère que tu me donneras une seconde chance, que tu accepteras de m'écouter. Ce que tu as vu aujourd'hui était stupide. Je t'expliquerai.

Voilà, c'est tout. »

Quand Alex avait entendu ce message il l'avait écouté et réécouté en boucle toute la soirée en pleurant. Ce n'est que bien plus tard qu'il s'était décidé à appeler Evan.

L'échange avais été bref :

— Tu fais quoi ce week-end ? avait-il demandé à Evan, sans préambule.

— Rien.

— Ça te dirait de venir chez moi ?

— Le week-end, c'est dans deux jours... J'espérais te revoir avant.

— Quand ?

— Le plus tôt possible. Demain après-midi par exemple.

— D'accord.

Le lendemain, après les cours, c'était Alex qui rejoignait Evan chez lui. Il aurait préféré le contraire, mais Evan avait été convaincant : sa mère ne serait pas présente, ils auraient tout l'après-midi pour s'expliquer calmement. Et il avait eu raison. Tous les deux étaient inquiets, aucun ne s'était imaginé capable de s'embrouiller à ce point.

La poignée de main avait été brève et le Bonjour hésitant. Puis après un silence gêné :

— Je suis désolé, s'était de nouveau excusé Evan, je n'avais pas l'intention d'être désagréable...

— Je sais que tu ne l'étais pas. Je me suis vexé pour rien et dans ces cas-là, je deviens très vite désagréable.

— Alors disons que nous avons été maladroits tous les deux.

Nouveau silence avant qu'Evan reprenne :

— Ce que je t'ai dit au téléphone, je le pense vraiment. Si nous sommes amis, de vrais amis, nous devons être capables de tout nous dire, en toute confiance. Je veux dire sans craindre d'être trahi. Tu comprends ?

— Oui. J'ai compris. J'ai confiance en toi et je souhaite en être digne.

— Tu es prêt à écouter tout ce que j'ai à te dire ?

— Non, je ne suis pas prêt, répondit Alex, mais on va faire comme si je l'étais. Laisse-moi parler d'abord, car je te dois des excuses, moi aussi. En fait, je n'ai pas de copine.

— Et la fille sur la photo ?

— C'est une amie, qui a accepté de sortir avec moi pour faire taire les rumeurs.

— Quelles rumeurs ? avait demandé Evan ?

— Si nous étions dans le même lycée, tu saurais que j'ai mauvaise réputation.