Mandy (en Français)

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Un bel homme, bien habillé, à l'aspect aimable et serein, entre dans l'hôtel et se dirige vers la réception.

Même s'il est très tard, le directeur de l'hôtel adore ce type de client, il l'accepterait à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Est-il possible de mal traiter un riche homme d'affaires qui va laisser de gros pourboires au personnel ?

- Je m'appelle Robert Mayers. Ma chambre est la 427.

- 427 ?

- Vous avez bien entendu.

Le directeur examine la liste des réservations :

- Mais oui, voici la clé monsieur Mayers. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas...

- Je n'y manquerai pas !

Et il laisse un billet en évidence sur le comptoir.

- Merci d'avoir choisi notre hôtel, monsieur Mayers !

Robert Mayers sourit d'une façon digne d'une star d'Hollywood, s'éloigne avec toujours autant de charme et entre dans l'ascenseur qui l'emporte doucement vers les étages supérieurs. Après le signal auditif, une légère stridulation, les portes de l'ascenseur s'ouvrent rapidement et silencieusement, laissant apparaître un homme complètement différent : c'est comme si, dans ce bref intervalle de temps, un démon avait corrompu son âme. En réalité, c'est seulement à cet instant qu'il peut cesser ces simagrées et que son regard peut redevenir comme il est d'habitude : épouvantablement glacial.

Sans hésitation, il ouvre la porte de la chambre 427 sans allumer la lumière car il préfère la pénombre et la lueur des enseignes lumineuses de la rue est plus que suffisante pour lui permettre d'observer la chambre, d'ouvrir sa valise noire et de monter rapidement avec habileté un trépied et un fusil équipé d'un silencieux.

De la chambre 427, il a une excellente vue pour tirer sans être remarqué. Il a tout préparé avec précision. Après une minute d'attente, la victime désignée arrive à l'hôtel d'en face où elle a réservé une chambre.

Cela fait trois jours qu'il surveille cet homme, allant même jusqu'à voyager sur le même avion. Jusqu'à présent, tout a fonctionné comme sur des roulettes, il a seulement à viser et à appuyer sur la détente, la partie du travail la plus facile pour John Kill, comme on l'appelle dans le milieu. Un diminutif qui lui va comme un gant, plus que tout autre surnom. Avec le métier qu'il fait, il ne lui est pas permis d'avoir une identité précise, il doit toujours être prêt à s'adapter à toute éventualité et à s'évanouir comme s'il n'avait jamais existé.

La seule faute de la victime de John est d'être un juge qui veut faire le ménage dans le monde de la mafia.

John n'est pas un mafieux, c'est seulement un tueur. Il aime se définir comme un professionnel de la mort indépendant. Il n'en fait pas une question personnelle, non, cela ne le sera jamais, dans ce cas précis John serait même bien content si le juge réussissait à faire disparaître la mafia. Il déteste les mafieux, leur argot improbable, leurs rituels hypocrites. Chaque fois qu'ils lui confient un contrat, il doit subir l'habituel cirque du Parrain, le chef du clan. Des choses du type :

- John, pourquoi ne travailles-tu pas avec nous, avec la Famille ? Tu es brave, je te ferais devenir mon bras droit. Tu comprends John ? Je suis vieux, et toi tu es plein de ressources !

Discours suivi de trois petites chiquenaudes sur ses joues même s'il n'est plus un gamin. Un homme aussi menaçant que John n'a pas le choix et doit se soumettre à ce rituel, surtout de la part du Parrain, s'il ne veut pas perdre simultanément le nouveau contrat qu'il lui propose et la vie, criblé de balles. La prochaine fois que ce vieux grassouillet lui refait ça, John ne sait pas s'il pourra résister à la tentation de le frapper en pleine figure ! Le cher Parrain ne lui plait pas parce qu'il sait que derrière cette bonhommie se cache un monstre capable de mettre au point les plus cruelles vengeances.