Broken

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Elle m'a laissé seul dans la salle de bain pour que je puisse me laver. Je suis si sale dans une pièce si bien entretenue et surtout si moderne. Un mur complet est vitré et je peux enfin découvrir l'endroit où je suis. Je suis très haut, probablement au dernier étage d'un des plus gars buildings dans les environs. Par contre, je ne pourrais dire dans quelle ville je me trouve. Los Angeles, New York, peut-être même au Canada à Toronto ou à Montréal. Il y a tellement pleins de possibilités. Je détourne le regard du mur vitré et me concentre sur le reste de la pièce. La fille m'a laissé une serviette, des vêtements propres, du déodorant, une brosse à dent, du dentifrice, du shampoing et bien sûr du savon.

J'entreprend de me laver les dents. Je les sens si poisseuses que je me lave les dents pendant ce qui me semble une éternité. Je ne sais quand serait la prochaine fois que je pourrais avoir ce luxe. J'aperçois mon reflet dans le miroir et je m'éternise à contempler mon visage. Mes joues sont creuses, mes yeux sont dépourvus d'émotions. Mes cheveux bruns se sont noircis tellement il y a du sang dans ceux-ci. J'ai perdu la majorité de mes muscles. J'ai dû perdre minimum 10 kilos depuis que je suis enfermé. Je ne me ressemble plus, je ne suis plus du tout le même garçon qu'auparavant. J'ai oublié c'était quoi sourire, c'était quoi rire. J'ai oublié le sentiment d'avoir assez manger ou assez dormi. J'ai oublié c'était quoi de ressentir aucune douleur.

Je me précipite dans la douche avant que je finisse par à voir peur de mon propre reflet. L'effet de l'eau chaude sur ma peau me rend joyeux. Ça faisait si longtemps que j'avais froid. Je me penche vers le sol. L'eau est brune de saleté et de sang séché. Ça m'hypnotise.

Quand je sors de la douche, je me sens à nouveau vivant. J'ai l'impression d'avoir trouvé en quelque sorte ma dignité.

-As-tu fini? Me demande la fille en cognant à la porte.

Je murmure un oui. C'est la première fois que je parle depuis que je suis ici. Je n'ai jamais crié, je n'ai jamais imploré quoi que ce soit. Ma voix est rauque, enroué et incertaine. Comme si j'allais me mettre à pleurer dans les secondes qui suivent.

La fille entre, me regarde de haut en bas et sourit. Elle s'approche de moi lentement. Elle n'est qu'à maintenant un mètre, peut-être moins. Mes muscles se contractent.

-Qui es-tu? Chuchotai-je en prenant le soin de bien articuler chaque syllabe.

-Je te l'ai déjà dit plusieurs fois Thomas. Je suis Madison.

Elle s'avance d'avantage.

-Qu'est-ce qui ne va pas? Me questionne-t-elle.

Elle me prend la main et la serre fort. Pas assez pour me faire mal, son geste avait pour but de me réconforter. Je cesse de respirer. Je commence avoir énormément chaud.

-Suis-je fou?

-Je ne crois pas, dit-elle avec simplicité.

-Suis-je fou de vouloir faire ça?

Elle fronce les sourcils, me regarde avec un air inquisiteur. Pour appuyer mes paroles, je l'embrasse doucement. Au début, elle ne bouge pas, ne répond pas à mon baiser et je vais pour me décoller croyant recevoir une gifle, mais elle m'attire vers elle. Ses doigts s'entremêlent dans mes cheveux, mes mains sont sur ses hanches. Je m'embrase.

-Qu'est-ce que j'ai fais, chuchotai-je contre ses lèvres.

Elle se retire tout d'un coup de moi, me regarde de ses yeux froids. Madison me prend le mouton de ses doigts élancés. Ce n'est pas une poigne délicate, elle se veut puissante et forte.

-Ce que tu as fait ne changera rien, dit-elle en me poussant hors de la pièce.

Je me retrouve quelques minutes plus tard dans la même pièce, couché sur le sol froid. Je fixe le plafond. Pourquoi ai-je embrassé mon agresseur?