Briser la glace.

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Aujourd'hui nous sommes dimanche et mes parents tenaient absolument à ce que je les accompagne pour faire le tour des environs. C'est alors avec joie que je les suis là où je me tenais hier soir. Tout est si différent le jour, c'est comme si on voyait la ville sous un autre angle.

-Regarde ma chère, s'exclame tout à coup ma mère, c'est ici que tu vas faire ton année scolaire.

C'est immense, si bien que je n'arrive pas à tout voir de là où je me tiens. Qu'est-ce que ça doit être à l'intérieur. Nous continuons notre balade en passant devant la banque de mon père, le lycée de ma mère et enfin les petites rues mignonnes regorgeantes de choses fabuleuses et dont tout le monde ne prête pas la moindre attention. Il est maintenant trois heures et mes parents décident de prendre congés.

-Tu peux rester en ville, rejoins nous tout de même avant six heures.

-D'accord maman, je serais à l'heure !

Je continue alors seule mon tour de ville, refais quelques achats et me dirige vers un café pour prendre ma pause « goûter ». Lorsque je pousse la porte, je percute malencontreusement quelqu'un qui venait dans le sens inverse, et lui fait tomber ses lunettes. Seulement dans la précipitation, il se trouve que je pose le pied en plein dedans ce qui me vaut le magnifique craquement du verre et des branches, compressés entre ma chaussure et le bitume.

-Je suis vraiment désolée, qu'est-ce que je peux être maladroite.

Il me dévisage un instant, c'est un garçon de mon âge, brun, les cheveux courts coiffés avec du gel, ses yeux sont de couleur marron, il me dépasse d'une tête, ce qui est assez impressionnant. Il porte une chemise bleu ciel avec un nœud papillon noir, un pantalon en toile beige ainsi que des Adidas blanches et vertes.

-Ce n'est rien, me dit-il avec un large sourire, il fallait que j'aille les faire resserrer avant d'avoir un accident mais maintenant que c'est chose faite, ça me rend la tâche plus rapide.

-Je compte payer la réparation.

Il hausse les sourcils, surpris, mais ne répond rien. Je vais devoir dire au revoir à mon café vu combien ça va me coûter cette foutue réparation. Il me guide alors jusque devant une lunetterie et je me dirige vers la réception pour leur expliquer le problème.

-Nous allons voir ce que nous pouvons faire, dit la jeune femme derrière le comptoir, vous pouvez attendre sur les tabourets en attendant.

Je la remercie et nous nous installons à l'endroit qu'elle nous avait conseillé.

-Sachant que ça va durer un petit moment, on ferait bien de faire un peu connaissance, me dit-il toujours avec son sourire.

Je suis un peu étonnée par sa demande mais ça ne me dérange pas, après tout je lui dois bien ça.

-Je m'appelle Miranda et j'ai dix-sept ans.

-Je m'appelle Jake et j'ai le même âge que toi.

-Vraiment ? Tu fais plus âgé.

-Beaucoup de personnes me le disent, peut-être est-ce à cause de ce que je porte pour le travail.

-Tu travailles ?

-Oui à mi-temps depuis que j'ai seize ans, j'ai un revenu qui est assez confortable pour quelqu'un de mon âge.

Je hoche la tête car je suis absorbée par ce qu'il disait.

-Et toi ? Tu fais quoi dans la vie ?

-Je suis une jeune étudiante, qui migre beaucoup d'un pays à l'autre.

-Tu viens d'où ?

-Je suis française, mais j'ai beaucoup voyagé alors je parle beaucoup de langue.

-Maintenant que tu le dis, je comprends ton léger accent.

-On me le dit aussi, dis-je en repensant à l'inconnu d'hier soir.

Une dame s'avance alors vers nous avec un joli sourire ainsi qu'avec, à ma plus grande joie, la paire de lunettes de Jake.

-Voilà, elles sont comme neuves.

-Merci beaucoup, dit le jeune homme en s'emparant de son bien, je n'ai jamais été aussi bien avec.

-Combien coûte la réparation, je demande ?

-Il n'y a pas de frais, l'assurance prend tout en charge.

Je suis surprise, je me tourne vers Jake mais je m'aperçois qu'il me regarde avec un petit sourire en coin, signe qu'il était au courant. Je range alors mon porte-feuille que j'avais commencé à sortir et après avoir saluer la jeune femme, nous nous rendons à l'extérieur de la boutique.

-Alors comme ça, tu savais qu'il n'y avait pas de frais sur la réparation.

-Oui, mais tu étais si déterminée, que je n'ai pas pu m'empêcher de te laisser faire, et puis il faut dire qu'au moins j'ai pu avoir l'immense honneur de faire ta connaissance.

-Je vois, et bien il faut dire que ta petite ruse a bien fonctionné.

-Une dernière chose, tu fais ta rentrée dans quel établissement ?

-Je la fais à Eagle Rock High School.

-Nous serons dans le même alors, on se voit demain ?

-Pas de problème, tu es dans quel cursus ?

-Les lettres et toi ?

-Idem, bon je dois te laisser, dis-je en jetant un coup d'œil à la montre qui me montrait six heures moins dix, à demain, fais-je en le saluant.

-À demain.

Et je pars rejoindre la maison. Lorsque je rentre, une douce odeur sort de l'habitacle et je reconnais les divines crêpes maisons de ma mère.

-J'ai hâte de les manger, fais-je en me postant derrière elle.

-Pas touche avant le dessert.

-Nous verrons bien qui seras le premier à y goûter, s'écrie mon père depuis le garage.

-Au lieu de mettre les mains dans la cambouille, viens plutôt les mettre à la pâte, feule ma mère à l'intention de mon père !

Nous l'entendons soupirer et ma mère lève les yeux aux ciels avant de retourner son attention sur les crêpes. Parfois je me demande comment ils se sont rencontrés, ils ne se ressemblent pas beaucoup, je veux dire ma mère est calme et passionnée de livres et d'écriture tandis que mon père est un bon vivant, il aime la moto et veut souvent bouger. Peut-être que c'est ce qui risque de m'arriver un jour.

Vacances CharnellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant